
Salutations,
Voici deux textes respectant les ordres 7 et 8:
Mission d’ordre 7
Le village d’Azmarin, niché entre les montagnes et la mer, baignait autrefois dans une chaleur douce et des vents salés qui rendaient l’été presque supportable. Mais cette année, l’été s’était figé. Littéralement. Depuis cinquante-deux jours, le soleil restait suspendu au-dessus de l’horizon, immobile. Les ombres n’avaient plus de direction. Les rivières étaient à sec. Les cultures mouraient. Les enfants ne riaient plus. Les oiseaux étaient partis depuis longtemps. Et au sommet de la colline, dans une tour oubliée, un mage s’en réjouissait. Il s’appelait Valien, et autrefois, il fut le Protecteur des Saisons. Sa tâche était de veiller à l’équilibre des éléments. Mais le cœur de Valien avait été fendu le jour où Saelya, sa bien-aimée, était morte d’un hiver trop précoce. Il avait supplié les Hauts-Mages de le laisser réécrire les cycles. On lui avait ri au nez.
Alors, il avait volé un fragment de la Pierre des Flux, celle qui régule le temps climatique. Et avec elle, il avait emprisonné le soleil au zénith, figé l’air dans une tiédeur étouffante, scellé la pluie. L’été ne s’arrêterait jamais. Dans le village, Neris, une herboriste, observait les signes. Chaque jour, elle gravissait la colline. Elle sentait la magie gronder, brûlante, déséquilibrée. Elle savait que quelqu’un, là-haut, tenait l’été captif. Son frère avait vu des éclats d’or flotter la nuit près de la tour, des fragments d’éclairs inversés, suspendus dans l’air. Neris, elle, avait rêvé de Saelya, pleurant des feuilles mortes dans une mer de lumière. Elle prit sa cape, une bourse de terre de printemps, et grimpa. La tour était en ruine. Mais au sommet, un cercle de runes brillait. Valien flottait au centre, le regard vide, la Pierre des Flux pulsant devant lui.
- Tu voles les jours, Valien, dit-elle. Tu arraches l’automne, l’hiver… la vie.
Il la fixa sans la reconnaître.
- L’été est pur. Il ne blesse pas.
- Non, murmura-t-elle. Il brûle, s’il dure trop. Et Saelya… elle voulait un cycle, pas une prison.
Elle jeta la terre de printemps dans le cercle. Les runes vacillèrent. Valien cria. L’illusion se brisa. Il retomba au sol, la Pierre craquela. Un nuage apparut pour la première fois depuis deux lunes. Au village, la température chuta de quelques degrés. Une pluie fine tomba. Les gens dansèrent. Un enfant leva les bras vers le ciel et rit. L’été avait été relâché.
Mission d’ordre 8
Le vent portait encore l’odeur de la mer, mais tout semblait plus lourd ce soir-là. Dans la vieille maison au bord de la falaise, Maëlys remontait le temps à sa manière : en ouvrant les tiroirs qu’elle n’osait plus toucher depuis des années. Le soleil déclinait, dorant les murs d’une lumière douce, presque sucrée, comme l’odeur de vanille qui persistait dans les papiers d’antan, dans les lettres d’un autre siècle. Elle s’assit sur le vieux banc de bois, celui qui grinçait toujours au même endroit, et laissa ses doigts glisser sur les pages jaunies.
Une photo en tomba. Un garçon, un sourire de travers, une main sur son chapeau. Elle ferma les yeux. Le sable des souvenirs revint, vif, brûlant. La plage, l’été, la course, le baiser volé. Et puis l’orage, la guerre et l’oubli. Dans le silence, une horloge tinta. L’ancienne, dans le salon, que son père n’avait jamais réparée. Pourtant, elle battait maintenant. Un tic-tac régulier, comme un cœur revenu à la vie. Maëlys descendit lentement, pieds nus sur les dalles froides. L’horloge fonctionnait. C’était impossible. Elle tendit la main et une voix l’arrêta.
- Tu te souviens enfin.
Elle se retourna: personne. Seulement le reflet flou dans le verre. Son reflet, et… un autre, derrière elle. Le même sourire, le même chapeau.
- Tu n’es pas réel, murmura-t-elle.
Mais l’écho de sa voix fut repris par une autre, plus grave, plus jeune.
- Je suis ce que tu as laissé derrière.
La maison se transforma. La lumière se fit plus vive, l’air plus chaud. Le temps glissa. Les murs respirèrent. Et sur son bras, une cicatrice, ancienne, oubliée, se remit à brûler comme au premier jour. Elle revivait. Le sable entre ses doigts. Le cri du vent. Le sang sur la pierre.
- Tu es mort, souffla-t-elle. Je t’ai perdu.
- Et moi, je t’ai attendue, dit-il doucement. À chaque battement de cette horloge figée. À chaque nuit où tu as refusé de revenir.
La douleur était vive. Trop réelle. Mais au cœur de cette magie étrange, de cette mémoire enchevêtrée, Maëlys comprit : il ne s’agissait pas de réparer le passé. Juste de le reconnaître. Elle s’approcha du reflet, sa main frôla le verre et le garçon sourit. Puis, lentement, il s’effaça. L’horloge s’arrêta et le silence retomba. Mais dans le cœur de Maëlys, quelque chose avait changé. La maison était toujours vide. Mais plus figée. Elle remonta l’escalier, le cœur battant au rythme du souvenir. Elle ouvrit les fenêtres. Et la mer chanta.
Mes commentaires
ivicy: Texte 1: Pas très sympa pour les parisiens cette pluie de vase et de crapauds. :’)
N’empêche les pouvoirs de Louie sont bien pratiquent, j’ai bien aimé les descriptions.
Texte 2: Intéressant ce texte ! J’aimerais bien savoir ce que les Épéistes du Sable vont apprendre à Kira - très joli prénom au passage - et que va faire son épée animée de sa propre volonté. ^^’
Bonne lecture.

« Illusion is Mine »
Dernière modification par Khidra (Le 30-07-2025 à 16h51)
