Promenade nocturne

La nuit était tombée depuis quelques heures sur la Cité d'Eel.
Les habitants du refuge étaient tous rentrés chez eux et les gardiens se trouvaient dans leurs chambres.
Nyrnëa sortit discrètement de la sienne et marcha à pas de louve dans le corridor des gardes seulement éclairé par la lueur des lampes accrochées au mur.
L'Ombre arriva à la Salle des Portes puis sortit dans les jardins du Q.G.
La jeune femme s'était soigneusement vêtue et maquillée.
Elle voulait être belle aux yeux de son compagnon qui lui avait donné rendez-vous pour une promenade nocturne au sein des jardins de la cité .
Lorsqu'elle l'eut rejoint, celui-ci sourit et lui prit le bras puis ils marchèrent à travers les allées fleuries.
Bien qu'elle avait vu les jardins de nombreuses fois de jour comme de nuit, Nyrnëa trouva qu'ils étaient plus beaux que d'habitude cette nuit-là.

Une lecture interrompue

De ses doigts fins, les pages défilaient sous son regard clair. Lorsqu'elle lisait, elle avait toujours se regard concentré et une ride naissant sur son front.
Assise sur l'une des nombreuses chaises de la bibliothèque, Godiee avait trouvé refuge dans un livre retraçant les plus grandes légendes d'Eldarya. Il s'agissait d'un des nouveaux ouvrages reçu par Kero et la Yuki-onna s'était jetée dessus. Plus rien autour d'elle n'avait de l'importance, elle était plongée dans sa lecture et rien ni personne ne la détournait du petit trésors qui se trouvait entre ses mains.

Enfin tout sauf lui...

Godiee ne l'avait pas entendu rentrer dans la pièce, mais lorsque sa silhouette rentra dans son champ de vision elle sut que sa lecture était terminée.
Elle était hypnotisée, ses yeux ne lâchaient pas l'étincelant. L'absynthe observa ce magnifique tableau qui se dressait devant elle: ses cheveux blonds agrémentés de petites tresses, ses yeux émeraudes et surtout son torse que laissait paraître son haut blanc.

Même si elle ne pouvait pas se voir, la chaleur que dégageaient ses joues lui indiquait qu'elle devait certainement être aussi rouge que les cornes d'un Bakhrahell. Cette chaleur s'intensifia lorsque les prunelles de Leiftan croisèrent les siennes. Il lui adressa un sourire chaleureux avant de venir à sa rencontre.
Godiee pouvait en être sûre, sa lecture était fichue...

EDIT BAS: Encore merci pour ton texte ! Je le trouve si délicat >w<. Et puis cette référence à un de mes dessins je ne peux que valider
Encore merci, je le garde précieusement !

Reine de l'automne

La brise automnale balaya ses longs cheveux ondulés tandis que ses yeux améthystes contemplaient la beauté de sa saison idéale. Un fin sourire étira les lèvres de la druidesse. Les couleurs rouges et oranges la firent frémir de bonheur. Elle inspira longuement cette odeur boisée et de pluie fraîchement tombée.

Ses orteils remuèrent dans la terre humide. Edmia communiait ainsi avec sa déesse, savourant l'essence même de Dame Nature vêtue du manteau du Seigneur de l'Automne. Une feuille tomba sur son épaule nue, la demoiselle pivota son visage vers son trône incrustée dans un tronc pour y prendre place.

Moody

Enfant de la douce Lune, existence troublée d’infortunes,
L’importance de son allégeance est immense et lui confère de l’espérance.
Marquée, blessée et traumatisée par son sombre passé ensanglanté.
Reniée et rejetée par sa grande cité, ou elle rêve aujourd’hui d’y régner.
D’une beauté envoûtante et enivrante, qui vous hante et vous tente.
D’une puissance funèbre, originaire des ténèbres.
Méfiez-vous de la belle au regard triste, aux yeux de couleur noire et améthyste.
Il ne lui suffirait que d’une seconde, pour vous rayer de ce monde.

Volonté seule.

