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Je me souviens. De tout. De la chaleur étrange de ce dernier été. De cette nuit qui s’est doucement effacée dans une neige inattendue. Aveury pensait que c’était une erreur du ciel. Moi, je savais. Je sentais. Ce n’était pas la météo. C’était le monde, tout entier, qui s’était penché sur nous. Un souffle immense, une émotion trop vaste. Et la neige, douce, lente, était sa réponse.

Minuit avait sonné. L’horloge l’indiquait. J’avais regardé Aveury avec certitude, comme si je portais en moi les secrets du ciel. Elle avait tendu la langue, attrapant les flocons. Ils brillaient, figés dans la lumière orangée. Moi, je ne les goûtais pas. Je les écoutais. Car chaque flocon avait un murmure. Un écho, un souvenir.

Depuis cette nuit, rien n’a suivi son cours. Les saisons se confondent. Les étoiles dansent au rythme de souvenirs. Et les parfums... ils collent à notre peau comme des promesses non dites. Je sentais le sapin, comme ma forêt. Et parfois, j’entendais les arbres. Ma forêt. Elle me manque tant, mais je ne pourrais jamais y retournée. Elle me hante. C’est là-bas que j’avais appris à écouter, que j’ai commencé à comprendre que les saisons ne suivaient pas toujours les lois du ciel. C’est là-bas que j’avais appris la magie. Mais nous ne parlions jamais de ça. C’était notre cicatrice.

Chaque mois, nous revenons là comme cette derniere nuit d'été où tout avait basculé. Sous cet arbre qui souffle encore. Aveury croit qu’il parle. Moi, je sais qu’il écoute. Il garde les voix. Il garde les larmes. Il garde la magie.

Des bonhommes de neige sont apparus, là où les enfants jouaient autrefois dans le sable. Et la neige revient. Parfois. Quand quelqu’un dans le monde ressent trop fort. Et elle fond doucement, comme les larmes d’un passant, comme les silences entre nous. Et alors que la neige fondait doucement dans les creux du square, Aveury s’était tournée vers moi, un sourire taquin au coin des lèvres.

"Et si on allait se chercher une glace à la vanille ? Juste pour voir si le goût me ramène encore là-bas…"

J’ai ri. Pas fort. Juste ce qu’il faut pour faire vibrer les branches au-dessus. Je savais au fond de moi que c’était ce qu’elle sentait. Le vieux chêne me l’avait soufflé dans un écho de souvenir.

mission de rang SS

La foudre. Elle fendait le ciel depuis le début de l’été. Pas une journée, pas une soirée sans qu’elle ne frappe un arbre, une maison, une voiture. Les éclairs zizaguaient à travers le monde, prêts à le réduire en cendre. Et en cette dernière nuit d’été, leur danse se trouvait plus violente que jamais. Léonard, son ourson en peluche à la main, les observait de la fenêtre de chambre.

Les éclairs rebondissaient sur le dôme magique protégeant l’imposante demeure. Léonard voyait son père dans le jardin poursuivre son incantation appelant la foudre. Pas de château de sable pour le petit garçon cet été, sa mère était partie, emportant avec elle la joie de son père et ne laissant derrière elle qu’une colère infinie. Léonard enfonça son nez dans son ourson, respirant le parfum de vanille encore légèrement persistant de sa mère qui ne reviendrait pas.

Le tonnerre gronda et le plancher craqua. Léonard fonça hors de sa chambre et remonta le couloir sous le tic-tac incessant des horloges coulant le long des murs en papier peint recouvert d’hibiscus. Les fleurs préférées de sa mère. A présent griffées de toute part, comme pour illustrer les cicatrices invisibles infligées à son père.

Un grondement étouffé fit sursauter le petit garçon. Il appela le majordome, mais seul l’écho inquiétant de sa voix lui répondit. Léonard, son ourson collé contre sa poitrine, se précipita dans les escaliers descendant dans le hall central et trébucha. Il atterrit sur le dos, sonné pendant quelques instants alors que des étoiles virevoltaient autour du lustre en cristal. Le petit garçon se releva et sortit par la porte d’entrée entrouverte.

La foudre se déchaînait à l’extérieur et son père clignotait comme un feu défaillant.

— Papa, appela le petit garçon, mais Alfred ne l’entendit pas.

Le mage ne parvenait pas à surmonter la peine de la perte de sa femme. Son cœur se déchirait autant que le ciel et rien ne pourrait recoller les morceaux. C’était la dernière nuit de l’été. La dernière nuit qu’il passerait sans sa femme à ses côtés. Il concentra tout son pouvoir et appela le plus gigantesque et foudroyant éclair qui pourfendit la nuit étoilée et le manqua de quelques centimètres.

Le choc propulsa Alfred à travers la pelouse du jardin versaillais et son dos cogna contre la fontaine de pierre qui ne crachait plus d’eau depuis la disparition de sa femme. La foudre cessa aussitôt, le sort rompu. Le mage qui avait épuisé l'entièreté de sa magie cligna plusieurs fois des yeux avant d’apercevoir un petit corps calciné tenant la carcasse d’un ourson en peluche qu’il ne reconnaissait que trop bien.

Cette dernière nuit d’été, tout bascula pour Alfred. Il ne perdit pas seulement sa magie, mais également son fils et passa le reste de son existence à se blâmer pour sa mort, ne méritant pas le repos pour ce qu’il avait fait.

commentaire

Khidra :

texte 1 : J'aime beaucoup ta plume et ton histoire sur l'emprisonnement de l'été m'a beaucoup plu, j'ai beaucoup aimé le courage de Neris et je trouve que tu as très bien décrit la peine de Valien.

texte 2 : ce texte est très touchant, j'aime beaucoup la façon dont on voyage à travers les souvenirs de Maëlys.

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Je passais simplement par là. Un détour pour rentrer chez moi, comme tant d'autres soirs. Le square, d'ordinaire bruyant de cris d'enfants jouant dans le sable et de vélos grinçants, semblait avoir basculé dans une autre réalité depuis cette dernière nuit d'été. Je ne me souvenais plus quand c'était exactement, je n'y avais pas prêté attention. Trop de travail, probablement. Mais depuis ce jour, les saisons n'existait plus, ou du moins l'été n’existait plus.

Sous le vieux chêne, deux jeunes femmes se tenaient côte à côte. Elle venait souvent depuis la derniere nuit de l'été.  Je n'avais jamais compris pourquoi. Une femme au long cheveux rose, au sourire discret, regardait le ciel comme si elle attendait un signe. Elle avait des fossettes et des tâches de rousseurs qu’elle semblait vouloir cacher. L’autre jeune femme était blonde, mystérieuse, parlait tout bas, avec une voix que le vent ne parvenait pas à emporter. Sa voix si douce contrastait avec son regard si pénétrant…

Puis j’ai remarqué la neige alors qu'on était en août. Certe il n'y avait plus d'été... mais je ne me souvenais pas d'avoir vu de la neige en août tout de même...  Une neige presque timide, tombant sans bruit. Elle ne fondait pas, elle brillait. Comme une lumière venue d’ailleurs. Une magie tranquille. Cela arrivait de temps en temps depuis plusieurs années. Je ne pourrais pas dire quand. Je n'ai pas osé m'approcher. Pourtant, je les observais. Leurs gestes étaient pleins de rituel, comme si elles rejouaient quelque chose. Je les ai entendues évoquer cette nuit étrange, l’horloge, la certitude que ce n’était pas un caprice du ciel. Une parole m’est restée comme un écho, je l’entendis à nouveau résonnait en moi :

"Ce n’est pas la météo. C’est ce que le monde fait quand les émotions deviennent trop grandes."

Me rapprochant, je sentis qu’il y avait quelque chose dans l’air. Une mémoire. Un parfum presque palpable. J’ai cru sentir la vanille. Pas celle des glaces industrielles, mais celle du gâteau que me préparait ma mère. Une larme coula sur mon visage, une cicatrice du cœur s’était rouverte en un instant. Le souvenir de ma mère. La neige tombait toujours, et je sentais que cela soulageait ma peine, ce que je n’avais jamais réussi à ressentir… Ce square était magique.

Depuis, j’y retourne parfois. Je fais semblant de promener mon chien, ou d’avoir un rendez-vous téléphonique. Mais en vérité, j’attends. J’attends de revoir tomber la neige pour me souvenir. Pour soulager ma douleur. Je crois que je ne suis plus un simple passant désormais.

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Cette dernière nuit d'été, tout avait basculé...

Alors qu'Alajéa aidait Karuto à chercher des survivants parmi les décombres du refuge, Colaïa était apparue. Sa sœur s'était effondrée à ses pieds. Son corps tremblant était parcouru de spasmes musculaires. À l'odeur de vanille et de sueur, des grains de sable étaient venus se mêler.
Désemparée, Alajéa berçait sa sœur sous le regard impuissant de Karuto. Qu'avait-il pu se passer pour que sa petite sœur leur revienne dans un tel état d'épuisement ? Se pouvait-il que les tremblements de terre aient pris leur source en mer ? Les avait-elle sentit ? Avait-elle lutté pour arriver plus vite que les éléments afin de les prévenir ?

Colaïa tentait de parler mais sa mâchoire crispée rendait le tout inintelligible. Lorsqu'enfin elle pu articuler et raconter ce qu'il lui était arrivé, le sang d'Alajéa se glaça. La réponse à cet été infernal et à ce climat déréglé leur était enfin donnée. Alajéa prit Colaïa sur son dos et couru aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Il fallait mettre Miiko au courant. Que Colaïa lui raconte. Tout de suite !

Alajéa repensait aux mots de sa sœur. Artémia... Séléné... Se pouvait-il que Colaïa ait rencontré Hécatae .. ? L'histoire des sœurs élémentaires revêtait l'allure des contes désormais. Tout remontait à il y a des centaines d'années... Existaient-elles encore vraiment ? Jamais on ne les avait entendu, jamais on ne les avait vu ! Comment un simple souhait rempli d'espoir avait pu amener à ça ? Qu'avait-on pu arracher à Séléné pour qu'une telle cicatrice les réveille toutes les trois et provoque un tel besoin de vengeance ?

« Hâte toi de porter ces mots... L'horloge tourne... »

Alajéa comprenait mieux l'état d'épuisement dans lequel sa sœur les avait rejoint. Elle avait nagé, puis couru avec l'écho de ces mots en boucle dans sa tête et dans son cœur. Dans quel état de stress pouvait être sa petite sœur ? S'en remettrait-elle seulement...

« Ali, s'il te plaît, souviens-toi...
Demain, mer et terre seront apaisées
car Artémia et moi nous serons retirées.
… Mais gare au courroux de Séléné
Ma sœur à le cœur brisé par ce que vous lui avez... arraché... »

« et la cicatrice dans son cœur ne s'est toujours par refermée.
Je sais, je sais, Colaïa. Ménage toi. Et, s'il te plaît accroche-toi mieux à moi, tu glisses. Nous sommes presque arrivées vers Miiko »

Alajéa donna une impulsion dans son bassin pour remonter sa sœur sur son dos avant de reprendre sa course.

« Ali, je suis désolée... J'ai compris.. pourquoi elle disait que les mots ont un sens... Mon cœur … trop lourd... souhait »

Alajéa tentait encore une fois de redresser sa sœur qui ne faisait que de glisser sur son dos. Alors qu'elle s'acharnait en vain, elle comprit. Une goutte de sueur froide roula le long de son dos. Elle ne sentait plus le souffle de sa sœur contre sa nuque.

En cette dernière nuit d'été où tout avait basculé, le souhait de Colaïa s'était réalisé.
Que les cœurs les plus lourds soient soulagés.

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Situé dans un quartier paisible, au cœur d'une petite ville à l'apparence banale, ce square n'avait rien d'extraordinaire... à première vue... Il était entouré d'un vieux muret en pierre, envahi par la mousse ; visible par tous, pourtant personne n'y prêtait une grande attention. Les passants le traversent sans ralentir, les enfants s'y rendent après l'école pour y jouer dans le sable, les amoureux y échangeait des secrets.

C'était la dernière nuit d'été, celle où tout a basculé, celle où le climat estival avait été déréglé par la magie dans ce square. Celle où l'air était encore tiède mais l'atmosphère déjà sur le départ. Cette nuit-là, la magie s'est glissée dans les interstices de la réalité des communs mortels. Cette nuit-là, le temps semblait s'y distordre. La neige s'était mise à tomber, à priori sans raison. Pas la neige de l'hiver, pas après l'été... mais la neige des souvenirs. Elle tombait sans bruit, ne fondait pas, et semblait éclairer les visages avec pudeur.

