Ordre de mission : annihiler Oth, barbare, chef mercenaire de Kramirp.
Soldats de mission : Moody, nom de code Nurly. Elle fit la moue.
Vraiment ? Ses yeux balayèrent les quelques lignes importantes au sujet de ce Oth : avide, tortionnaire, pervers.
Charmant. Il était à la tête d’un clan de mercenaire et de l’enlèvement de plusieurs enfants lors de son attaque au Temple Fenghuangs, lors du Sacrifice. Ce barbare avait décimé des familles, avait enfermé la phœnix régente : Huang Hua. Et le reste de la famille Ren-Fenghuangs. Mais il faisait un piètre dirigeant. N’ayant aucun titre, il n’hésitait pas à décapiter ceux qui tentaient de lui prendre sa place. Moody avait été vendu comme alliance politique avec son sang royal.
De mieux en mieux. Future femme d’un meurtrier. Nurly, la femme qu’elle devait être était docile et idiote. La lunienne leva les yeux au ciel, agacée. Ses grands yeux et ses longs cheveux de jais ne pouvait que flatter l’apparence d’Oth. Moody arqua les sourcils :
je n'ai pas les cheveux noirs. Description de Nurly : petite, ses couleurs sont le rouge, le noir et le doré, elle cache de beaux atouts. Docile et naïve, elle se pliera à chaque volonté d’Oth jusqu’à devenir reine du Temple Fenghuangs. Une fois ce titre acquit, elle tuera son amant et libérera le Temple ainsi que la famille Ren.
Son entourage : Nevra alias Jafer, garde rapproché. Ezarel alias Rudras, écuyer.
Durée de la mission : 3 mois.
Sidérée, la lunienne fixa les portraits de l’homme qu’elle devait séduire : grotesque à souhait. Son profil n’était pas flatteur, sa face non plus. Un gros nez, des yeux ronds et globuleux, une bouche fine composé son faciès rond. Ses cheveux rasés laissaient entrevoir de nombreuses cicatrices. Moody ne put s’empêcher de grimacer. On frappa à sa porte, elle referma le dossier pour le glisser dans un tiroir de son bureau. Elle se leva pour aller ouvrir, découvrant Nevra sur le palier :
« Jafer. » salua ironiquement la lunienne en le laissant entrer.
Le vampire la toisa avant de soupirer en s’asseyant au bord du lit de la jeune femme.
« C’est une très mauvaise idée. » déclara-t-il.
Elle referma la porte et se posta devant son Capitaine en croisant les bras.
« Sans rire. » répondit-elle avec sarcasme.
Il leva son œil vers elle. Moody haussa les épaules puis soupira avant de reprendre :
« Miiko ne supporte plus ma présence, elle veut me pousser à bout et m’humilier. Elle fait comme bon lui semble. Mais je compte bien lui faire regretter son choix. » ajouta la jeune femme.
Nevra ouvrit la bouche, elle lui coupa la parole :
« J’excellerai dans cette mission. Nous serons rentrés avant la fin. Et si Lance devient un problème, j’en ferai une affaire personnelle. Il ne vient pas par pur hasard, il n’a pas fini de me faire regretter mon insolence. »
« Et comment comptes-tu t’y prendre petite maline ? » la somma Nevra.
« Pour finir la mission avant sa date butoir ? Le point faible des hommes sont les femmes. J’écarterai les cuisses et il sera à ma merci. » sourit malicieusement Moody, en faisant un pas vers le vampire.
Il leva les yeux au ciel, elle posa sa botte talonnée sur sa cuisse en arquant un sourcil.
« Tu mets en doute mes talents de séductrice ? » s’indigna la lunienne.
Nevra secoua négativement de la tête.
« Jamais. Tâche simplement de ne pas énerver davantage Lance. Je ne peux pas te protéger. Ni Ezarel. » confessa le vampire en passant ses doigts sur sa botte.
« Ne t’en fais pas pour ça. » dit-elle en haussant les épaules, se laissant tomber aux côtés de l’homme, ses jambes sur ses cuisses et croisées.
Elle n’en était plus à sa première altercation avec l’Etincelant et elle avait appris à encaisser les coups. La lunienne prit appui sur ses coudes en laissant son chef remonter ses doigts sur ses cuisses sans arrière-pensée.
« Maintenant explique-moi comment je vais me faire passer pour Nurly avec des cheveux qui changent de couleur au rythme du cycle lunaire ? Et des tenues sexy principalement conçues en noir, violet et argent ? »
Nevra croisa ses longues jambes devant lui, un sourire amusé dessiné sur ses lèvres pleines. Ses mains maintinrent les tibias de la jeune femme.
« Tu vas devoir faire confiance à Ezarel pour tes cheveux. »
Moody fit la grimace.
« Génial. Il est coiffeur ? »
« Non. » rit le brun.
« Je refuse qu’il touche à mes cheveux ! » s’indigna la lunienne. « Et qu’il touche à ma garde-robe ! »
« C’est Purriry qui se charge de ça. » souligna le vampire.
« Enfin une bonne idée. » taquina Moody.
***
La semaine passa à grande allure. Moody jongla entre ses obligations de soldate et l’envie d’assister les Purrekos à l’orphelinat et à la boutique des familiers. Purriry avait préparé chacune de ses tenues pour lui donner fière allure au temple des Fenghuangs. Ezarel lui avait tendu une fiole remplie de liquide noir, elle avait avalé le contenu à contre cœur. L’effet fut immédiat : ses cheveux se teintèrent de la couleur de jais de Nurly. Moody cilla devant son reflet, elle n’était pas répugnée, juste stupéfaite. Il lui faudrait sûrement un temps d’adaptation.
« Contente-toi de boire une gorgée chaque jour. » lui souffla l’elfe, l’air satisfait. « Puis continue tous les jours quand on sera rentré, tu es bien plus canon comme ça. »
« Ezarel. » soupira la lunienne, blasée.
« Oui ? » répondit-il.
« Va te faire foutre. » dit-elle, tout sourire en tapotant sa joue. « N’oublie pas de porter mes bagages à ma monture pour demain, Rudras, l’écuyer. »
Le chef de l’Absynthe fronça les sourcils, elle lui offrit une œillade enjôleuse en quittant la salle d’alchimie. Demain serait le jour du départ, Leiftan avait pris la peine de lui expliquer l’itinéraire qu’ils allaient suivre : d’abord ils s’arrêteraient à Balenvia, avant de traverser les montagnes pour rejoindre le Temple des Fenghuangs. Brièvement, le blond lui avait résumé les us et coutumes de chaque région autour d’un thé fumant. Elle serra son ami contre elle à la fin de leur entrevue, déposant ses lèvres contre sa joue.
« Tu vas me manquer. » murmura-t-elle.
« On se reverra vite. » assura Leiftan en caressant ses cheveux.