C’était une quête absolument personnelle, Huang Hua l’avait laissée partir à condition qu’elle se fasse discrète, n’attire pas les ennuis, et laisse Lance au QG. Ce dernier point n’avait pas posé autant de problèmes que prévu, Lance savait qu’Ashuna voulait être seule pour son voyage aux ruines d’Artésia.

C’était la première fois qu’elle y revenait depuis le massacre, et arrivée aux frontières de la cité elle avait aussitôt remarqué l’épais brouillard, signe de lieu maudit, qui recouvrait tout et ne laissait deviner que silhouettes de ruines. Formes confuses qui semblaient se déplacer en mouvements lents et épais. Un frisson involontaire l’avait traversé, un lieu maudit créait à travers la magie résiduelle et les dernières émotions des morts de nouvelles lois auxquelles il valait mieux se plier.

Une fois à porté de mains du brouillard, Ashuna n’avait eu besoin que de quelques secondes pour comprendre qu’elle n’entrerait pas armée. Cachant Nyx et le reste de ses armes dans des herbes hautes elle s’était avancée au brouillard pour être immédiatement arrêtée par une vague de sueurs froides et un sifflement dans le vent.
Apparemment, la cité n’accepterait pas son entrée aussi facilement.

Essais après essais, avertissements après avertissements, elle s’était retrouvée presque nue lorsqu’enfin le brouillard avait lâché un souffle lourd et froid d’acceptation. Après deux pas de plus sur la route principale, le froid qu’il l’avait entourée avait été un choc. Astral ne pourrait pas entrer avec elle. Ashuna s’était alors avancée dans la cité morte et détruite, la gorge pleine et la tête étrangement vide, pas après pas elle laissait les souvenirs la traverser, les regrets faire battre son cœur et sa volonté seule animer son corps. Heureusement pour elle, volonté seule était tout ce que les morts accepteraient.

Un regard perçant

Ses cheveux d'ébène claquaient sur ses pâles épaules à chaque pas qu'elle faisait. Le voilage de ses vêtements suivait le même rythme, aidé du vent.  Ses yeux sombres admiraient tout ce qui l'entourait. A la regarder, on aurait pu croire qu'elle voyait au delà des apparences. Mais peut être était-ce le cas.

Chlorisnée traversait la forêt de son élégance. Ses doigts fins caressaient le feuillage des arbustes ou encore les fleurs qui avaient trouvé domicile dans cette futaie. Ses prunelles s'attardèrent sur une jeune pouce, au bout de laquelle une fleur avait eu la chance d'y naitre. Son regard avait il trouvé quelque chose de plus derrière cet amas de pétales ?
La jeune femme s'accroupit, passant une mèche de ses cheveux lisses derrière son oreille. Elle approcha son visage délicat pour humer le parfum de cet éclat rosé. Ses yeux se fermèrent et un sourire naquit aux coins de ses lèvres. Elle aimait découvrir toute la beauté que pouvait offrir ce monde.

Furie lâche

Intissar soupira longuement, essayant en vain de calmer son tempérament. De toutes les nuits, c’était celle-ci que ces satanés érinyes avait choisie pour tenter d’infiltrer la cité. L’un d’entre elles avait déjà été appréhendée par Nevra, sans doute maintenant en cours d’interrogation dans les cachots.

Encore une fois, pourquoi la nuit du solstice ? Alors que ses amies étaient toutes encore autour du cerisier, à faire la fête, elle avait été envoyée pour chasser les deux autres furies. Son arc à la main, prête à encocher, elle descendit les marches vers la plage, les innombrables grottes étaient parfaites pour se cacher et Intissar n’avait aucuns doutes qu’au moins l’une d’entre elles s’était fouinée dans un des trous de la falaise.

Son habit de célébration traîna sur le sable, trahissant sa présence, ayant le temps de pousser un juron, elle s’écarta brusquement pour éviter le coup de fouet qui ne manqua pas de déchirer une partie de sa traîne. La démoniaque entité au corps de suie était bien plus proche que prévu et en colère apparemment.

Maudissant celle-ci pour les maanas qu’elle allait devoir dépenser pour réparer le tissu, elle encocha et dans le même mouvement se retourna, laissant l’instinct la guider elle laissa partir sa flèche d’argent vers l’origine du fouet.