Depuis cette nuit elle revenait lorsqu'un visiteur revit intensément un souvenir d'amour ou de perte. Elle enveloppait les visiteurs dans une caresse silencieuse. Elle ne fond jamais, mais s'évapore lentement lorsque la personne trouve la paix comme si elle absorbait leur peine jusqu'à l'évaporation. Lorsque la cicatrice pouvait être fermée. Parfois même, une brume épaisse pouvait surgir quand une vérité cachée flotte dans l'air. Ceux qui s'y aventurent peuvent alors entendre des fragments de pensées non dites, comme des échos, les pensées se répétant sans cesse jusqu'à ce qu'elles soient acceptées. Depuis ce soir-là, chaque passant pouvait y sentir leur odeur favorite ou parfois une senteur douloureuse... Vanille, lessive, pain chaud... Elles surgissaient sans avertir...

Au bout du square, une ancienne horloge trône. Chaque année, à la même seconde, elle s'arrêtait. Et pendant ce battement suspendu, les souvenirs oubliés prennent vie : des enfants jouaient à nouveau dans le sable, un chien qui aboie... Juste un instant, mais suffisant pour faire pleurer ceux qui écoutent.

Depuis cette nuit, les émotions ont un poids réel. Le climat change, l'air se charge, les lumières vacillent. Ceux qui ignorent leurs propres douleurs ou qui n'en ont pas voient le square comme une simple aire de jeux. Mais ceux qui ont perdu, aimé, regretté... eux savent. Et parfois, ils reviennent. Pas pour marcher, pas pour discuter, mais pour attendre. Attendre que la neige retombe et que leur cœur se mette doucement à parler, à saigner, et à guérir à nouveau. 

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Faisant un signe de la main aux fenghuangs et à ses camarades qui étaient venu lui dire au revoir, Aveury repartit  avec Antarès et Prima Giédi. Les deux panalor s'entendaient à merveilles. Peut-être fallait-il y voir le reflet de son amitié avec Beliae.
Aveury avait enchaîné les allers-retours tout l'été. En fait, ceux-ci avaient débuté avec l'arrivée des  balenviennois au QG. Le climat estival était déréglé et cet été ne serait jamais oublié tant il avait été meurtrié. Les réfugiés climatiques arrivaient de toute part et le refuge d'Eel débordait. Il avait donc fallu trouver une solution. Un accord entre la garde d'Eel et le temple Fenghuang, plus épargné par les éléments, avait alors été conclu pour leur amener réfugiés et renforts pour agrandir leur refuge.

Aveury était épuisée par ces allers-retours. Mais quand elle voyait les enfants et ce que certains avaient vécu... Perdu... Elle ne pouvait s'accorder une pause. Pas maintenant. Elle caressa son ventre et pensa à Lunaih, son époux. Cela faisait déjà deux semaines qu'elle le savait. Elle attendait un enfant. Quand ses règles avaient pris de retard, elle avait pensé que cela venait de la chaleur de cet été infernal qui déréglait tout, même les corps. Mais, hormis une fatigue notable, son horloge interne ne semblait pas vraiment déréglée. Juste une forte envie de tomates ananas qui malheureusement manquaient cruellement au menu. La sécheresse en avait rendu la culture fort difficile.

Quelques heures passèrent avant qu'Aveury ne propose une pause aux deux médecins fenghuangs qui l'accompagnaient. Ceux-ci accueillirent cette idée avec plaisir. L'harnachement des panalors pouvaient être bien inconfortable pour qui n'y était pas habitué. Buvant un thé à la vanille et aux écorces de plaqueminiers, les trois compères conversèrent une heure durant de cette dernière nuit d'été qui allait céder sa place à l'automne et de ce à quoi il faudrait s'attendre ou non concernant le climat sur les cotes d'Eel. Cette conversation qui partait sur un trait d'espoir eu pour effet d'alourdir leurs cœurs. Aveury caressa à nouveau son ventre et soupira. Tant qu'à être triste et à ne pas savoir quoi faire, autant reprendre la route. Ce climat déréglé les avait tous rendus impuissant tout au long de l'été.

Bercée par les pas lourds d'Antarès et par l'écho des ronflements de ses compagnons de voyage, Aveury somnola un peu. La lumière de la lune, pleine et ronde ce soir là, la réveillait parfois. Lunaih était un sélénite. Son enfant en serait un aussi. Alors, elle lui conta une histoire :

« Tu vois bébé, c'est à la Lune qui tu es en parti lié. Ainsi qu'à Séléné. On raconte que Séléné a un cœur d'or. De ses sœurs, c'est la plus tendre, la plus douce et la plus compatissante. Elle n'avait que faire du statut social ou de la richesse d'autrui. Seul leur cœur comptait. C'est comme ça qu'elle rencontra Ashkan, un berger brownie. Elle était épris d'amour pour lui et chaque nuit, elle descendait du ciel pour mieux l'aimer. J'espère que, comme elle, tu pourras voir au delà des apparences et aimer avec la même bonté d'âme. »

Comme en réponse à ses mots, des murmures dans l'air vinrent lui susurrer :

« Je ne suis plus ce que j'ai été,
J'ai aimé, j'ai pleuré,
et ce que mon cœur endeuillé a jadis créé,
vous me l'avez arraché.

Vos pieds ont foulé le sable de mes terres
et vous y avez pris plus que vous ne le deviez.
Alors, pour vous faire goûter à une décennie de misère,
j'ai empoisonné ce que vous étiez venus chercher. 

Sur ma cicatrice rouverte,
résonne votre perte»

C'est alors qu'elle la vit, dans un rayon de lune, Séléné lui était apparue. Elle brillait d'une couleur d'argent et des larmes silencieuses roulaient sur ses joues.

« Rapportez moi ce qui m'a été volé
et mon jugement sera peut-être révisé.
Dans une semaine à minuit,
Je veux voir ce qui m'est dû, revenu»

Un nuage passa devant la lune, et quand les rayons de celle-ci furent de nouveau dévoilé, Séléné n'était plus. Cette dernière nuit d'été avait tout fait basculer car vengeance et compassion s'étaient mêlé dans le cœur de Séléné.

Mission SS : Texte 1

La dernière nuit d’été s’abattait sur le duché de Belvare comme une chape de plomb. L’air, d’une lourdeur étrange, faisait vibrer les vitraux du château au rythme d’un vent artificiel. Le ciel était noir d’encre, fendu parfois par des éclairs silencieux. Ce n’était pas une tempête naturelle. La météo, ici, obéissait aux volontés d’un seul être.

Au sommet de la tour Est, l’odeur persistante de vanille flottait dans l’air, douce et presque déplacée au milieu de l’humidité et du fer. Une horloge ancienne, d’un bois trop sombre pour être naturel, battait lentement le temps, chaque tic semblant retentir comme un avertissement.

Assis sur un trône de pierre sculpté, Vassili d’Orhal, dernier de son nom, observait la plaine en contrebas. Son regard, aussi rouge que le vin interdit, fixait les torches vacillantes du village, en contrebas. Il n'avait pas bu depuis trois nuits — par principe, disait-il. Ou peut-être par mépris du besoin.

Une cicatrice longue comme une lame barrait sa joue gauche. Ce n’était pas une blessure de guerre, mais de trahison. Une punition, jadis infligée par une sœur aujourd’hui enterrée sous le cloître des Damnés.

— Toujours fidèle à ton silence, Vassili, murmura une voix derrière lui, un écho moqueur dans la pénombre.

C’était Lucienne, sa confidente, ou ce qui s’en rapprochait. Elle avait cette voix brisée qui semblait sortie d’un rêve, ou d’un cauchemar. Elle s’approcha, la robe traînant sur le sol de pierre couvert d’un fin voile de sable, ramené par les vents magiques du sud.

— Tu sais que la nuit est la dernière de l’été. Tu as promis que tu changerais quelque chose, que tu mettrais fin à… cette farce.

Il ne répondit pas tout de suite. Son regard se leva vers les nuages. Il concentra sa volonté. Et comme pour lui obéir, les étoiles se retirèrent, la pluie débuta. Froidement. Lentement. Chaque goutte tombait comme un glas.

— J’ai changé quelque chose, souffla-t-il. J’ai cessé d’espérer.

Lucienne tressaillit. Elle connaissait ce ton, ce détachement. C’était celui de l’homme qui s’apprêtait à faire l’irréversible, sans haine ni passion. Un geste froid, mais nécessaire.

— Tu veux les condamner ?

— Non, Lucienne. Je veux les tester.

Dans la salle, le sablier géant de Belvare se mit à briller. Le sable, noir et visqueux, coulait à l’envers. Une magie ancienne, interdite depuis la chute des Cinq Trônes, s’activait lentement. Vassili se leva, chaque pas résonnant comme une menace.

— Cette nuit, je vais relâcher les Égarés. Et je regarderai. Si l’homme se bat, je l’aiderai. S’il fuit, je le condamnerai.

— Tu n’as pas ce droit…

— Je ne l’ai jamais eu. Et pourtant, on me l’a donné par le sang, la douleur, et cette foutue cicatrice.

Le tonnerre gronda, enfin. Un cri déchira la nuit. Pas humain. Pas animal. Quelque chose entre les deux. Les cages sous la crypte s’ouvraient.

Lucienne s’approcha, posant la main sur le bras glacé de Vassili.

— Et s’ils te détestent encore plus après ça ?

— Je ne suis pas ici pour qu’ils m’aiment. Je suis ici pour qu’ils se souviennent.

Une larme, unique et rouge, coula de l’œil de Lucienne. Il ne la vit pas. Il n’avait plus vu les larmes depuis qu’il avait perdu les siennes.

Dehors, la pluie se teinta de cendres. Les horloges du village cessèrent de battre. La dernière nuit d’été s’achevait, emportant avec elle la fragile illusion de paix.

Et dans les ténèbres, Vassili souriait.

Mission SS : Texte 2

L’Académie d’Ashmor était suspendue entre deux mondes : l’un fait de savoir, l’autre de silence. Ses tours noires perçaient les nuages, et ses couloirs, tapissés de livres interdits, résonnaient du murmure des anciens. Ce soir-là, la dernière nuit d’été, une étrange tension vibrait dans l’air. Les horloges des couloirs s’étaient mises à tourner à l’envers à minuit, phénomène que même les maîtres les plus chevronnés n’osaient commenter à voix haute.

Dans la serre sud, Aven Kerron traçait des cercles runiques avec une précision chirurgicale. Son long manteau noir était trempé par la bruine magique qui tombait depuis l’aube – une pluie sucrée, à l’odeur vanillée, résultat direct de l’émotion trouble d’un archimage endormi dans la tour d’alchimie.

Aven leva les yeux vers le ciel fendu d’éclairs verts.
— Toujours mieux que la pluie d’os de l’année dernière…

Un grondement répondit à sa remarque. Au sommet de la tour d’obsidienne, un dragon aux écailles d’un gris cendreux ouvrit un œil. Il s’appelait Mharrak, et il dormait depuis deux siècles, sauf les nuits d’été. C’était une tradition.

Le jeune magicien inspecta la cicatrice sur sa main gauche, marque brûlante laissée par la dernière invocation ratée. Elle palpitait ce soir, comme une horloge biologique annonçant une catastrophe.

À l’intérieur, dans la salle des Mémoires, l’assemblée se formait. Des silhouettes encapuchonnées lisaient des grimoires à voix basse. On sentait l’électricité dans l’air – mais aussi la peur. Il y avait eu des échos dans les souterrains, des cris oubliés, des ombres plus noires que la nuit. La barrière magique de l’Académie se fissurait.

Aven entra, trempé, les bottes couvertes de sable ramené de la mer spectrale lors d’une mission. Il s’approcha du grand miroir central, qui réagissait aux pensées.

« Tu viens, Aven ? » murmura une voix féminine. C’était Ysra, l’archiviste de minuit, aussi érudite qu’instable.

— Tu sais ce que je cherche, dit-il simplement.

— L’âme de Mharrak ?

Il hocha la tête. Le dragon était lié au cœur même de l’Académie. Son pouvoir maintenait la météo, les sortilèges, les mémoires. Mais il mourait lentement, et avec lui, tout ce qui existait ici.