« Prends soin de Munin pendant mon absence. »
« Je n’y manquerai pas, si elle ne me fait pas la misère. » ricana le blond.
La lunienne aux cheveux noirs se joint à lui tout en se détachant à contre-cœur de l’homme pour rejoindre ses quartiers où Valkyon l’attendait près de sa porte. Elle arqua un sourcil, ouvrant la porte de sa chambre pour l’inviter à y entrer. L’homme à l’odeur boisée y pénétra silencieusement, se tenant debout et droit au centre de la pièce, les bras croisés. Moody ferma la porte et l’interrogea du regard, le laissant la scruter avec curiosité.
« Je suis navré de ne pas être là pour te protéger de mon frère. » déclara-t-il.
« Je sais encaisser les coups maintenant. Et puis, il ne renouvelle pas vraiment ses attaques contre moi, alors je saurai éviter. » assura la lunienne en allumant une bougie à son autel.
La jeune femme retourna sur ses pas pour se pencher en avant sur son lit, préparant les dernières affaires de sa couverture sans oublier sa touche personnelle : une lingerie fine et provocante. Valkyon prit soin de détourner le regard, raclant sa gorge. Abruptement, il déposa une sacoche en cuir sur les draps.
« C’est pour toi. » dit l’Obsidien. « Je les ai forgés pour toi. Promets-moi de les garder sur toi, à chaque moment où tu seras au Temple. »
Moody attrapa la pochette et dénoua le cordon pour dévoiler deux saïs.
« L’une est en acier, l’une en argent. » informa l’homme. « Au moins l’une des deux blessera toujours un Fae. Ezarel pourra éventuellement t’apprendre à empoisonner une lame. »
Elle lui adressa un tendre sourire en caressant les lames du bout des doigts avant de refermer la sacoche pour la glisser sous ses piles de linge.
« Merci Valkyon. »
La petite femme s’approcha du géant pour lui adresser une accolade. L’Obsidien l’enserra, un peu trop fort, le nez glissait dans sa chevelure noire pour en inspirer son odeur florale. Il ferma un instant les yeux avant de se détacher d’elle. Son regard ambré continuant de sonder son homologue. Il ne voulait pas la laisser entre les griffes de son frère et perdre sa place dans son cœur.
« Fais attention à toi. » dit-il.
Elle hocha la tête, un sourire confiant ourla ses lèvres alors qu’elle le raccompagnait vers la sortie. Valkyon pinça les lèvres une fois dans le couloir, il se sentait misérable. Il aurait dû imposer sa présence pour cette mission. Pour son roi. Il soupira en jetant un dernier regard vers la porte dans son dos avant de quitter les lieux. Une fois seule, elle se recueillit à genoux devant son autel, offrant une prière silencieuse à sa déesse, quémandant sa protection pour sa mission. La lunienne prit la pierre de lune que lui avait offert Leiftan pour la glisser à son tour dans sa valise. Demain, elle ne serait plus Moody mais pour ne pas perdre la tête, elle gardait une part d’elle cachée.
***
La lunienne, vêtue de sa tenue de voyage aux couleurs de Nurly s’avança à travers la cité vers leur point de rencontre. Sa crinière noire volait sous le vent frais de la matinée, elle se sera un peu plus dans sa cape alors qu’on préparait son destrier. Elle fut rejointe par Nevra et Ezarel, puis Lance qu’elle scruta en silence. Il répondit à sa question silencieuse :
« Ryfer, gouverneur. »
Moody hocha la tête et grimpa sur sa monture quand elle fut prête, l’enjambant à califourchon. Elle caressa son cou pour le saluer puis suivit Lance, entourée de Nevra et Ezarel. Le début du voyage se fit dans un silence tendu, la lunienne se contenta de baisser la tête en laissant l’équidé suivre l’autre devant lui. Elle se plongea dans ses pensées, ressassant toutes les données qui lui étaient fournies pour mener à bien sa mission. Même si Nurly était présentée comme une femme fragile, Moody ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle jouerait, dans l’intimité, à la femme qu’aimait tous les hommes. Un soupir passa la barrière de ses lèvres en relevant le visage. Dans quel pétrin s’était-elle encore mis ? La petite troupe voyagea jusqu’à ce que le soleil soit à son zénith, enfoncés dans la forêt d’Eel, chacun se stoppa pour faire une pause. Ezarel sortit les provisions pour chacun alors que la lunienne s’installa sur une souche sèche et croisa les jambes, à l’ombre du soleil. L’elfe lui tendit son casse-croûte et le remercia d’un signe de tête.
« Si nous ne tardons pas, nous arriverons d’ici quatre heures à Balenvia. Les identités qui nous ont été données ne doivent pas être divulguées pour le moment. Ils sont nos alliés. » déclara Lance qui resta debout, en alerte.
Moody croqua dans le quignon de pain donné par l’elfe et plongea ensuite sa cuillère dans l’étrange purée orange qui l’accompagnait. Son regard se posa sur ses sandales.
« J’aimerai soulever un problème, dans le dossier. » dit-elle avant de relever les yeux vers l’Etincelant qui la toisait, peu ravi d’être contredit. « Vous n’avez pas pris en compte ma condition de Fille de la Lune. Non seulement je dois assister à la Chasse pour les trois prochaines pleines lunes. Mais en plus l’une d’elle est la Lune de Sang. Un rituel très important. »
« Et ? » insista Lance, grognon.
« Et dans ces moments, mon enveloppe corporelle est inerte, à la merci de tous. Je n’ai pas la capacité de me défendre et je ne veux pas révéler ma vraie nature à mon cher futur mari. Si on tue mon corps, je ne peux revenir dans la réalité, je serai coincée dans l’Astral. Mission échouée. »
« Je te protégerai. » intervint Nevra qui buvait son verre de sang de synthèse.
L’homme aux cheveux blancs se contenta d’hocher la tête. Il avait changé d’armure pour une autre aux couleurs rouges qui rappelait celle de Moody. Sa stature puissante était davantage mise en avant, le pourpoint vermillon sur ses bras redessinait la grosseur de ses biceps et la largeur de son torse, ses jambes étaient moulées dans un pantalon noir en cuir, des bottes rouges réhaussés jusqu’à ses genoux. La lunienne se perdit dans la contemplation de son fessier lorsqu’il tourna le dos. Puis elle détourna le regard en grognant faiblement. Qu’est-ce qui lui prenait ? Nevra et Ezarel arboraient aussi des couleurs rouges et noires, réhaussées par de l’or. Le vampire portait une veste dorée, brodée de fil rouge qui cachait en dessous un justaucorps noir en velours. Il portait lui aussi un pantalon noir qui ne camouflait aucunement ses formes non plus, le tout réhaussé par des cuissardes rouges. Son cache-œil toujours présent sur son visage fin et ses cheveux au vent. Qu’elle aurait voulu passer ses mains dedans. Elle soupira. La pleine lune qui approchait lui jouait déjà des tours. L’elfe quant à lui portait une tunique rouge aux manches longues et des chaussures noires, sans artifice. Ses cheveux bleus étaient cachés sous un bonnet.