Un cri d’agonie inhumain retenti, après tout l’argent brulait plus lorsqu’on venait des enfers, Intissar après un petit sourire victorieux, leva la tête et regarda alors partir l’érinyes bouche bée, sa jambe était percée au niveau de la cuisse certes, mais ses ailes de chauve-souris battaient à tire-d’aile vers les hauteurs des plaines. Loin de portée déjà de ses flèches, et apparemment pas assez pleine de vengeance pour se battre.

-Sérieusement ? cria-t-elle, après avoir gâché ma soirée tu vas juste t’enfuir comme ça ? La gardienne laissa tomber ses épaules et leva la tête vers le ciel, une flèche en moins et une soirée gaspillée. Crystal, quelque chose là-haut devait lui en vouloir.

Et donc...

Le vampire était assis en tailleur face à elle, le visage blotti dans le creux de ses paumes. Un rictus moqueur étirait ses fines lèvres, dévoilant le bout de ses crocs. La brune faisant de grands gestes pour raconter son histoire trépidante.

"Et là... En voulant ouvrir mon portail, je me suis retrouvée propulser ici, à Eldarya, au milieu de ce foutu cercle de champignon!"

Nevra leva l'œil au ciel, amusé.

"Et donc... Commença-t-il. C'est comme ça que tu comptes échapper à ton entraînement ? En me racontant une histoire? Je te pensais plus maline que ça."

Le vampire se releva avec souplesse tandis que la jeune femme fit une moue boudeuse. Elle ne voulait vraiment pas s'entraîner aujourd'hui.

"Attends j'ai pas fini ! S'écria-t-elle. Je ne t'ai même pas monté le magnifique portail que j'ai utilisé !"

Le capitaine de l'Ombre lui attrapa le poignet avec douceur et la traîna vers le lieu de l'entrainement, il ne voulait pas perdre plus de temps.

Un vol sous la Lune

La lune éclairait de sa douce lumière l’entièreté du paysage qui se prélassait sous elle. De son pas léger, Moody se laissait traverser des caresses de sa divinité. Elle marchait, sans savoir où son corps l’emmenait. La sélénite n’avait aucun but précis, sauf celui de se baigner dans l’éclat de celle qui l’avait vu naître. Elle se sentait protégée, sereine.

La jeune femme s’arrêta au bord de la falaise qui longeait la plage. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres pulpeuses. Elle était traversée d'une envie soudaine, celle de voler. Avec assurance, elle déploya ses longues ailes noires. Ses mains finement manucurées laissèrent place à d’autres, plus griffues et recouvertes d’écailles aussi sombre que la nuit.

La dragonne lunaire se rapprocha ainsi du précipice, puis lentement, elle chuta. Le vent claquait dans ses longs cheveux cendrés, ses oreilles sifflaient.
Elle riait d'un rire euphorique qui coupa le silence qui régnait dans cette pénombre.

Soudain, une masse sombre se précipita sur elle, la redressant. La lunienne pesta contre cet individu qui avait osé la déranger. Mais son regard s’adoucit lorsque ses prunelles rencontrèrent celles d’un bleu glaciale. Lance qui était à demi transformé la tenait contre lui, une main agrippant ses cheveux et l’autre sur sa taille. Moody se blottit contre son torse musclé et à découvert, sans un mot.

Un ballet passionnel débuta entre les deux amants.

Destinée à régner sur la lumière

La jeune fille aux cheveux de feu courait dans la forêt verdoyante, aux arbres fleurissants. Les feuilles des épicéas filtraient les doux rayons du soleil, qui se trouvait haut dans le ciel. Ces derniers caressaient et réchauffaient la peau nue de l’enfant. Elle riait innocemment aux éclats. La jeune fille courait le sourire aux lèvres, sans vouloir s’arrêter, ni se préoccuper du temps qui passait. L’elfe profitait purement et simplement de l’instant présent.

Soudain, en pleine course, quelque chose au loin capta l’attention de la belle. L’enfant s’arrêta net, et contempla pendant de longues minutes ce qui s’offrait devant elle.