Alors Aven fit ce que personne n’avait osé depuis des générations. Il gravit la tour, seul. Chaque marche grinçait comme un vieux souvenir. Le vent mugissait dans les vitraux, changeant d’humeur selon ses pensées. À mesure qu’il montait, la pluie devenait neige, puis grêle, puis une douce chaleur estivale. Mharrak ressentait sa présence.

Au sommet, il s’agenouilla devant le dragon assoupi.

— Je suis venu… pour un échange, souffla-t-il.

Mharrak entrouvrit une paupière, son œil doré brillant d’une sagesse ancienne.

— Tu n’es qu’un apprenti, dit la voix rugueuse du dragon dans son esprit.

— Et toi, tu es mourant.

Silence. Puis un grondement plus doux, presque amusé.

— Que proposes-tu, enfant de cendres ?

Aven tendit sa main cicatrisée.
— Mon nom. Mon identité. Ma magie. Laisse-moi te nourrir de mon âme. Et dors encore mille ans.

Le dragon flaira son essence. Il sentit le doute, la peur, mais aussi le feu. Alors, doucement, il souffla une brume argentée autour du mage. Aven sentit ses souvenirs s’effacer, son nom disparaître. Il devint cendre, et lumière.

Quand Ysra monta, il ne restait que le dragon, paisible, et une horloge arrêtée.

Et dans la nuit, un écho murmura un nom oublié, porté par le vent d’une nouvelle ère.

Khidra : Texte 1 :J'aime beaucoup les personnages qui doivent faire un choix dans un dilemme, sauvant le monde en sacrifiant quleques choses ou laisser le monde se detruire en ne voulant rien sacrifier.

Texte 2 : Un texte très sentimentale, très jolie mais aussi très mélancolique.

1- mission de rang SS

La guerre entre les mages et les alchimistes durait depuis des siècles. La Forêt des Merveilles, recelant d’ingrédients rares et précieux, appartenait aux alchimistes et les mages régnaient sur les Vastes Plaines, où s’érigeaient mille et une tours. Et en ce moment les alchimistes et les mages s’adonnaient à une guerre de météo. C’était le dernier jour du pire été que le monde ait connu. Les mages jetaient une multitude de sorts déréglant le climat estival quand les alchimistes créaient des potions altérant le temps qu’ils larguaient du haut leurs dirigeables blindés sur les plaines.

Ella, une apprentie mage peu douée pour la magie, venait d’être rétrogradée au rang de Novice et envoyée à la Tour des Oublis, qui portait très bien son nom vu son piteux état. L’horloge grinçante sonna vingt et une heures. Ella, plongée dans de vieux bouquins poussiéreux et rejetés comme elle, sursauta. L’horloge ne sonnait jamais. Un petit pochon de sable tomba de son livre traitant des différentes façons d’utiliser la vanille en alchimie, une pratique criminelle sur les Vastes Plaines. Et une poussière dorée s’en échappa. Ella éternua et un son de clochettes fit écho dans sa tête juste avant qu’elle ne tombe dans les pommes.

Sa main la lança et Ella revint à elle. Une horrible cicatrice traversait sa paume. La cicatrice se mit à la brûler intensément et Ella lâcha un cri. Elle s’empressa de récupérer le livre couvert de sable et l’écriture disparut pour laisser place à des pages blanchâtres sentant l'ensorcellement à plein nez. La cicatrice émit soudainement une quantité démesurée de pus et un œuf sorti de la plaie ouverte. Il échoua sur le sol et grandit d’un coup. Des reflets nacrés dansaient sur sa coquille qui se brisa et libéra un dragonneau couvert d’un liquide visqueux.

— Maman, couina la créature en ouvrant ses grands yeux dorés.

Le souffle d’Ella se coupa alors que le nouveau-né se jetait sur elle et la léchait en répétant “maman” encore et encore. Ella eut alors une idée. Elle lança un sort de rupture afin de briser le lien qui la reliait au dragonneau. Malheureusement, il y avait une raison pour laquelle Ella avait été envoyée à la Tour des Oublis. Elle ne possédait aucun contrôle sur sa magie et ses sortilèges n’accomplissaient jamais ce qu’il était censé accomplir.

Des étincelles volèrent dans la bibliothèque où les plantes grimpantes et les champignons poussaient en toute liberté. Le lien, au lieu d’être rompu, se renforça et devint si puissant que le dragonneau évolua en un gigantesque dragon, renversant au passage les étagères dans un fracas assourdissant. Cette dernière nuit d’été changea la vie d’Ella à jamais. Liée à Rosie pour l’éternité, sa magie se stabilisa et la dragonne qui avait été enfermée dans le livre était libre. La cicatrice d’Ella se transforma en un éclair, symbole de leur union. Plus personne ne les mettrait jamais en cage.

2- mission de rang SS

La magie était l’intelligence artificielle que les hommes n’avaient jamais réussi à créer. Elle était partout et possédait sa propre volonté. La magie avait décidé de dérégler le climat estival et d’alterner entre périodes de canicules et de froid polaire et de raccourcir les jours à volonté. C’était le dernier jour de l’été et la neige tombait sous une lune encore plus incandescente que le soleil, recouvrant le sable d’une couche blanche moelleuse.

L’horloge interne de Solaria était complètement déréglé à cause de la magie. Les nuits duraient des jours et les jours des nuits. Elle espérait sincèrement que le cauchemar se terminerait à la fin de l’été. Plus qu’une journée, enfin nuit, à tenir et l’automne reprendrait ces droits. En théorie, car la magie pouvait bien continuer ses tours. Soloria enfila sa blouse blanche en baillant, elle n’avait pas vu le soleil depuis des lustres. A l’aide de son badge, elle entra dans le laboratoire où une forte odeur de produit ménager à la vanille l'écœura.

— Solaria ! s’exclama son chef. Vous avez dix minutes de retard, installez-vous vite.

La chercheuse s’exécuta et rejoignit ses collègues déjà au travail. Seul le pianotement des claviers faisait écho au souffle des machines clignotant dans la salle. Le gouvernement les avait chargé de pirater la magie en utilisant les logiciels de codage les plus sophistiqués jamais inventés. Cependant la magie rispostait à chaque attaque et laissait des cicatrices dans le système que devait réparer Solaria. Cela faisait déjà cinq ans qu’elle exerçait ce rôle. En tant que l’une des meilleures programmeuses du pays, elle imaginait son avenir différemment.

Alors qu’elle découvrait une nouvelle cicatrice dans l’un des logiciel pirate, ratée par ses collègues, Solaria soupira. Elle s’ennuyait profondément. Elle s’était toujours sentie spéciale, pourtant sa vie n’avait rien de spécial. Métro, boulot, dodo et ainsi de suite. Et Solaria se demandait sincèrement ce qu’elle faisait là, sur cette terre. Car elle était différente de ses collègues, différente de ses amis, différente de sa famille. Perdue dans ses pensées, Solaria manqua le virus se faufilant à travers la cicatrice qu’elle réparait.

L’alarme retentit, trop tard, les scientifiques n’eurent pas le temps d’enrayer l’infection et la magie se propagea dans tous les serveurs qui explosèrent. Cette dernière nuit d’été condamna donc les êtres humains à se soumettre à la magie pour l’éternité. Car il ne pourrait jamais reconstruire ce qui avait été détruit. La magie s’en assurerait.

Tout bascula également pour Solaria, qui vit le brillant avenir dont elle rêvait temps voler en éclat. L’humanité avait besoin d’un responsable de son malheur et au lieu de blâmer la magie, qui lui était supérieure, elle blâma Solaria, qui fut condamnée à mort sur la chaise électrique.

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Aimyyy : à venir

Mission SS : Texte 1

Il est dit, dans les anciens grimoires d’Élendir, que la dernière nuit d’été n’est jamais tout à fait ce qu’elle semble. Car c’est en ce moment unique que se joue le fragile équilibre des saisons, et que le souffle ancien de la magie redessine les cieux.

Autrefois, dans le monde d’Eloran, la météo n’obéissait pas aux lois naturelles. Les saisons étaient gardées par les Quatre Veilleurs, des entités immortelles façonnées par les Anciens Dieux. Chacun détenait une horloge magique, forgée dans les flammes du dragon Aeskar, dont les aiguilles pointaient vers les équinoxes et les solstices. Tant que ces horloges battaient à l’unisson, le cycle du monde demeurait stable.

Mais il y eut un jour une trahison.

Mirelia, la Veilleuse de l’Été, séduite par la chaleur, les fruits mûrs, et l’odeur sucrée de vanille qui flottait dans les vergers de son royaume, refusa de céder sa place. Elle fit fondre son horloge dans le sable brûlant du Désert d’Ael'Varan et grava une rune d’ancrage sur sa propre peau, laissant une cicatrice incandescente qui brillait à chaque coucher de soleil. Par ce geste, elle rompit le cycle. L’automne n’arriva jamais.

Le monde sombra alors dans une chaleur accablante. Les mers se mirent à bouillir, les forêts s'asséchèrent, et les glaciers millénaires se transformèrent en rivières fumantes. Les peuples prièrent, hurlèrent, se révoltèrent — mais nul ne pouvait inverser le sort. La magie de Mirelia, enracinée dans le sable, se propageait comme une fièvre.

C’est alors qu’apparut Néras, le dernier Écho.

Les Échos étaient des êtres rares, nés des murmures oubliés des Anciens Dieux. Néras, au teint pâle et aux yeux d’encre, portait dans sa voix les souvenirs du monde. Il descendit des Monts d’Obsidienne à la recherche de l’horloge disparue. Guidé par les voix du vent, il parcourut les ruines, les rivières asséchées, et les cités mortes, jusqu’à atteindre la Plaine des Mille Lunes, où les saisons s’étaient arrêtées depuis cent ans.

Là, à minuit pile de la dernière nuit d’été, Néras affronta Mirelia.

La légende raconte que leurs mots résonnaient comme des coups de tonnerre, et que chaque syllabe de Néras portait la tristesse de l’hiver oublié. Mirelia, couronnée de lumière et de fleurs fanées, refusa de céder. Elle riait d’un rire chaud, sucré, presque vanillé. Mais son pouvoir vacillait. Sa cicatrice brillait d’un éclat tremblant, signe que sa magie s’effritait.

Alors Néras chanta.

Il chanta les neiges, les feuilles mortes, le parfum de la pluie d’automne, la morsure du givre au matin. Et sa voix éveilla les horloges oubliées. Même celle que Mirelia avait noyée dans le sable surgit, reconstituée par les larmes de la terre. L’heure frappa, une fois, deux fois… puis douze.

L’horloge résonna à travers les cieux. Et le vent se leva.

La pluie tomba. Une brise fraîche glissa sur les dunes. Les nuages couvrirent enfin l’éclat brûlant du soleil. Le sort fut rompu.

Mirelia, accablée, fondit en perles dorées qui nourrirent les graines asséchées de la terre. Néras disparut dans la tempête, son écho se perdant dans le vent. Et ainsi, l’automne revint.

Depuis ce jour, les peuples d’Eloran célèbrent la dernière nuit d’été non pas avec festivités, mais avec silence. Car ils savent que si l’horloge venait un jour à s’arrêter, le monde pourrait se figer à nouveau.

Et parfois, quand le vent souffle dans les plaines, certains jurent entendre une chanson… douce comme la vanille, mais porteuse d’un avertissement éternel.

Mission SS : Texte 2

La ville respirait une atmosphère étrange, lourde d’un calme trompeur. La dernière nuit d’été s’étirait, et pourtant, quelque chose avait changé dans le ciel. Là où la lune aurait dû régner, un voile d’orage magique tordait les nuages en volutes sombres, oscillant entre un bleu électrique et un violet profond. Un vent chaud chargé d’une odeur de vanille flottait dans l’air, comme une promesse amère.

Dans une ruelle oubliée, au cœur du quartier délabré, il se tenait. Damien, que les habitants murmuraient avec crainte comme « le Méchant ». Ses yeux, deux éclats froids, luisaient dans l’obscurité. Sur sa peau, une cicatrice blanche et fine dessinait un serpent serpentant du cou jusqu’à la clavicule, souvenir d’un duel ancien où la magie avait failli lui coûter la vie. Il n’était pas là pour la beauté de la nuit ou le doux parfum de vanille. Non. Ce soir, la météo elle-même répondait à son caprice, une magie noire qui pliait le monde à sa volonté.