Moody les jaugea tous les deux en silence, grignotant une pomme quand elle eut fini son repas. Ils étaient proches et complices. Tellement proches qu’Ezarel tapota la fesse de Nevra, faisant arquer un sourcil à la lunienne. Elle était au courant de leur petit secret, mais qu’ils le fassent sous son nez. Le morceau de pomme qu’elle avala fit un mauvais chemin, l’obligeant à tousser bruyamment et se détourner. Elle agita sa main pour dire que tout allait bien. Nevra lui tendit la sacoche en cuir remplit d’eau qu’elle but sans rechigner, les joues rosies. Plus ça allait, et plus ses fantasmes devenaient incontrôlables. Et Scorpion s’en amusait.
Ce serait pas mal avec ses deux mâles ce soir, souffla-t-il.
La ferme ! gronda la lunienne.
Ses améthystes observèrent sa tenue pour tenter de se changer les idées. Un pantalon noir, lui aussi, moulait ses cuisses et son fessier rond. A ses pieds, elle était chaussée d’une paire de sandales rouges et le haut de son corps abordait une robe rouge qui finissait en lambeaux contre ses hanches, la poitrine coincée dans un demi-haut. Seuls ses avant-bras diaphanes étaient visibles. Sa chevelure noire caressa son visage et elle s’obligea à se lever pour aider les hommes à lever le camp. Avec l’aide de Nevra, elle remonta à califourchon sur sa monture, frémissant au contact de ses doigts contre son fessier. C’est avec un sourire malicieux qu’elle reprit son voyage derrière Lance, tentant de ne pas de lorgner sur le mouvement balancier de ses fesses. Après une heure de voyage, le vampire se mit à sa hauteur et se pencha vers elle :
« Ne sois pas si morose ma douce. Tu es délicieuse et tu réussiras la mission qui t’a été conférée. Et je ne dis pas ça parce que la vue de derrière est très alléchante avec ton roulement de hanches, je ne savais pas que tu savais chevaucher. »
Moody lui adressa un faible sourire, resserrant ses doigts autour de la lanière en cuir de son équidé à cornes se mettant à glousser sans discrétion, obligeant l’Etincelant à jeter un coup d’œil en arrière. La lunienne le toisa un instant avant de reporter son attention sur le vampire.
« Peut-être devrais-je me cambrer un peu plus pour satisfaire tes petits fantasmes. » murmura-t-elle.
« Nevra, à l’avant ! » ordonna d’une voix tranchante Lance. « Ezarel, reste près d’elle. »
L’interpellé leva les yeux au ciel et prit le temps de décocher un sourire avide à la lunienne.
« Tu me montreras ça alors ! » lui dit-il avant d’avancer vers son supérieur.
Elle leva son regard vers les deux hommes à l’avant, tentant ne pas le baisser vers le mouvement qui l’attirait inlassablement. Ses dents se plantèrent dans la chair pulpeuse de ses lèvres, l’odeur mentholée de Lance avait quelque chose de plus irrésistible. Elle l’entendit gronder et détourna son attention quand Ezarel se racla la gorge. Moody lui jeta un regard en coin avant de dire :
« Si tu veux que je mate aussi tes fesses, tu n’as qu’à passer devant. » dit-elle.
« Non merci, je préfère être derrière. » rétorqua-t-il, l’air mystérieux.
« Je te comprends, la vue n’en est que meilleure. » ajouta-t-elle, malicieuse.
Le reste du voyage se passa sans plus d’encombre. L’ascension vers Balenvia fut un peu plus longue que prévu. Lorsque l’arche en pierre de la ville apparut, Moody ne retint pas son soupir de soulagement, l’intérieur de ses cuisses étaient complètement ankylosées, si raides qu’Ezarel du l’aider à descendre lorsqu’ils furent à l’écurie. Elle marcha doucement pour retrouver la sensation de ses jambes, rêvant déjà d’un bain chaud. Tout en faisant les cent pas, la lunienne observa la ville montagnarde tandis que l’Etincelant s’avançait vers ce qui semblait être la mairie où un petit comité les attendait. Le bâtiment était fait de pierre, comme toutes les autres bâtisses où quelques poutres de bois les traversaient. Les sols étaient tout aussi fait de pierre, leur forme en pavé donnait des difficultés à la lunienne pour circuler. Au loin elle percevait la chute d’eau régulière qui provenait d’une cascade et qui tombait dans une fontaine située au centre de la ville. D’après Leiftan, c’était la meilleure eau qui régnait ici et qui était offerte par les divinités de la montagne. Balenvia était un lieu thermal et bon pour le ressourcement du bien-être, étant entouré par de nombreuses montagnes. Moody reposa son attention sur le petit comité qui venait à leur rencontre, Lance s’entretenait avec un gnome qui répondait au nom d’Haglaé et qui était la dirigeante de cette ville.
« Ah mes petits… Vous avez dû faire un long voyage pour arriver ici. Profitez de notre hospitalité comme bon vous semble. Vos chambres sont prêtes à l’auberge et la taverne vous accueillera pour un repas bien chaud. » dit-elle pour tout accueil de sa voix chevrotante.
Moody s’inclina avec respect, suivit des hommes qui l’entouraient. Haglaé les accompagna vers le bâtiment en question, s’engouffrant dans une petite ruelle et lorsqu’ils y pénétrèrent, la lunienne fut surprise de la décoration faite de bois. Cela donnait un côté chaleureux à l’auberge, encore plus avec la grande cheminée dans le fond de l’endroit. Devant eux se tenaient un gnome qui les accueillit tout aussi chaleureusement à un comptoir, leur faisant visiter les lieux. En bas se trouvait la partie taverne, très vivante en fin de journée et qui réunissait les Balenviens autour d’un feu de bois où cuisaient de bons plats de montagne. L’endroit semblait tamisé et intimiste quand la nuit se présentait. Une odeur de bière, de fumée et d’hêtre fit sourire la lunienne qui suivit la troupe à l’étage. C’était un long couloir agrémenté de multiples portes qui donnaient sur des chambres aussi semblables les unes que les autres. Lance et Moody avaient chacun leur propre espace, tandis qu’Ezarel et Nevra se retrouvaient ensemble. Le gnome les laissa s’installer alors qu’on avait déjà apporté leur valise. Moody s’engouffra dans sa chambre et ferma la porte à clé dans son dos.