Au loin, un grand arbre, d’une espèce qui lui était inconnue trônait au centre d’une plaine. Un halo de lumière, presque aveuglant éclairait et semblait protéger cet endroit. Des Sidhes avaient trouvé refuge par ici, et dansaient autour du tronc. C’était la plus belle chose qui lui avait été permise de voir durant sa courte existence.
La jeune fille n’en revenait pas, elle était comme envoûtée par la beauté presque onirique de ce lieu.

Curieuse, elle finit par s’approcher de l’arbre, à petits pas. La belle aux cheveux de feu, effleura du bout de l’index la douce lumière. Rapidement et contre toute attente, l’enfant fut entourée de cet halo. Elle n’avait pas peur, au contraire, l’elfe se sentait en sécurité et apaisée. La lumière s’intensifia, plus qu’elle ne l’était déjà, la jeune fille fut contrainte de fermer ses yeux bleus pour éviter d’être aveuglé.
L’elfe sentait une présence inconnue mais bienveillante. Puis elle entendit un murmure tout près de ses oreilles.

‘’Esprit du Feu et de la Terre. Un grand avenir t’attend. Rubane, tu es destinée à régner sur la lumière… Va et accomplis ton devoir mon enfant.’’

À ces dernières paroles, tout disparut. Rubane se réveilla décontenancée, contre le grand arbre qu’elle admirait tant. L’elfe avait confiance en cet esprit qu'elle ne connaissait pas.
L’enfant venait de trouver un but à sa vie.

Un instant

Elle s'était assise sur un banc reculé à l'allée des arches. Ashuna contemplait le jour qui laissait place à la nuit. La jeune femme n'avait pas arrêté de la journée. Courir à droite, à gauche, pour le service de l'un pour aider l'autre. Elle en était épuisée, et son bras droit la lançait douloureusement.

Elle avait trop forcé, et enfin de compte, elle se rendait compte qu'après avoir autant tendue la main, personne ne le lui tendait en retour. Un soupir las s'échappa de ses narines. Astral lui tapota l'épaule et l'autre détourna son regard vers sa complémentarité. Elle au moins, lui tendait une main.

"Ton tour viendra, on te tendra la main, et tu prends le bras. Ce sont les codes d'aujourd'hui. A défaut, si c'est une même personne qui l'a fait, alors considère que cette personne te sera loyale."

Ashuna opina silencieusement du chef, massant son bras dans une faible grimace. Astral avait raison, tout venait à point à qui savait attendre. Ce ne serait que bénéfique.

Larmes noires et ses migraines

Aujourd’hui avait le potentiel d’être une torture. Le matin-même Nora s’était éveillée de sursaut et en sueur, s’échappant ainsi d’un rêve ressassant les années post-croisade. Le poids des souvenirs alourdissait ses membres, et après avoir rafraîchit son visage avec de l’eau elle laissa sa tête pendre entre ses épaules quelques minutes. Redressant la tête et se regardant droit dans les yeux elle murmura :

-Ma belle Nora, tu vas te concentrer sur autre chose, pas question de laisser ton crâne et tes souvenirs prendre le dessus sur ton présent…

Après une profonde inspiration elle s’habilla de manière décontractée, et d’un pas vif se dirigea vers le garde-manger, laissant son corps sourire automatiquement aux personnes qu’elle croisait. Elle n’avait pas la liberté d’esprit de faire conversation, même avec Karuto qu’elle affectionnait pourtant énormément. Agrippant une brioche et quelques pots de miel, elle s’apprêtait à faire demi-tour lorsqu’elle aperçut du coin de l’œil la chevelure d’Ezarel. 

-Ezarel !    Celui-ci tourna un visage aux joues pleines, il était manifestement en plein petit déjeuner. Sans perdre de temps et avec l’intention de ne pas être refusée Nora déclara à travers la salle : Je prends le labo d’alchimie 3 pour quelques jours, s’il-te-plait fais en sorte que personne ne me dérange à moins que la situation soit une question de vie ou de mort.