Les aiguilles d’une horloge suspendue sur un mur, rouillé par le temps, s’étaient figées à minuit moins cinq. Ce n’était pas un hasard. Chaque tic tac interrompu résonnait dans la ruelle comme un écho funeste, rappelant l’imminence d’un événement que seul Damien maîtrisait. Il regarda le sable fin glisser entre ses doigts gantés de cuir, le temps s’écoulant lentement, irréversible. Ce sable n’était pas ordinaire. Il avait la couleur du crépuscule, chargé d’anciens sortilèges capables d’effacer des mémoires ou d’altérer le destin.

Le vent siffla, et avec lui, la magie se déchaîna. Des éclairs bleutés zébrèrent le ciel, changeant la météo en un spectacle hypnotique, un crescendo orageux d’où semblait émerger une force terrifiante. Damien leva les bras, invoquant l’orage, cette manifestation de son pouvoir mais aussi de sa colère. Le tonnerre roula, un grondement sourd qui fit trembler les murs décrépis. Autour de lui, les ombres dansaient au rythme du vent, leurs formes brouillées se mêlant à l’obscurité urbaine.

Le quartier, habituellement muet à cette heure, vibrait d’une énergie malsaine. Les rares passants pressaient le pas, sentant instinctivement que cette nuit ne serait pas comme les autres. Damien savait que la magie qu’il déchaînait réveillait des forces oubliées, que le sable des heures glissait vers une fin inéluctable.

Une silhouette apparut au bout de la ruelle, se mouvant avec précaution. C’était Lila, une jeune mage rebelle qui, depuis des mois, tentait de déjouer les plans de Damien. Leur affrontement était inévitable, une bataille où chaque mot, chaque geste, portait le poids du destin. Elle portait dans ses mains un pendentif à l’odeur de vanille, un talisman capable de contrer la noirceur qui envahissait la ville.

- « Damien, arrête ce cauchemar, » lança-t-elle, sa voix résonnant comme un écho dans la nuit troublée. « Tu ne peux pas jouer avec la météo, avec le temps, sans en payer le prix. »

Un sourire cruel fendit le visage du Méchant. « La météo ? Le temps ? Ce ne sont que des outils, Lila. Moi, je façonne la réalité. Je suis l’horloge brisée qui ne veut plus tourner, le sable qui refuse de s’écouler. Ce que tu appelles cauchemar, c’est ma revanche. »

Il fit un geste, et l’air autour d’eux se chargea d’électricité. Une pluie de sable tourbillonna, obscurcissant la vision, chaque grain semblant hurler sous la violence de la magie. Mais Lila, résolue, brandit son talisman. Une lumière douce, parfumée à la vanille, irradia autour d’elle, dissipant la tempête magique.

Le combat s’engagea, écho de pouvoirs anciens et modernes, tandis que la dernière nuit d’été s’effaçait peu à peu. Damien sentait la cicatrice sur sa peau chauffer, symbole d’une blessure non guérie, physique et spirituelle. Il savait qu’il devait vaincre, car si cette nuit s’achevait, il perdrait tout : sa magie, sa rage, sa place dans ce monde.

Mais la nuit était leur terrain de jeu, un théâtre d’ombres où le bien et le mal dansaient une dernière valse. La météo changeante, entre orage et parfum de vanille, était leur témoin silencieux, dernier souffle d’un été où la magie, la douleur et le pouvoir s’entremêlaient pour écrire une fin incertaine.

Mission de rang SS

Tous les ans, en juin, dans ma région natale, l'arrivée des baleines à bosse est un évènement incontournable très prisé par les touristes. Étant dans l'hémisphère sud, elles annonçaient le solstice d'hiver et par conséquent la fin de l'été même si les chaleurs restent encore présentent quelques jours.

Voici à quoi ressemble cette journée typique :
Le monde s'amasse le long de la plus immense de nos plages dès 5h du matin, le ciel est toujours d'un bleu azur éclatant avec une légère brise. Petit-à-petit la marée devient basse. Vers 12h les oiseaux migratoires volent par centaines au dessus de la plage. Leurs piaillements se répercutent en écho tout le long des rochers renfermant la crique de la plage. Vers 16h, les petits malins qui avaient planté leur parasol dans le sable, au plus proche de l'eau sont envahis par la marée haute. Vers 18h, toute la plage est officiellement noire de monde. Le 'spectacle' va bientôt commencer.

Depuis que je suis toute petite, j'ai eu la chance de toujours y assister en haut des rochers près de notre maison familiale. Mais pour la première fois, je vais pouvoir observer une toute autre vue. Mon grand-père était un amoureux de l'océan depuis sa plus tendre enfance. Par le plus grand des hasards, cet amour de l'océan s'est transmis à mon père, à mon frère et enfin à moi. Nous sommes tous devenus océanographe avec une spécialisation. Dans l'ordre, les spécialisations sont la physique (par exemple, le mouvement des vagues), la chimie (la composition de l'eau), la géologie (les rochers) et moi, depuis cette année, je suis spécialisée en biologie (la flore et la faune). Nous sommes également tous diplômés en plongée. Chaque année pour cet évènement, nous sommes les seules personnes autorisées à observer les baleines au plus près ainsi que la modification de l'écosystème à ce moment-là. Pour la première fois je vais admirer moi-même leur 'ballet maritime'.

Je me réveille vers 9h avec le bruit assourdissant du marchand de glaces qui venait faire sa recette du mois. Déjà vers 12h, il n'aura plus de saveurs chocolat et vanille. Je sors de la maison, et rejoins mon père rivé sur ces jumelles aux bords des rochers, avec l'air songeur.

<< Coucou papa, prêt à affronter l'océan ?
-  Je ne saurais pas te dire. Ton papy est déjà parti maintenant. Il trouvait la mer agitée et le ciel étrange. >>

Effectivement, le ciel n'est pas bleu azur mais encore rose-orangé comme si c'était l'aube. Un étrange orage mauve foncé approche au loin. Bien qu'il soit plutôt 'silencieux' pour un orage il ne me disait rien qui vaille, surtout qu'il est entouré d'une sorte de nuage bleu lumineux et étincelant. C'était hypnotisant. En baissant les yeux vers la foule, je remarque immédiatement que la marée n'avait pas baissé, la plage a l'air d'être noire de monde comme si on était déjà 18h..

<<Le vent va dans notre direction, tu penses que cet orage sera passé avant 18h?
-  Je ne pense pas, quoi qu'il arrive hors de question d'annuler notre rencontre avec nos grandes amies. Pour ta première fois ce serait dommage (il me fit un clin d'œil complice), et surtout je pense que s'il y a un problème nous sommes les mieux placés pour intervenir, les associations animalières n'oseront pas approchés avec leur grand bateau de peur de les blesser. On a déjà subit des intempéries en étant dans l'eau, on saura réagir. Même si tu ne sais pas comment cela se passe réellement en dessous de la surface, ni ce que l'on fait pour nos recherches, je suis sûre que tu pourras nous aider en cas de problèmes. (Il me fit un 'OK?' en signes de plongée, je lui répondis de la même manière).
-  D'ailleurs à ce propos il serait peut-être temps de m'expliquer comment cela se passe?
-  (Il me fit le même sourire énigmatique comme pour toutes les fois où j'ai posé cette question depuis mes 5 ans) Si tout se passe normalement tu le découvriras bientôt. En attendant de rejoindre le point de départ au phare, peux-tu prendre des notes pour notre rapport sur tout ce qui te paraît nécessaire ? Je dois aider ta mère jusque ce soir.
-(Je dis 'OK' avec nos signes mais dès qu'il rentra dans la maison, je ne pus m'empêcher de fixer l'orage qui avançait.) Oui, si tout ce passe bien...>>

Mais rien ne se passera comme d'habitude.

RAPPORT : L'arrivée des Megaptera novaeangliae aux abords de la plage des Nédams, 14/06/2023.

La marée n'est même pas descendue. Le mouvement des marées est sensé être imperturbable. Si la marée reste à cette place ce n'est pas trop 'grave' mais si elle 'compense' en remontant à l'heure convenue, la plage sera engloutie. Au lieu d'une légère brise, nous avons un vent assez violent, empêchant les oiseaux migratoires de voler près de la plage à 12h00. Leurs piaillements font mal au cœur, plus plaintifs que joyeux. Le grand orage se rapproche mais étonnamment c'est son 'nuage bleu scintillant' qui a doublé de volume. Désormais, la mer devant nous est à moitié mouvementée et 'ombragée/éclairée par ce nuage' et à moitié calme et ensoleillée. Les vagues s'entrechoquent pile devant la plage, là où sont sensé passer les baleines..

Si la situation n'était pas aussi inquiétante, j'hésiterais à mettre dans le rapport que le glacier n'était pas encore en rupture de stock, pour la blague.
A 15h, avec les jumelles j'observe sur la plage mon papy toujours en tenue de plongée en plein pourparler avec des maîtres-nageurs et ce qui semble être des garde-côtes. Je ne l'ai jamais vu aussi énervé. Par des grands gestes de la main, il a l'air de dire d'évacuer la plage par précaution. Étant l'expert scientifique, les autres corps de métier finirent par capituler et poussent les touristes plus hauts dans les terres.
17h. Certains des touristes étaient carrément montés près de moi aux bords des rochers. Visiblement pas impressionnés par le gros nuage de plus en plus imposant, ils regardent par contre nos combinaisons avec curiosité. Notre sortie en mer est malgré tout toujours prévue, nous avançons tous les trois vers le phare au bout de la falaise, lieu de départ où papy nous attends. On descend l'escalier jusqu'à notre petite barque d'où on va plonger et commence à enfiler nos combinaisons ainsi que préparer le matériel pour nos études respectives. Désormais sans montre, l'horloge du phare était notre seul point de repère temporel.
17h30, mon frère lit les commentaires de mon rapport.

<<Un NuAGe BLeU ScINtiLLaaaaaNT, s'esclaffa-t-il.
-  (Je lui arrache la tablette waterproof conçu uniquement pour répertorier nos rapports) Arrête de rire! Regarde le ciel, comment tu veux décrire ça autrement??
-  Je sais pas, juste un nuage ?
-  Mon pauvre, lécher des cailloux t'a vraiment ruiné le cerveau.
-  Les enfants...>>

Papa semble désespéré, derrière lui c'était cette fois mon papy qui me fait un clin d'œil complice.
Par curiosité, je change la page de la tablette pour lire le rapport de 2022. Un prénom saute à mes yeux.

<< Qui est Mirabelle ?
-(Papy m'expliqua) C'est le surnom que j'ai donné à la matriarche des baleines, la plus majestueuse, tu ne peux pas la louper elle a une immense cicatrice tout le long de sa nageoire droite. Souvenir d'un bateau d'imprudents. Elle était déjà grand-mère lorsque j'ai plongé la première fois à ton âge.
-(Je lui tire la langue) Wow une baleine plus âgée que toi? C'est dire à quel point elle est vieille.
-Pas un pour rattraper l'autre, avancer bande de mauvais.>>

Une fois bien installés, papy nous donne les rames et on s'éloigne des rivages. On pouvait encore voir l'horloge. 17h50. Au loin, on voit finalement les baleines arrivées! On va pouvoir les rejoindre, malgré l'orage au-dessus de nous à présent. Assis sur les bords, les pieds vers l'intérieur de la barque, chacun rentre à son tour dans l'eau. Je suis la dernière sur la barque je m'apprête à entrer dans l'eau quand l'orage éclata.

Je regarde le ciel pensant me prendre un éclair avant même d'avoir rencontré les baleines. Au lieu de ça, le nuage bleu scintillant qui était au départ tout autour de l'orage, se referme complètement, formant un tapis entre l'orage et la mer. Au centre de ce tapis de nuage, une ouverture se dessine. Je cru d'abord halluciner en apercevant une sorte de place du village moyenâgeuse en travers mais je ne pus m'empêcher de crier de surprise lorsque des 'choses' tombèrent de l'ouverture. Des humains (?) mais aussi des ... Des champignons  (?) Des feuilles d'automne tombèrent également et une immense froideur m'envahit. La température avait chuté d'un coup d'une dizaine de degrés. J'allais reprendre les rames pour essayer de m'approcher de l'endroit où les champignons étaient tombés. J'ai à peine eu le temps de relever la tête qu'un monstre me tombe dessus. La créature est tellement lourde qu'elle éclate la petite barque, on s'enfonce toutes les deux dans l'eau.
Je prends une respiration dans ma bouteille d'oxygène et cherche autour de moi ma famille, mais impossible avec toutes les 'chutes' dans l'eau. Je tourne la tête vers la créature qui m'était tombée dessus et restait plutôt calme. Une queue avec des écailles turquoise aussi grande que mes jambes, cependant les écailles s'arrêtent à la taille. Au-dessus on retrouve le buste d'une jeune femme à la peau mate et aux cheveux longs et violets bleutés. J'écarquilla les yeux quand je compris.