La pièce n’avait rien de particulier, le tout était un mélange de pierre et de bois, un feu de cheminée offrait la chaleur nécessaire pour survivre dans ces montagnes. Une cuve en bronze se tenait derrière un paravent, un feu doux brûlait en-dessous pour réchauffer l’eau. La lunienne se précipita pour se déshabiller et s’y immerger aussitôt, sans retenir son gémissement de bien-être. Elle balança ses cheveux par-dessus le rebord de la baignoire et fixa le plafond, un soupir passant la barrière de ses lèvres. Toute la journée avait été une épreuve pour elle. Être entourée d’autant d’hommes ne la laissait pas indifférente, surtout à l’approche de la pleine lune. Elle n’avait jamais été aussi désespérée de sa situation et de son appétit sexuel croissant. Son corps n’avait pas cessé d’être libidineux et de réclamer son dû. Moody porta la faute sur Scorpion et Lion qui s’étaient alliés pour ancrer dans son crâne l’idée de faire un plan à trois avec les deux meilleurs amis. Moody jura à voix basse.
Après tout… Je vais devoir me sevrer pour les trois prochains mois, pensa-t-elle. Elle se frappa le fond, accablée de voir qu’elle n’avait aucune volonté de se gérer sur ce plan. Son bas ventre se contracta délicieusement. Fallait-il encore qu’elle convainque les deux hommes de le faire sans les forcer. Auquel cas, la lunienne se contenterait d’elle-même.
Le soir-même, après une sieste et une prière à la Lune, la jeune femme aux cheveux de jais descendit de l’auberge pour rejoindre la taverne. Elle portait la même tenue, mais c’était simplement séparé de ses gants et de son demi haut. Ses améthystes cherchèrent ses compagnons de route, mais c’est l’odeur de Lance qui la guida jusqu’à lui. Elle se faufila comme une musarose entre les trolls et autres gnomes présents, accoudés au bar qui la reluquait à son passage, découvrant l’Etincelant, seul à table. La lunienne ravala sa fierté et s’assit face à lui, tentant de ne pas s’enivrer de son odeur.
« Votre parfum est alléchant. » dit la voix caverneuse de Lance.
Moody se crispa légèrement en soutenant son regard. Pourquoi sa voix et son allure la faisait ainsi réagir ? Elle déglutit puis se racla la gorge en baissant son regard sur les mains calleuses de l’homme dont les veines ressortaient comme après un effort. La lunienne releva les yeux vers le torse caché de son supérieur, il semblait congestionné. Elle voulut râler et frapper sa tête contre le bois de la table.
Lance, n’est pas pour toi. « Que prendra l’insolente à boire ? » demanda-t-il, enroulant ses doigts autour de sa bière.
« Je vous… »
Il la toisa, elle mordit l’intérieur de sa joue et soupira, elle ne devait pas s’attirer ses foudres.
« Merci pour le compliment. Et je prendrai du vin. » répondit-elle en croisant les bras sur la table.
Lance se leva alors pour se diriger vers le comptoir. Moody le suivit du regard, le posant sur son fessier en soupirant lascivement. Ses hormones lui jouaient vraiment des tours. Elle ne pouvait pas désirer cet homme répugnant. Elle ne pouvait pas trouver son parfum attirant. Elle ne pouvait simplement pas. Son regard se détourna sur la foule présente quand il revint vers la table avec sa boisson. Aussi bien monté soit-il. Elle ne pouvait pas. Et ne devait pas, par respect pour Valkyon. La lunienne tentait de se convaincre médiocrement.
« Merci de m’avoir offert cette mission. » dit la jeune femme à voix basse, pour éloigner son trouble.
Un sourire belliqueux se dessina sur les lèvres du guerrier qui se pencha vers elle.
« Dois-je prendre ce remerciement pour une alliance ? » rétorqua-t-il.
« Uniquement pour cette mission. » céda-t-elle à contre-cœur.
« Sage décision. » répondit Lance en portant sa choppe à ses lèvres charnues sans détacher son regard de la femme devant elle.
Moody remua sur sa chaise avec gêne, baissant le regard. Il ne devait pas lui faire plus d’effet mais son charisme commençait à lui donner du fil à retordre et un étrange sentiment parcourut son cœur et son corps, comme un besoin de se rapprocher de lui.
NON. La lunienne secoua la tête et fut plus détendue en apercevant les deux hommes aux oreilles pointues. Nevra prit place à ses côtés tandis qu’Ezarel se plaçait près de Lance. Pendant tout le long du repas, le petit groupe s’échangeait des banalités sans fond. Les deux capitaines de garde n’osaient pas trop se lâcher devant leur supérieur et la lunienne souhaitait faire profil bas en sentant le regard pesant et perçant de l’Etincelant sur elle. Afin de ne plus se sentir aussi torturée, elle jeta des œillades mielleuses à son voisin de table. Lorsque vingt-trois heures sonna, Lance se leva de table pour quitter les lieux sans oublier de leur ordonner d’être présent demain à la première heure. Elle le regarda partir, le rose aux joues. La chaleur ambiante n’arrangeait rien, ni le peu d’alcool qu’elle avait ingurgité pour se détendre, ni la main baladeuse de Nevra qui remontait le long de sa cuisse quand le minaloo avait quitté le restaurant. Ses améthystes se posèrent sur le vampire qui lui offrait un sourire carnassier avant de se pencher à son oreille, la faisant frémir.
« Je n’ai pas eu le droit à mon petit fantasme. » reprocha-t-il d’une voix suave.
Elle gloussa en repoussant ses hanches en arrière pour cambrer le creux de ses reins sur sa chaise, écartant légèrement ses cuisses où la main de son voisin s’immisça. Le vampire lorgna sans s’en cacher et Moody releva le regard vers l’elfe.
« Je ne vous dérange pas ? » dit-il en croisant les bras, se laissant retomber contre le dossier de son siège.
« Pourquoi ? Tu es jaloux ? » taquina la lunienne. « Peut-être veux-tu aussi regarder ? »
Ezarel eut un rire franc, Nevra fixait la lunienne avec surprise. Elle haussa les épaules avant de lâcher :
« Bah quoi ? » demanda-t-elle innocemment.
« T’es pas sérieuse ? » lâcha l’elfe.
« Je suis toujours très sérieuse quand je tombe dans la luxure. » rétorqua la lunienne.
Les deux hommes la toisèrent. Elle fit la moue avant de marmonner :
« Vous avez déjà couché ensemble. »
« Comment sais-tu ça ? » s’étonna Nevra.
« Je l’ai entendu la dernière fois, avant notre bain, quand tu étais avec cette fille. » expliqua Moody.
« Tu es jalouse ? » sourit malicieusement Ezarel.
« Jalouse, non. Avide d’une nouvelle aventure, oui. » répondit-elle, sans perdre son objectif de la soirée.
Nevra grogna faiblement, l’elfe lui décocha un regard avant de reporter son attention sur la lunienne.
« Il ne partage pas ses jouets favoris. » déclara-t-il.
« Je ne suis pas un jouet ! » s’indigna la lunienne.