Lui laissant quelques secondes pour répondre mais ne bougeant pas d’un poil pour lui faire comprendre que son attente éta3t seulement une forme de politesse et qu’elle ne restera pas une minute entière, elle le regarda avaler tant bien que mal, un léger sourire d’amusement prenant le dessus sur son expression jusqu’alors raide.

-Vas-y ! Si tu as besoin de quoi que ce soit je serais au labo 1 !

Elle était partie aux premiers mots après un vague geste de remerciement. Maintenant qu’elle avait un objectif elle sentait le besoin de plonger toutes ses capacités intellectuelles dans le sujet et oublier au plus vite sa désastreuse nuit et toutes les émotions et sentiments dont elle sentait les fantômes glisser sur son corps. Un type de poison qui depuis longtemps échappait à la confection d’un antidote qui débarrassait de tous les symptômes allait servir de distraction.

Appelé « la larme noire », celui-ci affaiblissait dans un premier temps le cœur à travers une légère fièvre, puis une fois que le flux du sang paniqué avait donné au poison accès au corps entier, combattant et détruisant lentement et surement chaque vague de tentative d’immunité par la victime, une migraine terrible prenait le dessus. Après laquelle les victimes se mettaient à pleurer des larmes noires, si aucune potion n’était prise, le flux du sang ralentissait peu à peu jusqu’à ce que les organes faillissent, généralement les poumons lâchaient en premier et une mort lente et douloureuse suivait, les larmes noires ne s’arrêtant plus jusqu’à ce que le cœur s’arrête.
Les antidotes d’aujourd’hui était efficace dans le sens que la mort pouvait être évitée, mais des crises de migraines douloureuses ne laisserait jamais la victime en paix.

C’était d’ailleurs un poison généralement envoyé et utilisé contre généraux et personnages haut-placés dont la présence mentale était importante. Nora sentait qu’un antidote plus puissant et complet pouvait être confectionné, elle y avait travaillé en pointillé ses dernières années depuis qu’elle en avait entendu parler, mais aujourd’hui était le jour parfait pour s’y dédier entièrement et ne pas sortir du laboratoire au moins jusqu’à ce qu’elle ait réussi. Si Nevra avait besoin d’elle pour une mission, il allait devoir trouver quelqu’un d’autre.  Satisfaite de sa stratégie pour échapper à ses démons personnels, elle s’enferma dans le laboratoire.

8 jours plus tard, Nevra faillit avoir une crise cardiaque lorsqu’une Nora surexcitée qui s’étaient apparemment exclusivement nourrie de miel d’après Karuto, déboula dans sa chambre, hurlant à propos de larmes noires et d’un certain Eureka.

Le poème de l'aube

La nuit était encore omniprésente sur les bois dont les couleurs s’étaient éteintes en même temps que les derniers rayons du jour. Pourtant, la promeneuse ne semblait pas le moindre du monde dérangée dans ce monde presque monochrome qu’elle découvrait jour après jour.
Au contraire, elle souriait doucement même, savourant cet instant de solitude avec la Nature pour compagne, dans ce drôle de havre de paix encore tout endormi sous les rayons de la Lune.

Bientôt, le soleil se lèverait à nouveau dans un énième de ces cycles perpétuels qui constituaient la base de l’existence sur terre, apportant avec lui un vent frais qui réveillerait les espèces qui vivaient dans ces bois. Et elle, elle serait là pour les voir renaître de la nuit qui les avait tués dans les bras de Morphée des heures durant.

Elle serait là, pour observer ce renouveau, le vivre avec eux, entendre tous ces cœurs battre à l’unisson dans un seul et même chœur, un chant sans nom auquel pourtant, elle s’identifierait plus que tout au monde. Elle qui n’était plus depuis son arrivée, elle qui avait vécu un renouveau inattendu.

Chlorisnée se tenait là, dans les bois qui retrouvaient doucement de leur couleur alors que la lumière de l’aube s’infiltrait entre les troncs.
Chut, le spectacle allait commencer.

Le capitaine

En cette douce matinée, le vent claquait dans les grandes voiles crèmes. On entendait le tintement des ficelles qui se fracassaient contre le mât. Le souffle du vent entraînait également la mer, déchaînant les vagues. Elles venaient toquer contre la coque en bois du bateau, mais le colosse qui glissait sur l’eau salée ne bronchait pas. Il poursuivait sa route, il avançait sans aucune difficulté.