Une sirène ???

Jamais j'aurais pensé que ces créatures existaient. Et voilà que deux sirènes, comme elle, s'approchent de nous. Les deux nagent maladroitement. L'une est à moitié homme avec des cheveux blonds et des yeux marrons foncés. L'autre sirène porte un enfant dans ses bras qui ressemble à la première. La deuxième avait une peau mate également avec des cheveux bleus clair, des formes généreuses et une queue avec des écailles bleus foncés. Après avoir pris des nouvelles de la sirène qui m'était tombée dessus, elle se dirige immédiatement vers moi. Je pris peur et remonte à la surface en enlevant mon masque pour pouvoir hyperventiler.

Ça. Ce nuage avec cet ouverture, et là ces créatures. C'est trop pour moi. Comment revenir à la vie réelle après ça ?

La créature remonte à la surface également. Elle me fait un sourire rassurant (?), je n'ose pas lui répondre. Si j'étais déjà choquée par tout ce que je venais de vivre, je ne m'attendais pas à ce que celle-ci me parle.. et que je comprenne.

<< Salut, c'est fou tes yeux violets  me font penser à une demi-humaine que j'ai connu autre fois. Enchantée, moi c'est Alajéa. >>

Fin (pour le moment ^^)

Commentaire pour Ivicy

*Ella est lààààà* (et voilà maintenant vous l'avez en tête hihi) plus sérieusement par rapport à tes textes. Je m'attendais pas à l'oeuf qui sorte de la plaie ^^ et la petite créature qui dit directement "Maman" ça me fait penser à l'oeuf que les Winx offrent aux Trix dans la première saison (chacun ses réfs on juge pas ^^ d'ailleurs c'est assez drôle que tu parles de "Solaria" dans le deuxième texte, je suppose que je suis pas la seule à avoir cette réf ? ;-) )
Seul petit bémol pour le premier texte, je vois pas trop le lien entre le premier paragraphe et la suite de l'histoire.
Pour le deuxième texte, si quelqu'un sait où on peut trouver du produit ménager à la vanille je veux bien ^^ La fin est tellement violente pour Solaria, quelle injustice et quel bande d'ingrats avec elle. C'est leur seul espoir avec les autres codeurs et elle est pas mieux traitée ? Bref je m'énerve pour un personnage imaginaire à 3h du mat ^^ Sinon j'ai adoré tes deux textes, surtout le deuxième.

Commentaire pour Aimyyy

J'ai trouvé ça assez drôle le fait que dans tes deux textes on retrouve un duel très manichéen ^^ Pour le premier texte, j'ai eu un peu de mal au début avec tous les noms différents même si je suis impressionnée par ta capacité à créer des noms de lieux cohérents entre eux. J'adorerais découvrir l'univers qui se cache derrière chaque lieu. Par rapport à Ivicy, j'ai préféré ton premier texte, très poétique ^^

Spoiler (Cliquez pour afficher)

Le ciel, d’un bleu profond quelques heures plus tôt, s’était couvert d’une chape de nuages lourds et menaçants. Aveurih, allongée sur le vieux matelas de la cabane en bois, sentait les premières contractions lui déchirer le ventre comme des vagues contre une falaise. Le vent s’était levé, secouant les feuillages avec une fureur inhabituelle pour une nuit d’août. Le climat était toujours bouleversé par la magie…

La cabane, bâtie à la lisière de la forêt, semblait tenir debout par la seule volonté des souvenirs. Ses murs, faits de planches étaient noircies par le temps et laissaient passer des filets d'air. Mais c'était leur maison. Leur foyer.

Mais elle savait que cette nuit serait différente. Pas seulement parce qu’elle allait donner naissance, mais parce que quelque chose dans l’air avait changé à jamais. Le chant des cigales s’était tu, remplacé par un silence, comme si la nature elle-même retenait son souffle. Seuls les échos lointains de la mer, comme des souvenirs enfouis dans le sable, semblaient murmurer encore.

Elle se souvenait des paroles de la vieille Ehlira, la guérisseuse du village :

“Ton enfant naîtra quand le ciel se fendra. Ce ne sera pas une naissance ordinaire.”

À minuit pile, un éclair frappa le vieux chêne devant la cabane. Aveurih trembla, non de peur, mais de délivrance. Lunaih lui glissa le bébé dans ses bras, couvert de lumière et de pluie. Il ne pleura pas plus longtemps que nécessaire. Il ouvrit les yeux, d’un marron tendre, et fixa sa mère avec une intensité presque surnaturelle. Elle savait qu’elle allait l’aimer toute sa vie. Elle l’aimait déjà.

Son odeur était douce, presque familière, comme une vanille sauvage mêlée à l’humidité de la terre. Aveurih sentit une larme couler sur sa joue, traçant une cicatrice invisible, celle d’une vie qui venait de se refermer pour qu’une autre puisse commencer.

Le vent s’arrêta. Le silence revint. Mais ce n’était plus le même silence.

Aveurih savait que le monde venait de changer. Que son enfant n’était pas simplement un nouveau-né, mais le point de départ d’un bouleversement. Les étoiles semblaient s’être rapprochées. Le sol respirait sous ses pieds. Et dans le lointain, l’horloge du village sonna… alors qu’il n’y avait plus de clocher.

Mission SS : Magie

La dernière nuit d’été tombait sur Highmoor, et les salons de la Maison Everlane bruissaient de rires, de musique et de murmures. Les dames en robes de tulle et soie dansaient sous les lustres ensorcelés, pendant que les messieurs, gants blancs et cravates nouées à la perfection, faisaient tournoyer leurs flûtes de champagne. Mais dehors, au-delà des haies sculptées, une météo étrange grondait lentement, comme si le ciel lui-même attendait que quelque chose bascule.

On dit que lorsque Lord Ashen entre dans une pièce, la température chute de deux degrés.

Il était là ce soir, drapé de noir et de mystère, le regard pâle et froid comme l’aube sur un champ de cendres. Sa présence imposait le silence, même dans une foule. On le craignait plus qu’on ne le comprenait. Un écho de tragédies anciennes semblait l’accompagner partout. Une cicatrice fine traversait sa tempe gauche, trace d’un duel magique dont nul ne connaissait les détails — certains disaient qu’il n’avait pas utilisé de baguette, mais sa voix.

Lady Isolde, en robe crème rehaussée de broderie couleur sable, l’observait depuis l’ombre d’un paravent. Elle savait. Ou croyait savoir. Ashen n’était pas venu pour danser. Il n’avait jamais dansé. Mais ce soir, alors que l’horloge enchantée du grand hall battait minuit avec un soupir d'argent, la météo commença à changer.

D’un ciel limpide d’août, les nuages s’épaissirent comme de la crème renversée sur un ciel d’encre. La brise devint plus chaude, douce, presque sucrée. Un parfum de vanille flottait, entêtant et artificiel, comme si l’été refusait de mourir.

Lord Ashen leva une main gantée. Le ciel tonna en réponse. Une pluie dorée tomba sur les jardins, mais ne mouilla rien : elle s’évaporait à quelques pouces du sol. Magie ancienne, magie interdite.

Un murmure parcourut l’assemblée. Les violons s'arrêtèrent.

- « Il recommence », chuchota une comtesse. « Il joue avec le temps. »

Isolde franchit les portes de verre, ses talons claquant sur la terrasse de marbre. Elle s’approcha de lui. « Vous n’avez pas le droit. »

Il se tourna vers elle, lentement, comme si le mouvement lui coûtait. Ses yeux, d’un gris presque translucide, se posèrent sur elle comme une malédiction.

- « Et qui me l’interdirait, Lady Isolde ? » Sa voix était douce, mais quelque chose d’acéré se dissimulait dessous. « Vous ? »

Elle serra les poings. Le vent tourbillonnait maintenant, soulevant les feuilles mortes comme des spectres. Chaque battement de l’horloge semblait plus fort, comme si le manoir tout entier retenait son souffle.

- « C’est la dernière nuit d’été, » dit-elle. « Vous ne pouvez pas la figer. »

- « Au contraire. » Il fit un pas vers elle, et le monde sembla basculer légèrement. « C’est précisément ce que je vais faire. »

Du bout de ses doigts, il traça un cercle dans l’air. Un anneau de sable apparut à leurs pieds, tourbillonnant, formant une barrière étincelante.

« Un instant parfait, figé pour l’éternité. L'été, l’élégance, la beauté... avant que tout ne se délite. »

Elle posa une main sur son cœur. « Ce n’est pas de l’amour. C’est du contrôle. »

Il sourit, triste et cruel. « Ce monde ne mérite pas le changement. Je le garde ainsi, parce que c’est moi qui en ai payé le prix. »

Elle vit alors : la cicatrice, la solitude, l’amertume figée dans chaque sort. Et pourtant, elle hésita. Car la vanille dans l’air n’était pas seulement magie : c’était un souvenir.

Un dernier écho du passé, sur le point d’être scellé pour toujours.

Et l’horloge sonna minuit.

Aveury : A venir

mission de rang SS

Le moteur de la camionnette ne vrombissait plus. Les chercheurs étaient arrivés au centre de recherche militaire et avaient hâte de se mettre à l’abri de la canicule qui sévissait depuis le début de la saison estivale. Cinquante degré alors que c’était la dernière nuit de l’été, c’était encore à cause de ces Faerys et de leur magie qui n’avait rien de scientifique. Mais avec ce nouveau spécimen, Clara était sûre d’en découvrir davantage sur les Faerys et leur pouvoir magique. On ne capturait pas un elf de pierre tous les jours, surtout si jeune.

— Transférez-le dans la salle 205, nous allons immédiatement débuter les expériences, déclara-t-elle sous le soleil ardent.

La chercheuse glissa une pastille énergisante goût vanille sous sa langue. Elle consulta l’horloge des vestiaires, vingt heures trente. Clara ne comptait plus les heures supplémentaires. Elle revêtit sa blouse blanche, ajusta sa charlotte et enfonça ses lunettes transparentes sur son nez fin.

— Tu es prêt ? demanda-t-elle à Daniel, en tenant un scalpel près du bras du spécimen F22.

— Oui, allons-y.

Daniel avait eu écho des exploits de sa collègue. Son ancienne camarade était devenue une pointure dans le domaine chirurgical quand Daniel était aujourd’hui un biologiste de renom. Il observa avec fascination Clara ouvrir les veines du sujet à l’aide d’un scalpel en acier capable d'annihiler la magie des Faerys. Le sang coula à travers la longue coupure, qui laisserait une vilaine cicatrice, et se solidifia aussitôt.

— Incroyable, murmura Clara.

Les yeux écarquillés, Daniel toucha l'épaisse croûte détachée. Elle était aussi dure qu’une roche.

— Regardons ce qu’il y a à l’intérieur, suggéra Daniel.

Cette fois-ci, il tendit à Clara un épais couteau en acier. Elle découpa la croûte comme un poisson qu’on ouvrait en deux et le souffle de Daniel se coupa. La surface brillante aux nuances de rouge vin le subjuguait. Sans un mot, il se dirigea vers le microscope, suivi par Clara.

— Oh mon dieu, c’est vivant.

Les cellules sanguines se déplaçaient à l’intérieur de la pierre. C’était un nouvel organisme vivant. Ce n’était pas juste incroyable, c’était extraordinaire. Magique.

— Le sang de F0 boue, celui de F25 se transforme en charbon et celui de ce sujet se solidifie en pierre précieuse, annonça Clara.

— Tu imagines ce qu’on pourrait faire avec son sang… Tu te rappelles ce que le professeur Min nous racontait en classe de biologie ?

Clara s’en souvenait très bien. Le professeur leur racontait une anecdote de son enfance. Une nuit d’été, alors qu’il dormait sur une plage de sable, il vit une étoile filante et fit un vœu. Le vœu de progrès. Son vœu fut exaucé. L’homme progressa. Mais à quel prix ? Le progrès nécessitait des sacrifices. Et il y avait toujours des êtres vivants qui en souffraient. Alors, oui, Clara voyait très bien les applications potentielles de ce sang.

— Clara, j’ai l’impression qu’il vient de bouger ! s’exclama Daniel.