« Qui a dit que c’était toi la favorite ? » renchérit l’elfe tout sourire.
« Stop. » intervint Nevra en levant les yeux au ciel, rompant leur contact.
Elle posa son regard sur lui, tentant de sonder ce qui pouvait le tracasser.
« Je t’ai connu plus entreprenant. » lui reprocha-t-elle.
« Notre jeu ne concerne que nous. » dit Nevra en croisant ses bras d’un air renfrogné.
« Et puis coucher avec le meilleur pote de ton plan cul, c’est un peu briser notre code d’honneur. On ne couche pas avec la même fille et surtout quand elle appartient à l’une de nos gardes. »
« Mais… » commença la lunienne.
« La fille avec qui on a couché était une obsidienne. Tu es une ombre, je ne peux donc pas coucher avec toi. » déclara Ezarel.
« Et je ne veux pas que notre jeu finisse comme ça. » surenchérit Nevra.
Moody fit la moue en observant les deux hommes tour à tour, croisant à son tour les bras. Il lui restait néanmoins une dernière carte à abattre, ce qui fit ourler ses lèvres d’un sourire malicieux.
« Même si je m’appelle Nurly ? » tenta-t-elle.
L’elfe éclata de rire, amusé de sa volonté. Le vampire balança son visage en arrière, un grondement s’échappant de ses lèvres. La lunienne se pencha vers lui en battant des cils avec un air mielleux, remontant ses ongles le long de son bras.
« Ça n’aura aucun impact sur notre jeu, je te le promets. Dites-moi oui ou non, et selon celle choisie, je jure de ne plus insister, de garder cette conversation secrète et de ne pas me vexer. »
Nevra soupira et baissa son regard vers celui de l’elfe qui se mordait l’intérieur de la joue. Elle les observa avoir une discussion silencieuse tout en se détachant du vampire, s’asseyant docilement sur sa chaise.
« Elle sait être persuasive. » confessa l’Absynthe à son attention.
« Tu comprends maintenant pourquoi jouer avec elle en vaut la chandelle. » répliqua le capitaine de l’Ombre.
Ezarel hocha la tête avec un sourire malicieux.
« Tout ne dépend que de toi maintenant, Jafer. »
Moody se retint de sautiller d’excitation sur son siège, osant poser un regard sur son voisin. Nevra eut un sourire équivoque à l’égard de son ami. L’elfe se leva de sa chaise, les deux mains à plat sur la table.
« Je vais chercher du miel et je vous rejoins dans la chambre, alors. »
« Oui. » dit Nevra.
Sans un mot de plus, il disparut dans la foule de la taverne et Moody s’embrasa en sentant les lèvres de son Capitaine glisser contre sa jugulaire et ses doigts s’enrouler autour de sa hanche. Elle eut un petit rire nerveux en passant sa main contre son torse avant de se lever à son tour, accompagnée du vampire qui lui saisit la main pour quitter les lieux et rejoindre l’étage. Comme deux ombres, le couple s’engagea à pas de Maülix dans le corridor pour se glisser dans la chambre des deux hommes. Une fois à l’intérieur, le vampire plaqua la petite femme contre le mur en pierre, la fossette creusée, il pencha son visage vers elle pour murmurer :
« Jure-le. »
« Jurer quoi, joli vampire ? » répondit-elle sur le même ton, sa bouche frôlant la sienne.
« Jure que si l’on couche ensemble ce soir, que j’aille profondément en toi, cela n’aura aucun impact sur notre partie en cours ? »
Il se colla davantage à elle, la hanche serrée dans sa paume. Le vampire prit la cuisse de la lunienne pour la lever. Elle soupira fiévreusement contre ses lèvres avant de relever ses yeux pour les plonger dans le sien.
« Je jure que mes intentions les plus sensuelles et les plus sexuelles, pour une nuit avec toi, seront toujours d’actualité après cette nuit. » susurra-t-elle.
Nevra eut un sourire satisfait en se penchant à son oreiller pour souffler :
« J’espère que tu ne joues pas. Je ne suis pas du genre à partager mes conquêtes avec Ezarel, sauf si elles sont obsidiennes. »
« Qui est Ezarel ? » rétorqua la jeune femme en passant une main sur le ventre de son partenaire.
Le rictus de l’homme s’élargit un peu plus, et il lâcha sa partenaire pantelante lorsque l’elfe fit son apparition dans la chambre avec son petit pot de miel. Il posa son regard avide sur la lunienne :
« Je me suis toujours demandé quel goût avait le miel sur ta poitrine. » déclara-t-il en fermant à double tour la porte de la chambre.
Elle gloussa avec un air naïf, coinçant son index entre ses lèvres.
« A toi de me dire, mon cher Rudras. » provoqua-t-elle.
« Jafer. » dit Ezarel en fixant le vampire.
« Nurly est entièrement à nous ce soir. » déclara son interlocuteur.
Son air narquois ne cachait pas le désir qu’il éprouvait pour la jeune femme aux cheveux de jais. Elle sentit ses joues s’enflammaient instantanément quand ils s’approchèrent d’elle pour la coincer contre le mur. Leurs mains baladeuses et avides embrasèrent chaque parcelle de peau encore cachée par ses vêtements qu’ils effleuraient. Moody s’abandonna dans les bras de ses deux amants pour la nuit. (☽☾ partie nsfw sur
wattpad) Les trois amants s’adonnèrent à leur plaisir, le silence ambiant brisé par leurs gémissements, le claquement de leurs peaux humides, leurs souffles saccadés. Nevra atteignit le premier son plaisir ultime, entraînant dans sa chute Moody puis Ezarel qui en eut le souffle coupé. Un hurlement silencieux s’échappa de ses lèvres entrouvertes, le corps cambré et pris de spasme.
Le vampire s’écroula contre la poitrine de la lunienne alors que l’elfe se retirait de lui pour rouler aux côtés du couple. Essoufflés, chacun tentait de reprendre pied avec la réalité. Moody passa une main tremblante sur son visage moite avant de le tourner vers l’elfe. Nevra se laissa glisser mollement contre le ventre de la jeune femme en fermant les yeux, l’air satisfait. Ezarel prit la main libre de la lunienne pour y déposer un baiser, elle lui sourit et baissa son regard sur l’homme couché sur elle, n’osant pas bouger lorsqu’il enserra sa taille de ses bras.
« Tu dors avec nous ? » proposa l’elfe en se couchant sur le flanc, de façon à poser sa tête contre l’épaule de la jeune femme.