Accoudé au bastingage, Rhen était impassible, ses deux billes bleues scrutaient l’horizon. La brise marine avait beau jouer follement avec ses cheveux blancs, il ne bougeait même pas. Seule sa main glissait dans la fourrure de son large manteau.
L’homme ne trahissait aucune émotion, il semblait serein face à la nature qui commençait à se déchaîner.

Il était le maître de son navire et ce n’était pas une mer enragée qui se mettrait en travers de ses objectifs.

Voila pour toi.

La jeune Eliore se trouvait là, perdue dans ces immensément grandes plaines enneigées. Les flocons s’écoulaient, comme l’eau sur les vitres de la cité, pour venir s’engager dans une valse endiablée avec le vent, virevoltant les uns avec les autres, finissant leur triste course sur le sol boueux des étendues verdâtres. C’était ici, en ce lieu si triste que la jeune Obsidienne avait pour la première fois fait la rencontre de l’Homme au Masque ; lui qui semblait si cruel avec son épée dont le sang venait s’écraser sur la douce couche de neige.

Ce fut donc d’un pas lent mais élégant, qu’Eliore avait tenté de s’approcher de lui, comme une enfant espérant approcher un animal sauvage. La douceur qui émanait de la jeune femme contrastait parfaitemant avec la violence sans nom de Lance.  l’Elfe s’avançait doucement vers ce bien étrange être, dardant sur lui un regard intrigué. Qui était-il ? Pourquoi avait-il fait couler le sang de la sorte ? Pourquoi tout simplement.

Ce n’était pour l’instant que des questions sans réponses ; puisque la jeune femme ne s’attendait certainement pas à ce que sa vie prenne un tout autre chemin à l’instant même où son regard s’était posé sur l’homme de noir vêtu.

Coin ressourçant

Et alors que tout le monde se plaignait de la chaleur, elle, la fille du Soleil, y trouvait un certain réconfort. Son astre caressait sa peau hâlée, parsemée de cicatrice de combat. Ses pas foulaient l'herbe chaude, sa queue bougeait légèrement dans son dos. Ses billes d'or se relevait vers son arbre: le programme s'annonçait ressourçant.

De toute sa grâce féline, Lakeisha grimpa à l'arbre, en profitant pour faire ses griffes sur l'écorce. Un faible grognement lui échappa. La jeune rousse s'étira de tout son long, s'allongeant allégrement sur sa branche favorite. Ses bras se croisèrent sous sa joue, sa queue battait un rythme hypnotique, surveillant d'un œil l'environnement tandis que ses oreilles mouvaient au rythme des bruits.

La Féline aperçut en contre bas Leiftan qui s'était décidé à faire tomber le manteau, discrètement, elle n'en perdait pas une miette. Si elle avait pu ronronner, elle l'aurait fait. La pause était l'une de ses meilleures.

Spoiler (Cliquez pour afficher)

L’infirmerie était calme cette après midi, chose qui était rare d’ordinaire. Il n’y avait aucun bruit, on entendait seulement le chant des lovigis et les enfants qui jouaient dans les jardins grâce à l’ouverture qu’offrait la fenêtre.
Une légère brise traversa la pièce, entraînant les rideaux dans une danse délicate avant de s’échouer dans la chevelure bouclée d’Intissar.

Accoudée sur le bureau, ses yeux sombres ne lâchaient pas les documents posés devant elle. L’absynthe analysait de vieux manuscrits de médecine prêtés par Eweleïn. Il s'agissait d'exemplaires uniques, ils retraçaient des techniques médicales terriennes. Intissar était hypnotisée devant de telles pratiques. Elles paraissaient archaïques, mais aux yeux de la jeune soignante elles paraissaient surtout incroyables.

Cependant, elle fut coupée dans sa lecture par des coups sur la porte. Sans plus de cérémonie, Lance pénétra dans la pièce et instantanément le visage de la soignante s’empourpra légèrement.
Elle le salua d'un signe de tête.