Amédé cligna des paupières une dizaine de fois avant d’ouvrir les yeux. Des lumières aveuglantes l'accueillirent et des lucioles imaginaires lui firent tourner la tête. Il sentit une aiguille traverser sa peau. Un épais brouillard envahit son esprit et il sombra à nouveau dans des profondeurs d’une noirceur infinie.

— Il est plus résistant que je ne l’aurais cru. Pourtant ce n’est encore qu’un enfant.

— Oui, mais il est puissant et plus ils sont puissants plus la dose doit être élevée.

— Très bien, reprenons.

Les chercheurs poursuivirent leurs tests. Ils récoltèrent tellement de données qu’il leur fallut une carte mémoire supplémentaire. Ils prélevèrent également de nombreux échantillons puis les envoyèrent pour analyse au laboratoire vers vingt trois heures. Deux aide-soignants entrèrent et transportèrent Amédé sur un brancard jusque dans la salle aux cobayes où ils l’enfermèrent dans un des conteneurs de verre.

Immergé, un masque à oxygène lui permettait de respirer et de nombreux cathéters surveillaient ses constantes vitales. Les hommes quittèrent la salle et les lumières s'éteignirent. Seul le bruit des machines auxquels étaient reliés les sujets de test résonnait dans la pièce. Amédé ouvrit brusquement les yeux et son sang se pétrifia. Il était prisonnier des humains et les humains étaient les vrais monstres sur cette Terre.

Cette dernière nuit d’été fut la dernière qu’il passa indemne. Tout avait basculé quand il était entré dans le centre de recherche de l’armée. Car il était maintenant un rat de laboratoire et ne possédait aucun moyen de s’échapper.

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à venir

Mission d'ordre SS : Un éclat de Cristal

Tora discutait avec quelques Étincelants à propos des archives de la bibliothèque, ces derniers temps elle avait toujours des choses à faire, et cela ne s’était pas arrangé avec la menace des Templiers qui se faisait de plus en plus présente, chassant tous ceux dont le sang n’était pas “pur”... Bref. Beaucoup de choses à gérer dont elle se serait bien passé.

Alors que les archivistes de l'Étincelante s'en allait, la Tigresse vit Nokoribi rentrer, précédée par Niernen, sa petite Draflayel, qui était venu voler autour de Tora, comme pour lui dire bonjour, avant d'aller voir Akuma, le Black Gallytrot de cette dernière.

La Dragonne venait lui faire son rapport, Tora l'avait envoyée enquêter sur des dérèglements magiques causant des changements météorologiques brutaux. Ces derniers étaient dangereux pour tous, notamment dans les régions plus tropicales d’Eldarya où les pluies de fin d’été se montraient dévastatrices…

Comme prévu, Nokoribi avait bien senti un dérèglement du Maanas dans la zone en y arrivant, il fallait dire qu’elle était sensible à ce genre de choses. Elle avait pu calmer un peu les choses pour les habitants, mais la Garde d’Eel devrait sans doute renvoyer des Gardiens là-bas plus tard pour trouver une solution plus viable.

Avec ce rapport, et les nombreux autres reçus depuis quelque temps, Tora avait bien compris que le problème venait du Cristal, celui-ci était instable depuis qu’il avait été brisé. Son éclat s’était terni, il semblait moins vibrant d’énergie, beaucoup plus faible… Même elle, n’ayant pourtant pas de sensibilité particulière aux Maanas, pouvait le ressentir. Comme un écho de plus en plus faible… Tous sentaient que la réalité même d’Eldarya semblait s’altérer presque.

Remerciant la Dragonne de son rapport, Tora se nota mentalement de convoquer dès le lendemain les autres Étincelants pour en discuter avec eux. Mais à peine Nokoribi eût-elle quitté la pièce, que Tora sentit un grondement sourd, à peine perceptible, qui fit vibrer le sol et les murs de la Salle du Cristal. Son regard ambré s’était directement tourné vers le Cristal, voyant le léger tremblement qui l’agitait.

Un frisson remonta le long de son échine alors que Akuma se mettait à grogner, semblant agité. Au cours de ses missions et depuis qu’elle avait adopté Akuma, Tora avait appris que les familiers sentaient bien des choses que les Faerys ne pouvaient pas percevoir. Et la réaction violente et soudaine de son Black Gallytrot inquiéta d’autant plus la Brownie.

Elle n’eût pas le temps de faire un pas qu’un éclat de lumière l’aveugla soudainement. Lorsque Tora pu rouvrir les yeux, elle n’avait pas bougé, tout du moins elle ne semblait pas avoir bougé. Mais l’atmosphère de la salle avait changé, la lumière était blême, froide. Le bref éclat d’un éclair fût visible au loin, éclatant sans un bruit, avec un silence total, glaçant.

Tout semblait figé désormais, même l’horloge du QG ne bougeait plus, ses aiguilles figées. En se tournant à nouveau vers le Cristal, posant doucement sa main sur la surface bleutée de celui-ci, elle ne sentit plus aucunes vibrations, aucun tremblements. C’est comme si le Cristal était… Vide. La seule différence avec avant était une large fissure en travers du Cristal, comme une grande cicatrice.

“- Akuma… ?”

Elle appella doucement, essayant plusieurs fois. Cependant, chaque appel ne fût accueilli que par un silence pesant, rendant la Brownie de plus en plus nerveuse. Se retrouver seule ainsi… Elle ne comprenait pas ce qu’il s’était passé, pourquoi le Cristal avait soudainement réagi ainsi, s’était-il trop affaibli dernièrement ? Les dérèglements des dernières semaines avaient-ils été un dernier avertissement qu’ils n’avaient pas compris… ?

La Tigresse se retourna pour explorer le QG, tenté de trouver une explication à ce qu’il s’était passé, un moyen de “revenir” à Eldarya, dans le réel Eldarya. Passant devant la bibliothèque, elle vit le sable d’un sablier arrêté, figé dans un écoulement sans fin.

Bloquée ici sans pouvoir rien faire, Tora ne prenait que plus compte de sa propre impuissance face à la situation actuelle. Elle avait beau être la Cheffe de l’Étincelante, une ancienne Absynthe, elle n’avait aucune idée de comment arranger la situation. Si elle avait été Cheffe de l’Étincelante il y a quelques décennies, on lui aurait sûrement dit que le Cristal avait besoin du sacrifice d’un Dragon, mais bien heureusement ce genre de choses avaient été abolis bien avant qu’elles ne rejoignent même la Garde d’Eel.

Passant devant les jardins du QG, elle fût une nouvelle fois frappée par tout ce monde autour d’elle, calme et figée. Silencieux. Dans un sens, elle en ressentirait presque un sentiment de calme, de plénitude, si elle oubliait l’état inquiétant du Cristal. Ici au moins, elle n’avait pas les réunions incessantes pour gérer les différentes missions de la Garde, les ravitaillements du Refuge d’Eel, et ainsi de suite… Mais malgré tout, cet endroit restait un QG qui n’était pas réel, qui n’était pas le sien. C’était une fracture, un éclat, comme un reflet brisé d’Eel. En tout cas, c’était ainsi qu’elle le comprenait.

Tournant vers l’allée des arches, elle vit quelques fleurs de vanille, celles plantées près des bancs de l’allée. Le vent devait sûrement être en train de souffler quand tout s’était figé car, en plus des quelques fleurs ayant éclos sur les branches, quelques pétales étaient figés dans les airs proches.

Sans savoir pourquoi, elle était restée quelques instants à fixer les fleurs de vanille, tendant doucement la main pour venir effleurer les pétales immobiles. Alors qu’elle allait repartir, elle capta un petit éclat bref entre les feuilles. Fronçant les sourcils, elle avait écarté les feuilles avant de finalement voir le petit éclat de Cristal.

Lorsque ses doigts effleurèrent le bout de Cristal, elle eût l’impression de se faire soudainement repoussé, rouvrant les yeux dans la Salle du Cristal, Akuma aboyant toujours à côté d’elle, regardant le Cristal, celui-ci désormais ornée de la même fissure que celle qu’elle avait vu dans cet étrange version alternative du QG.

En cette dernière soirée d’été, la Brownie n’avait pas besoin de plus pour se rendre compte que le Cristal lui avait passé un message : bientôt, sa magie ne suffirait plus à maintenir Eldarya, et quand ce temps arriverait, Eldarya se retrouvera figé dans le temps, en un éternel crépuscule.

Commentaire

Ivicy : Je trouve ça très original d'avoir le point de vue d'un Faery prisonnier des humains, ça me rappelle "l'arc Templiers" de Eldarya A New Era, j'espère que Amédé et les autres pourra s'en sortir :')

Mission d'ordre SS : Une dernière danse

Elona marchait, l’écho de ses pas résonnant dans le couloir vide. Ces derniers temps, tous les mages de l’Empire étaient réquisitionnés pour régler les problèmes magiques de l’Empire d’Astrolia. Des tempêtes de sable, des blizzards soudains en bord de mer et même quelques tornades. Bref, tout cela était assez préoccupant pour que les mages soient tous convoqués à Esther, la capitale de l’Empire.

La mage passa une main dans ses cheveux, repoussant quelques mèches rousses en arrière. Clairement, elle aurait aimé ne pas avoir à faire le chemin jusqu’à la capitale. Même à dos de griffon, le voyage avait été affreusement long et elle avait été obligée de mettre en pause toutes ces expériences et recherches actuelles.

Jetant un coup d’œil à l’horloge qui trônait dans le couloir, elle ajusta une dernière fois sa tenue, avant de passer les portes de la salle du trône. Elle était pile à l’heure pour la réunion des mages. En tant qu’archimage du sud, elle se devait d’avoir un minimum de ponctualité et d’être présentable après tout.

Elle prit place proche de la famille impériale, avec les archimages de l’est et du nord, comme à son habitude il semblerait donc que Kyrios soit en retard… Comme d’habitude alors, la réunion commença donc sans lui. Les rapports sur les dérèglements magiques s’enchaînèrent, les mages des différentes régions discutant alors de potentielles solutions.

Les archimages avaient alors pour rôle de donner un second avis sur ces solutions éventuelles pour la famille impériale. Le fait que Kyrios ne soit toujours pas arrivé à la fin de la réunion, après un peu plus de 2h de discussions, avait donc de quoi faire jaser parmi les mages. Beaucoup convoitaient la position de l’archimage…

À la fin de la réunion, Elona s’était vite éclipsée, elle n’avait aucune envie de se retrouver bloquée par des discussions interminables avec ses collègues mages et archimages. Ni avec la famille impériale, au pire elle serait convoquée dans la soirée pour discuter à nouveau de la réunion des mages.

Elle finit par arriver sur l’un des nombreux balcons du palais impérial, celui-ci surplombant Esther et les plaines alentour. Elle ne pensait pas y trouver une autre personne, ce lieu était en général assez calme comme il s’agissait de l’un des balcons de l’aile des archimages. Mais en sentant l’odeur de vanille aux alentours et en voyant un homme à la longue chevelure blanche si atypique, elle reconnut immédiatement l’archimage de l’ouest.

“- Tu continues à fuir les réunions Kyrios. avait-elle dit en prenant place à ses côtés, près de la balustrade du balcon.
Et tu continues à fuir dès qu’elles sont finies. lui avait-il répondu avec un sourire en coin amusé.”

Elle lui jeta un coup d’œil, voyant la cicatrice qui barrait sa joue, cicatrice qu’il avait reçue par sa faute quand ils étaient plus jeunes. Elle ne pouvait s’empêcher de sentir une pointe de culpabilité à chaque fois qu’elle la voyait, même s’il ne cessait de lui répéter que tout allait bien et que ce n’était pas de sa faute. Elona était née avec un grand potentiel magique, mais elle avait eu du mal à apprendre à empêcher sa magie de devenir incontrôlable à cette époque.

“- Tu n’es toujours pas responsable de ça, tu sais.”

Il ne l’avait même pas regardé en disant cela, sachant très bien à quoi elle était en train de penser. Elle détourna les yeux après ses mots, murmurant un bref “Je sais”, même si elle ne le pensait qu’à moitié. Elle appréciait toujours sa compagnie, depuis l’enfance, Kyrios n’était pas forcément très bavard mais cela lui convenait, sociabiliser n’avait jamais été son point fort de toute façon, et elle préférait éviter les discussions inutiles.

“- L’été approche à sa fin, l’automne arrive aussi pour la magie.”