« Je partirai en catimini. » lui murmura Moody. « Commencez à dormir. »
D’un geste tendre, elle caressa les cheveux de chacun de ses partenaires pour les faire somnoler. La lunienne ne bougea pas d’un iota, perdue dans ses pensées, elle fixait le plafond en bois tout en écoutant les légers ronflements des deux hommes et le crépitement du feu qui se mourait lentement dans la cheminée. Elle inspira puis expira doucement, ses doigts dessinèrent des arabesques entre les omoplates de ses partenaires. Elle était sustentée et ravie de cette soirée en leur compagnie, espérant qu’ils ne regrettaient pas de lui avoir cédé. La lunienne pinça ses lèvres et attendit encore un moment. Quand elle fut libérée des bras de Nevra, elle s’extirpa discrètement des draps non sans laisser un baiser léger sur chacune des joues chaudes à sa disposition. Le vampire ouvrit son œil valide et endormi pour la regarder, la lunienne se contenta de lui offrir un sourire mystérieux et une dernière caresse sur le bout de son nez. Elle réunit ses affaires, enfilant simplement la robe rouge fendue sur son corps. Tant pis si elle croisait quelqu’un dans les couloirs.
Moody quitta la chambre en catimini, comme promis. Quand la porte fut fermée, une autre s’ouvrit et une odeur mentholée flotta jusqu’à ses narines. La lunienne se figea immédiatement sans oser jeter un regard vers la source du parfum entêtant. Elle patienta, se pensant invisible sur le moment.
Si je ne le vois pas, il ne me voit pas, pensa la lunienne bêtement. Prenant son courage à deux mains, elle releva le menton et tourna les talons pour se diriger vers sa chambre, l’air de rien. Elle devait passer obligatoirement devant l’Etincelant posé contre l’encadrement de sa porte, bras croisés.
« Votre odeur n’a plus rien d’alléchante. » lâcha-t-il quand elle fit profil bas en passant sous son nez.
Moody se stoppa dans sa marche et leva le visage vers lui, le foudroyant du regard. L’homme était vêtu d’un kimono noir, laissant entrevoir la forme sculptée de ses pectoraux et abdominaux. Elle suivit la trace de son V, se demandant le temps d’une seconde s’il était nu. Lance laissa son regard glacial glisser sur les formes apparentes de la jeune femme et contracta les mâchoires en appréciant la vue. Il fit taire le dragon qui voulait s’approprier son corps et le garder jalousement pour lui. Il ne devait pas céder à cette pulsion, pas maintenant.
« C’est bon ? Vous avez fini de me reluquer comme un pervers ? Je peux aller me coucher ? » s’agaça la lunienne.
« Dit-elle alors qu’elle scrute ma queue avec envie. Vous n’avez pas été rassasiée ? »
Moody détourna le regard et la main du guerrier saisit aussitôt sa gorge, l’obligeant à lâcher ses affaires par terre et se hisser sur la pointe des pieds. Elle couina faiblement, plantant ses ongles dans la chair de son poignet pour le contraindre à relâcher sa prise. Elle ne savait pas comment interpréter son accès de violence actuelle. Elle était terrorisée mais ne voulait pas se laisser gagner par la panique. Qu’avait-elle fait de mal en prenant du plaisir ? Était-il jaloux ? Ses améthystes fixèrent les saphirs hypnotisants, remarquant enfin cette lueur perverse et libidineuse qui y régnait. Même si l’Etincelant ne laissant rien transparaître, il voulait lui aussi la posséder. Sa voix caverneuse résonna dans son oreille :
« Vous devriez plutôt vous contenter d’une race capable de vous satisfaire pleinement, ça vous évitera d’être aussi versatile et en manque constant. Traînée d’Eel. »
Moody cracha au visage de l’homme, comme la première fois qu’elle s’était retrouvée dans cette situation mais il ne la lâcha pas pour autant, ricanant faiblement.
« Vous devriez me lâcher. Mon futur mari n’aimerait pas avoir un jouet abîmé. » siffla-t-elle d’une voix étouffée.
Soudainement, profitant de l’inattention de l’homme, elle lui décocha un coup de pied bien placé entre ses jambes. Lance gronda et elle tomba sèchement au sol, égratignant ses genoux diaphanes. Il se tenait à genoux, la main entre les jambes, un regard assassin posé sur la petite femme qui attrapait ses affaires. Le duo se toisa avec mécontentement.
« Petite garce. »
« Si je suis une garce, vous êtes le pire connard que j’ai rencontré. Qu’importe votre race, je ne vous ferai jamais le plaisir de coucher avec vous. Votre frère a déjà rempli cette tâche, en premier et m’a entièrement comblée. Il fallait saisir votre chance. » railla la lunienne sans baisser le regard.
Le dragon eut un sourire mauvais en la fixant, si seulement elle savait ce qui l’attendait. Si seulement elle comprenait.
« Les vampires et les elfes ne sont pas dignes de votre rang, princesse. » dit-il.
« Vous n’êtes pas digne non plus avec vos couilles bleues et votre queue souillée par une kitsune qui ne vous comble pas assez vu que vous me courrez après. » rétorqua-t-elle. « Et je vous interdis de me donner des surnoms. »
« Comme il vous en plaira, traînée. »
Il se releva, les mâchoires serrées. Elle l’imita, le regard haineux et recula de plusieurs pas, apeurée. L’adrénaline commençait à quitter son corps.
« Mais vous ne pourrez pas me repousser indéfiniment. Un jour vous céderez à l’instinct sauvage qui règne en vous, et vous ne pourrez rien faire pour fuir cette pulsion excitante. » dit Lance d’une voix grave. « Ce jour-là, vous aurez besoin de moi. »
« Plutôt coucher avec un troll. » rétorqua la lunienne.
Moody réprima la flamme qui embrasait le bas de son ventre, repoussa l’idée de lui sauter au cou pour lui faire ravaler ses propos. Elle n’était pas son pantin et pourtant son attraction ne faisait que de l’attirer vers le charme magnétique de l’homme face à elle. Il avait raison, mais jamais elle ne céderait. Tout comme Lance ne pouvait se résilier à la fuir. Il voulait la posséder, la marquer et la ramener comme trophée à Drachenversteck. Leur pays.
« Vous êtes un grand malade… » s’indigna la lunienne en reculant.
« Et vous deviendrez aussi folle. » lui dit l’homme, comme une promesse.
Il s’enfonça à nouveau dans ses appartements, laissant la jeune femme ahurie, seule dans le couloir noir. Elle manqua de tomber en retournant vers sa chambre, troublée par la véracité de ses propos. Elle devenait folle. Une fois dans ses quartiers, elle laissa tomber ses affaires et glissa contre la porte, tremblotante. Ses doigts caressèrent son cou meurtri, elle priait intérieurement pour n’avoir aucune trace demain. Sa tête se posa contre le bois de la porte, fermant les yeux, elle voudrait retourner se réfugier dans le creux des bras de Nevra et oublier ce moment. Elle eut un rire jaune.