"- Je passe simplement chercher de quoi me faire un bandage suite à mon entrainement, expliqua t-il succinctement."

Le dragon fouilla au fond de la pièce sous les yeux de l'absynthe. Elle l'observa, ses deux prunelles remarquèrent alors une trainée de sang le long de son biceps. Elle se leva de sa chaise pour venir cueillir de quoi le soigner.

"- Assis toi là, je vais soigner ta blessure, indiqua t-elle en pointant le fauteuil du doigts.

- Ce n'est pas la peine.

- J'insiste. Et puis je suis là pour ça non ?"

Sans plus de protestation, Lance s'installa sur la place désignée. Intissar examina alors la blessure qui se situait sur le bras gauche de l'obsidien. Elle ne savait pas de quelle manière il s'entrainait, mais il ne devait pas ménager ses efforts pensa t-elle.

Elle entreprit alors de désinfecter avant d'appliquer un onguent sur la plaie. Puis délicatement, elle enroula son bras d'un bandage. Ils ne parlaient pas, mais le peu de contact et la présence du dragon accéléraient les battements de cœur de la jeune femme.

Moment présent

Jamais Nevra n’avait vu sa forme animale. Il était dit que les druides se devaient d’étudier et de pratiquer la Vieille Foi des années avant de pouvoir se transformer, pour cette raison, il s’était toujours dit qu’elle n’avait peut-être pas encore cette capacité. Ezarel le pressait régulièrement de découvrir quel animal Edmia devenait, il pariait sur le Lièvre, symbole de l’Automne et taquinait inlassablement Nevra lorsqu’à chaque fois il lui rappelait ne pas savoir. Après tout, quel genre de compagnon de vie ne connaissait pas sa compagne dans tous ses détails ?  Il préférait avoir l’air ignorant que d’avouer ne pas penser Edmia assez mature dans ses pouvoirs pour réussir la transformation.

Edmia n’avait jamais voulu en faire un secret, mais éventuellement ne pas en parler était plus simple que d’expliquer en détails ses raisons. Par un mélange d’instinct et de télékinésie naturelle d’amants, elle savait que Nevra réfléchissait à cet exact moment à sa forme animale et le mystère qui selon le QG entourait cette partie-là de sa magie. Ils partageaient un lit, le bras gauche de Nevra entourant sa forme, ses doigts caressant distraitement l’épaule de la druidesse. Sa main gauche à elle traçait des symboles celtiques sur la poitrine du vampire tandis que le regard du chef de l’ombre était lointain, vaguement fixé sur les papillons de nuits qui voletaient au plafond. Elle l’observait tranquillement, sentant son propre visage s’étirer légèrement d’un sourire secret. Se transformer en forme animale n’était qu’une minuscule partie des pouvoirs que la tradition druidique pouvait apporter. Minuscule partie malheureusement devenue populaire au possible au point que nombreuse étaient les personnes pensant qu’un druide se résumait à ça. Nevra ne lui avait jamais demandé directement, une sorte de gêne qu’Edmia ne comprenait pas l’entourait lorsqu’Ezarel la taquinait publiquement pour savoir de quel animal elle pouvait emprunter la forme.

Ezarel elle aimait simplement le laisser dans le noir, mais si Nevra lui demandait un jour quelle était sa forme, elle lui répondrait bien sûr. La raison pour laquelle elle n’utilisait que très très rarement cette forme au point que personne du QG ne l’ai jamais vu, était la même raison pour laquelle Eweleïn et Ezarel pratiquaient deux choses différentes tout en ayant des talents similaires. Personne n’avait réalisé qu’Edmia et Cryllis étaient deux facettes d’une même tradition druidique, pourtant l’homme-ours qui avait depuis longtemps abandonné sa forme humaine avait, s’il le souhaitait, les mêmes pouvoirs à quelques différences près de la jeune druidesse. Vice-Versa, Edmia n’avait tout simplement pas l’instinct dans ses missions de se transformer car elle avait d’innombrables autres options dans la panoplie de ses pouvoirs. Peut-être qu’elle se transformerait par surprise aux côtés de Nevra… afin de couper court à ses réflexions et le ramener sur terre, au moment présent.