Elona lui avait jeté un regard en coin en l’entendant murmurer. Il semblait toujours en savoir plus que ce qu’il ne laissait paraître, et elle savait qu’il ne partageait pas toutes ses visions avec elle, ou même avec la famille impériale. Kyrios n’avait pas forcément un potentiel magique très élevé, contrairement aux autres archimages, mais son don de voyance si rare lui avait permis d’accéder à cette position assez tôt, lorsque l’ancien archimage de l’ouest s’était retiré.

“- Si tu l’as vu en vision je suppose que nous ne pourrons rien y faire alors. avait-elle fini par répondre après quelques secondes. Il fallait bien que ce temps arrive un jour, l’homme a dompté la magie mais il n’en est pas la propriétaire.”

En disant cela, elle s’était écartée un peu de la balustrade, le crépuscule arrivait et elle devrait sûrement aller saluer la famille impériale après son arrivée. Cependant, elle fût surprise de sentir Kyrios lui saisir alors le poignet, ayant tourné son regard turquoise vers elle, la surprenant alors par sa proposition.

“- Il y aura une fête en ville ce soir, pour la fin de l’été, viendras-tu avec moi ?”

Ce soir l’été prendrait fin et l’automne arriverait. Elle ne pouvait s’empêcher de se souvenir des quelques mots qu’il avait murmurés un peu plus tôt. Si ce soir était réellement la dernière soirée avant une nouvelle ère où la magie ne leur appartiendrait plus, alors elle ne voudrait pas la passer avec quelqu’un d’autre que lui.

“- Bien sûr, tu m’accorderas bien une danse là-bas j’espère alors ? lui avait-elle répondu avec un sourire.
Avec plaisir, comme toujours.”

Le sourire qui avait étiré ses lèvres suffisait à Elona pour être contente d’être venue jusqu’à Esther et d’avoir accepté sa proposition. Elle ne savait pas de quoi demain serait fait si la magie échappait soudainement aux contrôles des humains, mais pour l’instant, cela n’avait pas d’importance pour elle. Demain était un autre jour, une autre saison, et pour l’instant elle voulait déjà finir cette saison avec Kyrios… Le reste pourrait bien attendre.

Commentaire

Khidra : L'histoire de Aelis et Khidra parvient à être très touchante même si elle est assez courte. Je me demande ce que Aelis est vraiment, et ce que Khidra a traversé avec sa famille biologique pour en arriver là...

ordre Ss, 712 mots

C’était une belle soirée de fin d’été. De celle où l’on regarde le coucher de soleil, pied nu dans le sable avec un sentiment de nostalgie.
Mais ce soir-là, l’ambiance n’était pas à la mélancolie mais à la fête. Les Gardiens avaient organisé, pour finir l’été en beauté, un événement où chaque habitant de la cité était invité à partager leur talent sur un scène montée pour l’occasion.
Mevnynthi avait inscrit son nom sur un coup de tête. Depuis, elle avait la boule au ventre. Le jour de l’événement était de loin le pire, elle avait passé sa journée à fixer les aiguilles de l’horloge en priant pour que la journée se termine le plus vite possible.

Elle se trouve désormais au centre de la scène plus angoissée que jamais. Ses doigts s’accrochent au micro comme à une bouée de secours.
Elle avait prêté une attention particulière à sa tenue, un somptueux arrangement de tissus rouge qui cachaient les fissures, qui telles des cicatrices zèbrent sa peau.
Et plus important encore, elle avait troqué le masque qui dissimulait habituellement sa bouche par un bandeau qui cache désormais ses yeux. Cela a deux conséquences importantes. Premièrement, elle ne voit pas la foule de spectateurs qui se tient devant elle. Deuxièmement, sa bouche -répugnante- est visible aux yeux de tous.
Oh combien Mevnynthi regrette de s’être inscrite!
Évidemment que pour chanter il fallait que sa bouche soit dégagée, évidemment qu’elle serait visible aux yeux de tous. La démone ne peut qu’imaginer les regards d’horreur qui doivent se poser sur elle en ce moment même. Qui sait, peut-être que les gradins sont déjà en train de se vider. Elle ne connaît que trop bien les réactions de ceux qui voient sa bouche -immense, ouverte d’une oreille à l’autre- , les regards de ceux qui voient ses longs crocs, bien visibles. Et pour garder son courage -celui qui la garde plantée au milieu de la scène alors que ses mains ne cessent de trembler- elle n’avait pas eu de choix que de se cacher de ces maudits regards.

Les musiciens commencent à jouer les premières notes et Mevnynthi se rassure dans la familiarité de celle-ci. Elle peut même s’imaginer dans sa chambre entourée de la douce odeur de vanille, réchauffée par les doux rayons du soleil. En se concentrant, elle peut même sentir la fourrure de son familier contre de peau.
Mevnynthi chante les premières notes sans même s’en rendre compte. C’est un air d’opéra que la démone aime particulièrement. Il raconte les retrouvailles entre une jeune femme et son familier en pleine tempête de neige. C’est un chant chaleureux qui contraste avec le temps glacial qui entoure les protagonistes. 
D’ailleurs la température a drastiquement baissé sur scène et sur les gradins. L’Obsidienne note que les gardiens ont suivi sa demande et que quelques mages doivent maintenant faire tomber la neige sur la scène et sur ses alentours. Ravie de savoir que les conditions sont réunies pour pouvoir profiter du spectacle au maximum, la démone s’abandonne dans son chant.

Oh combien Mevnynthi aime chanter.
C’est dans ses moments seulement qu’elle est capable de s’accepter complètement. Quand elle arrive à atteindre des notes comme personne d’autre, alors seulement Mevnynthi ne rejette pas sa malformation. Elle arrive à se dire que ses traits particuliers la rendent unique et qu’elle est prête à les chérir.
Mais les chants sont toujours trop courts, et déjà Mevnynthi relâche la dernière note de l’Opéra qui résonne comme un écho, et l’angoisse, déjà, la rattrape. Le silence gagne l’assemblée. 



Clap

Clap

Clap Clap
Clap Clap Clap
Clap Clap Clap Clap Clap
Clap Clap Clap Clap Clap Clap Clap

L’ovation gagne la foule comme un ouragan que Mevnynthi se prend de plein fouet. Pour la première fois depuis bien longtemps elle se sent appréciée ou du moins acceptée. Secouée par l’émotion et les sanglots, elle salue la foule, s’inclinant profondément devant ses spectateurs, remplie d’émotion qu’elle a du mal à discerner. 
La gorge serrée, elle se fait la promesse silencieuse de chanter à nouveau devant une foule et peut-être même de garder sa bouche à découvert plus souvent. Mais ce qui est certain c’est qu’elle chérira le souvenir de cette soirée pour toujours.

commentaire

Shimy:
J’ai beaucoup aimé ce texte qui porte un peu de mélancolie. On dirait que la vision qu’a eut Kyrios n’augure rien de bon pour l’avenir. J’ai beaucoup aimé la douceur entre les personnes. On ressent bien qu’ils sont proches.

Khidra:
Ton texte m’a beaucoup touché. Déjà avec les sujets (l’adoption, les found family trope et « le fait d’être mère » (je sais pas trop comment d’écrire ça)) sont des sujets que j’aime beaucoup et qui me touche particulièrement. Ton texte tout en douceur était merveilleux. (Je me répète beaucoup de façon peu constructive, désolée, mais voilà, j’ai beaucoup aimé, c’est fou l’effet que peu avoir un texte pourtant court ^^’)

Si j’ai le temps je ferais d’autre commentaire avant la fermeture de l’évent …

Commentaires Lulyah

Un souvenir inoubliable
Ça m'a fait très plaisir de lire le nom d'Ezarel au début de ton texte! C'est tellement un personnage que j'aime et qui me manque, alors ça me fait toujours du bien de le retrouver dans les écrits!

Avec le début à la garde, je m'attendais presque à lire des bêtises de gardien. Tu m'as surpris en nous ramenant à l'événement de Marie-Anne (mais une bonne surprise!).

Je ne connaissais pas ton OC Evena (mais avec sa description, je suppose que c'est elle que tu avais proposé aux Souveraines la dernière fois..?) et j'ai beaucoup aimé faire sa connaissance! J'aime sa philosophie et sa façon de s'adresser à Ezarel. C'est dommage d'apprendre qu'à la fin, leur situation s'est un peu inversée. Je serais curieuse d'en apprendre davantage et de peut-être pouvoir voir Evena elle aussi retrouver l'espoir!


Aventure estivale
Tu n'as pas tardé à répondre à ma curiosité! J'étais très contente de retrouver Evena dès ce deuxième OS!
J'avoue, j'aurais préféré Ezarel, mais Keroshane s'est tout de même prouvé d'excellente compagnie!

C'était intéressant de découvrir l'histoire qui pourrait se cacher derrière le cerisier centaine: c'est tellement un endroit phare du QG après tout et si c'est souvent le lieu de divers scénarios, j'ai rarement pensé ou lu sur ses origines.


Une famille
Décidément, tu as vraiment des OC qui savent capter l'attention! L'histoire de Burgan est emplie de mélancolie. On n'en a qu'un bref aperçu, mais j'aime beaucoup la relation que tu dépeins avec son père.

La fin avec Yhkar était justement le baume au coeur qu'il fallait après un souvenir aussi mélancolique <3


Les vacances mouvementées de Lulu
Quel plaisir de retrouver Lulyah dans l'un de tes textes!
Oh que je comprends son désespoir de partir en vacances! Moi aussi je serais prête à embarquer dans un tonneau pour être certaine qu'on ne me donne pas du travail supplémentaire x)

Un avantage que ça lui coût moins cher? Par contre, là, je cris au scandale! C'était leur erreur, ça aurait dû être cadeau de la maison! Mais bon, Lulayh semble trop heureuse de partir pour s'en indigner x)

C'était intéressant d'en découvrir un peu plus sur le passé de Lulayh. Ça m'a fait de la peine pour sa grand-mère... Même si je connaissais l'ordre, je me suis demandé si tu ne ferais pas apparaitre une autre version de Lulayh et la grand-mère. J'ai partagé le petit pincement au coeur de Lulayh lorsqu'elle a compris qu'elle ne reverrait pas son aïeule.

J'avais envie de traverser mon écran pour aller la serrer dans mes bras et lui dire que tout irait bien. Nevra va s'en sortir! Même si cette version de Lulayh ne sait pas encore que les trolls vont leur tomber dessus :')

Ça m'a quand même fait plaisir de terminer ma lecture avec un Nevra bien portant et de retrouver la complicité qu'il a avec Lulayh n_n


Cobalt
Oh, une autre OC! Je trouve hyper intéressant qu'Aglad soit une poupée! Et un personnage torturé, ténébreux en plus, c'était vraiment captivant à découvrir.

J'ai trouvé l'histoire d'amour entre Aglad et Cobalt palpabe: on sent bien à quel point elle tient à lui et qu'elle est prête à absolument tout pour le retrouver. Le tout dans un lore où les humains d'Eldarya sont capturés, c'était vraiment un OS intéressant. Si jamais suite il y a, j'espère vraiment qu'ils pourront se retrouver!


Te souviens-tu?
Ton dernier texte m'a surpris par toute sa mélancolie, mais je m'y suis vite glissée et j'ai partagé la peine de ton narrateur.

C'est un très beau texte. Lourd par le sujet qu'il aborde, mais traiter avec révérence. C'est vraiment très bien écrit et j'en perds un peu mes mots, outre que j'ai vraiment ressentis change émotion transmise par ta plume.

Commentaire Beliae

Quelle surprise j'ai eu lors de notre discussion quand tu as mentionné ton texte! Je me suis empressée de venir lire, curieuse que je suis!

Tout d'abord, c'est vraiment une attention adorable.

Ensuite, j'ai trouvé très drôle de prendre le pov d'un familier pour ton texte! Un peu moins drôle quand j'ai appris qu'il s'amusait à menacer mes mollets x)
Mais comme les familiers ressemblent souvent à leur maitre, ce n'est pas bien étonnant qu'il ne me porte pas dans son coeur :')
C'était un chouette clin d'oeil d'inclure mon titre de modo! Et c'était très fluide en plus~

Les pensées répétées de Taro ont donné un bon rythme au texte. Et puis, observer la catastrophe qui frappe Eel de son point de vue à donner à la scène une dimension plus inquiétante puisqu'il ne comprend pas tout ce qui se passe. Je me demande même si ce n'est pas la « mort » de Lance que Miiko pleurait à ce moment?