Quelle ironie pour une amnésique. Moody finit par se relever doucement quand son choc fut décimé, s’approchant de la baignoire en se déshabillant. Elle se glissa dans l’eau lactée et attrapa les pétales d’arnica pour se laver et panser l’hématome à son cou, lorsqu’elle eut fini, elle en fit de même avec son linge souillé et le pendit près de la cheminée. Nue, elle se cacha sous les couvertures en fourrure, entraînant avec elle un coussin qu’elle enlaça. Demain était un autre jour. Une nouvelle aventure. Et Lance ne l’empêchera pas.
Le lendemain matin, la petite troupe se retrouva à la taverne pour profiter d’une collation matinale. Moody ignora soigneusement le regard de chaque homme présent autour d’elle, mal à l’aise. Même si elle avait voulu de ce plan à trois, les propos de Lance avait eu un impact sur son moral. Oui elle avait été comblée, mais elle était indigne d’avoir fait endurer ça aux deux amis. Si tout ça ne se serait pas passé, ça n’aurait pas entraîné son altercation avec Lance, ni la conversation qu’ils ont entretenue. Elle regrettait parce qu’elle était pitoyablement accro au sexe, incapable de se contenir et devenait celle qu’elle n’était pas pour assouvir ses désirs malsains. Ses améthystes fixèrent la boule de pain devant elle avant qu’on ne claque des doigts devant ses yeux. Elle cilla et secoua la tête avant de la redresser pour reprendre le fil de la conversation.
« Nous prenons la route dans une heure. Prévoyez des tenues chaudes, nous devons passer par-dessus la montagne pour rejoindre les terres des Fenghuangs. » annonça Lance après avoir étalé une carte sur leur table, traçant le chemin de son doigt. « Nous nous arrêterons au sommet et nous monterons un campement. »
Le trio hocha la tête. Moody trempa ses lèvres dans son thé et se délecta de sa chaleur.
Encore une mauvaise nuit à passer. Après, peut-être aurait-elle un accueil chaleureux par son fiancé. Elle finit de grignoter son pain et quitta la table, talonnée par Nevra qui la suivit à l’intérieur de la chambre et prit doucement son poignet pour la tourner vers lui, la sondant de son œil.
« Ça ne va pas ? » s’enquit-il.
« Tout va bien. » rassura-t-elle avec un petit sourire.
« Tu mens. » reprocha-t-il en relâchant le poignet blanc.
Elle soupira en croisant ses mains devant elle.
« Je regrette simplement d’avoir négocié qu’on couche tous les trois, dans la précipitation de mes désirs. »
Son regard se baissa, honteuse. Le vampire pencha son visage sur le côté, légèrement surpris, puis s’approcha d’elle, un bras derrière ses épaules pour la blottir contre son torse. Il la serra légèrement et elle se laissa faire.
« Est-ce que tu m’en veux ? » demanda-t-elle dans un murmure.
« Non. » répondit-il en posant son menton au sommet de son crâne. « Et Ezarel non plus, rassure-toi. Nous avons apprécié le moment et ne regrettons aucunement notre choix. »
« D’accord. » dit-elle à voix basse, enlaçant les hanches de son capitaine.
Il la serra un peu plus puis déposa un baiser contre sa tempe avant de la relâcher en douceur. Le vampire lui sourit avant de tapoter le sommet de son crâne.
« Sympa la petite culotte accrochée près de la cheminée, je crois l’avoir déjà vu. » taquina-t-il.
Moody fit la moue et lui pinça doucement la joue.
« Va-t’en ! » grogna-t-elle.
« A vos ordres, petite femme ! »
Elle lui tira la langue, il la gratifia d’une révérence, le regard malicieux.
« Jolie langue. » complimenta-t-il.
« Joli nez. » renchérit-elle.
La lunienne lui balança un oreiller avant de rire faiblement en le regardant quitter la pièce. Plus détendue que ce matin, elle s’empressa de terminer ses valises et s’habiller chaudement pour le reste du voyage. Elle but une gorgée de sa potion pour garder la couleur noire de ses cheveux et quitta la chambre pour rejoindre les écuries. Un gnome prit ses valises pour le lui apporter jusqu’à sa monture. Ezarel vérifiait les selles avant de jeter un regard à la lunienne.
« Fais pas cette tête. T’es immonde. » lui dit-il.
« T’as vu la tienne ? » rétorqua-t-elle, tout sourire.
L’elfe lui adressa un clin d’œil avant de l’aider à monter sur son familier équidé qu’elle salua d’une caresse contre son cou. Elle s’inclina respectueusement quand la doyenne du village vint à leur rencontre, la remerciant pour son hospitalité. Quelques minutes plus tard, la petite troupe quitta Balenvia pour se diriger vers le sommet des montagnes. Ils passèrent dans la vallée des myconides. Moody observa les différents gouffres ouverts le long du flanc de la montagne, apercevant quelques champignons humanoïdes curieux. Le vent lui glaça les joues, et la lunienne enfonça un peu plus son visage dans ses écharpes. Seuls Lance et Nevra ne semblaient pas ressentir la fraîcheur de l’altitude. L’Etincelant n’avait pas prévu de s’arrêter en chemin alors quand le besoin se fit ressentir, Moody croqua dans un fruit caché dans une besace attachée sur les côtés de son destrier. Un peu plus tard dans la journée, elle demanda une courte pause.
« Pourquoi ? » s’énerva Lance.
« Parce que je n’ai pas de pot de chambre à disposition ! » répondit la lunienne sur le même ton.
La troupe se stoppa pour les besoins de la jeune femme et repartie aussitôt vers le point d’arrivée. Parfois, Ezarel lui faisait la leçon sur les plantes environnantes puis Nevra venait la taquiner sur son incapacité à tolérer le froid. C’est le souffle court et le cœur battant que les quatre soldats arrivèrent au sommet, baignés par la lumière et la chaleur douce du soleil. Moody aida les hommes à dresser les deux tentes, l’une d’entre elles lui étant réservée.
« On se relaiera pour les tours de garde cette nuit. » dit Lance. « Moody n’en fera pas. »
« Pourquoi ? » s’indigna-t-elle en rangeant ses affaires dans sa tête.
« J’aimerai que vous soyez fraîche pour votre fiancé. » dit-il d’un ton sarcastique.
Elle ne répondit pas à sa provocation et tourna les talons pour pénétrer dans sa tente pour aménager son lit de camp puis méditer loin de l’agitation de testostérone autour d’elle. Moody ne ressortit de sa tente que lorsque le soleil commença à se décliner. Le feu de camp était déjà allumé et Ezarel était déjà aux fourneaux, Nevra revenait avec du bois tandis que Lance regardait à l’horizon. Elle s’installa à bonne distance de l’homme et regarda Ezarel qui lui tendit une bolée remplit de bouillon et de bout de viande. Elle mangea en silence, observant la chute du soleil derrière les pics des montagnes. Les températures tombèrent aussitôt et la jeune femme s’emmitoufla dans une fourrure que lui tendit Nevra.
« Comment fais- tu pour ne pas avoir froid ? » s’enquit-elle, jalouse.
« Je suis un vampire. Je n’ai pas réellement besoin de respirer ni de faire circuler du sang dans mon corps. » répondit-il, tout sourire. « Sauf pour me nourrir ou me guérir. Je suis à moitié mort. »
A ses mots, Ezarel lui tendit une fiole remplie de liquide vermillon et chaud. Nevra se délecta de son repas sanguin. L’elfe s’installa aux côtés de la lunienne pour boire son bouillon à son tour.
« Je prends le premier quart. » dit Lance.
« Je prends le second ! » s’empressa de dire Ezarel.
« Je prends le dernier, j’imagine. » bougonna le vampire.
Les discussions banales reprirent et Lance s’éclipsa pour faire son premier tour. Les trois autres se retirèrent peu après pour rejoindre leur tente respective. Moody grelottait légèrement et fixa la petite bassine d’eau. A contre cœur, elle se déshabilla pour entreprendre une toilette rapide avant de s’emmitoufler à nouveau dans ses habits. Une fumée blanche quittait sans cesse ses narines jusqu’à ce qu’elle s’allonge sur sa couche peu confortable. Son corps se mit à trembler inlassablement. Ses dents claquèrent. Elle tentait tant bien que mal de se réchauffer, les bras entre les jambes. Que la nuit allait être longue. Son petit corps s’enfonça un peu plus sous les couvertures, les rafales de vent froid balayaient le tissu de sa tente. L’entrée de cette dernière s’ouvrit sous une nouvelle bourrasque, entraînant avec elle l’odeur propre à Lance. La lunienne sortit la tête de son cocon et écarquilla les yeux avant de dire d’une voix tremblante :
« Qu’est-ce que vous faîtes ? »
Il la toisa avant de grogner, se débarrassant de son manteau.
« Je ne vais pas pouvoir dormir avec tous ces claquements de dents et ces gémissements plaintifs. » répondit-il en se déchaussant.
« Dégagez d’ici ! » cria-t-elle en rabattant les couettes sur elle, tournant le dos à son lieutenant.
C’est à ce moment que Nevra passa une tête dans la demeure provisoire de la lunienne, lorsque Lance ôta son haut pour être torse nu. Les deux hommes se toisèrent.
« Fous-lui la paix. » claqua sèchement le vampire.
« Elle a les lèvres bleues. » rétorqua l’homme à moitié nu sous le blizzard.
« Elle vous entend ! » railla la lunienne en se dévoilant à nouveau avant de pousser un cri de surprise en voyant les deux hommes. « Pourquoi vous êtes à moitié à poil ? Nevra ferme moi cette putain de tente ! »
Le vampire s’exécuta en pénétrant sous le petit chapiteau, bras croisés sur son torse.
« Retourne te coucher. » ordonna le dragon. « Je m’occupe d’elle. Ce n’est pas toi qui vas la réchauffer, ni Ezarel qui est en train de faire sa ronde. »
« Ne la touche pas. » s’agaça le Capitaine de l’Ombre.
« Sinon quoi la sangsue ? Je suis bien plus chaud que toi. » gronda Lance en s’approchant de lui.
« Mais ce n’est pas bientôt fini votre cirque ? » s’exclama la lunienne en se redressant dans son lit de campement.
Elle était au bord de la crise de nerf. Le froid lui mordait les joues, la guerre de testostérone dans son habitacle la rendait plus qu’agacée. Nevra toisa Lance, tout croc dehors.
« Je ne suis pas encore sur le point de te la voler. » provoqua l’Etincelant. « Dors sur des deux oreilles, vampire »
« Fermez-là ! » ordonna Moody, tremblotante, les bras croisés.
Nevra bouscula son supérieur pour s’approcher de la lunienne, la sondant avant de poser ses mains sur ses épaules tendues. Elle trembla un peu plus et leva un regard désolé vers lui, le froid de son corps à moitié cadavérique ne l’aidait pas à se réchauffer, malgré son attirance pour son chef.
« Ça va aller… » murmura-t-elle à son attention. « Je ne sais pas ce qu’il a prévu mais s’il se passe quelque chose, mon poignard n’est pas loin. »
Le vampire passa une main contre sa joue afin de la caresser et se redresser à contrecœur.
« Ne t’avise pas de lui faire du mal. » dit-il d’une voix menaçante.
« Je vais me contenter de la faire survivre. »
Lance se contenta de lui décocher un sourire en coin malsain et le vampire quitta la tente, non sans un dernier regard vers la lunienne transie de froid. Seule avec Lance, elle le toisa avec mécontentement, il lui donnait davantage la chair de poule à être aussi dévêtu. Son regard parcourut sa stature imposante à la couleur basanée, remarquant une cicatrice boursouflée le long de sa jugulaire gauche jusqu’à son épaule.
« Ce serait mieux si vous enleviez vos vêtements. »
Elle le foudroya du regard. Il haussa les épaules.
« Premier cours de survie, petite idiote. » ajouta-t-il.
La lunienne quitta ses couvertures avec le peu de dignité qui lui restait pour se débarrasser de ses chaussettes et de son pantalon, cependant elle gardait son haut à manches courtes. Elle fixa l’homme sans cesser de trembler, au point de lui faire mal à chaque muscle.
« Vous préférez dormir à gauche ou à droite ? » demanda Lance.
« Je préférerai que vous la fermiez pour toute la nuit. » grommela-t-elle.
Il lui adressa un sourire narquois et l’invita d’un geste de la main à se recoucher. Elle obéit sans résistance et s’allongea, dos à lui. Le géant se glissa derrière elle, en cuillère et rabattit les couvertures sur eux. La lunienne refusait un quelconque contact, et pourtant il en profita pour passer un bras ferme autour de son ventre et la tirer vers lui jusqu’à sentir son dos contre son torse. Elle se sentit ridiculement petite et fragile. Lance ne tenta aucun geste déplacé alors que sa chaleur enveloppait la lunienne. Ses tremblements cessèrent au bout de quelques minutes et elle se détendit un peu plus, tentant d’ignorer la présence dans son dos. L’Etincelant se contentait de la regarder dans la pénombre, appréciant intérieurement le peu de contact qu’ils avaient. Elle se laissa tomber dans les bras de Morphée, suivit du lieutenant qui la protéga du froid pour le reste de la nuit, apaisé par son odeur florale.
« Pourquoi ne craignez-vous pas le froid ? » demanda-t-elle à voix basse. « Vous êtes un homme des neiges ? »
« En quelque sorte. » dit-il, mystérieux. « Dormez maintenant. »
Elle fixa le tissu de la tente, écoutant la respiration calme de l’homme dans son dos. Ses bras se blottirent contre sa poitrine opulente lorsque Lance bougea pour mieux se caler, la couvent d’une manière protectrice pour le reste de la nuit.