Et ne t'inquiète pas, tu ne contredis aucun lore: Florianne est à moitié cyborg, il est parfaitement possible qu'un ornak lui ait mordu un mollet

Mission d'ordre SS : Danser ensemble

À la nuit tombée, alors que la lune se levait sur un ciel sans nuages, Elona avait suivi Kyrios pour se faufiler en dehors du palais impérial dans la nuit. En contrebas, les lumières des lanternes de la fête de fin d’été illuminaient les rues d’une lumière chaleureuse. Elona n’avait pas l’habitude de participer à ce genre de fêtes d’habitude, elle n’en avait pas non plus vraiment l'occasion en tant qu’archimage non plus il fallait dire… Que ce soit à cause de sa notoriété qui l'empêchait d’en profiter sans être sans cesse aborder ou du fait que sa région, le sud, était une région plus agricole et pauvre, n’ayant pas vraiment beaucoup d'occasions de célébrer ce genre de choses avec d’aussi grandes fêtes…

À l’aide de quelques sorts d’illusions, ils avaient réussi à sortir incognito cette fois cependant, grâce à Kyrios majoritairement, les illusions n’étaient clairement pas le domaine de prédilection de Elona. Cette escapade secrète lui rappelait des souvenirs d’enfance, quand ils n’étaient encore tous deux que des apprentis mages et s’amusaient à se faufiler ainsi dehors la nuit pour participer aux festivals et autres fêtes d’Esther.

Ayant atteint la ville, l’écho de discussions animées se faisait entendre un peu partout autour. Elona redécouvrait presque les rues d’habitude si ternes de la cité de Esther. Tout semblait rempli de vies et de joies, les rires résonnant autour.

Ce soir, Elona n’allait pas se soucier des problèmes de la magie, de tempêtes de sable, blizzards et autres catastrophes naturelles s’enchaînant de plus en plus fréquemment, ni même de l’annonce prophétique de Kyrios que cette dernière nuit d’été marquerait l’arrivée d’une nouvelle ère où la magie ne serait plus soumise à l’homme… Elle ne se souciait que de passer du bon temps avec Kyrios, comme n’importe quel citoyen de l’Empire d’Astrolia. Sans responsabilités, juste pour une nuit.

Kyrios lui avait pris la main sans dire un mot en la guidant à travers les rues remplies. Elona laissait son regard se balader, voyant les différents stands et autres activités… Mais Kyrios continua son chemin, semblant bien déterminer à lui montrer quelque chose. Alors qu’elle s’apprêtait à lui demander où il allait, il s’arrêta soudainement en se tournant vers elle avec un sourire, lui offrant sa main.

“- M’offririez-vous votre première danse dame Elona ?”

Il n’avait fait que murmurer ses quelques mots mais, même au milieu du brouhaha de la foule autour d’eux, Elona les avait très bien entendues. La place principale d’Esther avait été décorée spécialement pour la fête, des centaines de lanternes éclairant la place, l’horloge centenaire de la ville trônant fièrement au centre de cette dernière.

Elona glissa sa main dans celle de Kyrios alors que les musiciens démarraient une nouvelle chanson, de nouveaux couples rejoignant ceux dansant déjà. Elle n’aurait pas dit qu’elle était forcément très à l’aise pour danser ainsi mais… Avec Kyrios, elle savait que ce n’était pas important.

Alors qu’elle dansait avec lui, elle pouvait sentir son parfum de vanille si particulier, celui qu’elle avait appris à reconnaître, sachant qu’il était synonyme de la présence de Kyrios proche. Peut-être qu’il lui manquait plus qu’elle ne voulait se l’avouer… Surtout depuis qu’ils étaient tous deux dans des régions différentes avec leur travail respectif d’archimage d’Astrolia.

Au-dessus d’eux, un mage avait sans doute dû lancer un sort car du sable enchanté dessinait des formes dans le ciel, émerveillant les habitants. Mais Elona n’avait même pas levé les yeux au ciel pour y regarder, son regard restant accroché à celui de Kyrios. L’illusion qu’il avait lancé avait changé légèrement leurs traits pour passer inaperçue, d’une rouquine Elona était devenue brune et les longs cheveux blancs de Kyrios étaient désormais courts et blonds. La cicatrice qu’il avait normalement sur la joue avait également disparu… Malgré tout, Elona était sûre qu’elle aurait pu le reconnaître quand même au milieu de cette foule… Quelque chose dans l’intensité de son regard n’avait pas changé, surtout lorsque leurs regards se croisaient.

Alors que les feux d’artifice explosaient dans le ciel, l’horloge de la place sonnant minuit, leurs regards ne s’étaient pas quittés. Un seul mot avait été murmuré ensemble alors qu’une vibration secouait la terre sous leurs pieds, la magie se libérant finalement des hommes. “Ensemble”.

Commentaire

Istalri : Je suis contente que Mevnynth ait pu affronter un peu sa peur et son appréhension en montant sur scène et finissant sa chanson. J'espère qu'elle prendra plus confiance en elle-même dans le futur pour apprendre aussi à avoir plus confiance en elle sans avoir besoind de se cacher :)

Mission d'ordre 8

Au milieu du silence désertique, des cris stridents en écho nous surprirent. Je fus le premier à descendre de mon Shau'kobow. Je remis ma capuche immédiatement pour me cacher ainsi que pour cacher mes cicatrices. Les autres mercenaires firent de même tout en tirant sur la corde qui relie tout le bétail, afin de les amener entre les montures.  Désormais les pieds enfoncés dans le sable chaud, coincés entre nos familiers, mes compères et moi fixions le haut de toutes les dunes environnantes, prêt à attaquer qui voudraient ne serait-ce que toucher un poil de nos bêtes. Une gémissait, mon bras droit, Lounas, lui fila un coup pour la faire taire.

On a remué ciel et terre pour les ''récupérer'' à Balenvia, où elles avaient été découvertes. Les bestioles étaient déjà particulièrement têtues et pas des plus discrètes pour traverser les grottes et les forêts. En arrivant à l'intersection entre Eel, Balenvia et Yaqut, je crus reconnaître un ancien ami d'enfance devenu ennemi. Une des bêtes commença à chahuter et de peur de nous faire repérer, je l'achevai. Elles se turent immédiatement, même si je sentais que certaines d'entre elles était attristées.
Certes on en profita pour se requinquer moi et mes hommes, mais contrairement à notre peuple, nous sommes bien plus habitués à rester sur nos réserves. Il fallait les préserver pour eux, coûte que coûte. Contrairement à notre aller où notre voyage en Shau'kobow n'avait duré que 4 jours (3 dans le désert et 1 dans les grottes), nous ne pouvions pas avancer aussi vite avec le bétail bien plus lent que les familiers. Nous sommes depuis 5 jours sous le soleil ardent du désert de Yaqut. On approchait grandement de notre territoire pas question d'être détectés.

Après 15 minutes à fixer les alentours, on reprit la marche, moi en tête, Lounas à la fin, pour mieux pousser le bétail. Le soleil finit par se coucher et on continua toute la nuit tout en restant aux aguets. On finit par apercevoir les falaises de Yaqut.

-  QUI VA LÀ ? QUI ÊTES-VOUS ?
-  Il fait encore nuit, jettes un œil vers moi et tu comprendras. (Je fis mon plus beau sourire et écarta les bras en tenant fièrement le sabre de mon père)
-  Oh c'est vous ma.. Je.. je vous fais monter immédiatement.
-Pas trop tôt, Allary ! Railla Lounas.

Les Shau'kobow restèrent en bas, mon bras droit monta en premier avec le bétail. Je fut le dernier à emprunter la plateforme de bois servant d'ascenseur.
Arrivé dans la grande salle, je ne fut pas surpris par ce qui m'y attendait. Des sentinelles détenaient en otage mon bras droit. Celui-ci était bloqué au sol, dépourvu de toutes ses armes. Malgré les plaintes rageuses de mon ami, les sentinelles n'écouteraient qu'un seul homme. Celui aux yeux verts émeraudes et à la longue chevelure noire. La nouvelle couronne sur sa tête ne faisait plus aucun doute.

-  KAHILZ, TU SAVAIS CE QU'IL SE PASSERAIT?
-  Désolé, Lounas. Je savais ce qui était prévu pendant notre périple, mais je ne pensais pas que cela te retomberait dessus à notre retour. (Je m'adressai aux personnes autour de moi) Est-ce que l'ancien chef est en prison ?
-  (Un homme dans la foule ricana) Tu plaisantes ? Il n'a même pas eu le temps de dire "Ouf" que sa tête tomba là où se traîne son fils.
-  QUOI?!? (Les sentinelles s'ajoutèrent pour mieux le retenir au sol) COMMENT AVEZ-VOUS PU ?!? Mon père était tout ce qu'il me restait!

La fin de sa phrase s'entendait à peine, sa voix s'étrangla en sanglots. Je ne l'avais jamais vu ainsi, ni qui que ce soit de notre clan d'ailleurs.. On a plutôt tendance à rester stoïque en toute circonstance. Je savais où cette conversation nous menait, j'inspira un grand coup et préféra rester silencieux. Un homme que je connaissais bien s'approcha d'Orgelz.

- Mon très cher ami, tu pars du principe qu'il voudra s'en prendre à toi pour se venger, mais rien n'est sûr. Peut-être pourrais-tu lui accorder ta miséricorde?
-   Kellinroe, mon ami, la félonie, l'infidélité et la fuite sont trop souvent envisagés par nos pairs envers notre clan. Tu devrais le savoir mieux que personne.. (Kellinroe baissa les yeux tandis qu'Orgelz le fixa, il regarda ensuite la foule puis reprit avec un grand sourire) Tu as jusque six heures pour te prosterner devant moi et demander mon pardon.

Je regarda la seule horloge que l'on trouvait sur la grand place. Il lui laissait à peine cinq minutes pour se débarrasser des sentinelles sur son dos et pour se défendre. Autant l'abattre directement, ce qui fut fait avant même qu'il puisse se relever. Le chef du clan ordonna à tout le monde de retourner dans leurs quartiers, il exigea à ce que certains restent pour nettoyer ''ce qui restait'' et que moi et mes mercenaires encore debout le rejoignirent dans la.. dans sa salle de trône pour une audience. Notre bétail est venu avec nous pour décider de leur futur. Orgelz s'installa sur son trône et s'adressa directement à moi.

-  Fiston, comment s'est passé votre mission ? Je vois que vous nous rapportez de la chair fraîche délicieuse..
-  (Je m'inclinai en portant ma main sur la paume de mon sabre) Je vois que ton plan s'est passé à merveille, père. Il en est de même pour nous.. Jusqu'à il y a quelques minutes bien évidemment..
-  (Il ne s'attarda même pas sur ma pique, le meurtre de mon ami était déjà oublié dans sa tête) Je m'en lèche les crocs d'avance que me conseilles-tu ? Par qui je commence?
-  (Un de mes compères arracha du bétail une des humaines qui tenait à peine debout. Celle-ci tomba au sol entre moi et mon père.) Je sais que tu adores les gourmandises, je te conseille de commencer par elle. Son frère n'a pas supporté le trajet de retour. Son sang avait un bon goût de vanille.

Commentaire pour Shimy54

à venir, je vais lire l'OS puis le début, pour voir si c'est nécessaire de lire dans l'ordre ^^ UPDATE : Même si le dernier texte se suffit en lui-même, j'adore le contexte que tu as mis dans la première partie. J'aimerais bien découvrir pourquoi Kyrios ne va pas au réunion, qui sont les deux autres archimages, qui composent la famille impériale etc. La question que je me pose le plus c'est "Est-ce que tu va encore écrire une suite?" Je suis curieuse de savoir ce qu'ils font faire, maintenant qu'il n'y a plus de magie et que du coup ils sont techniquement au chômage ^^

Commentaire pour Istalri

Je me suis un peu reconnu dans Mevnynthi, son côté tête brûlée qui la pousse à s'inscrire, après je peux pas me reconnaître dans le reste. La foule serait d'office partie dès que j'aurais ouvert la bouche ^^' J'aime bien la façon dont tu réponds aux critères pour l'ordre 7.

mission de rang SS

Haletant, Aylan courrait aussi vite que ses jambes lui permettaient. C’était la dernière nuit de l’été et la chaleur écrasante, qui durait depuis le premier jour, le ralentissait fortement. Or, il ne pouvait pas ralentir. Il sauta par-dessus une racine serpentant sur le chemin et atterrit maladroitement dans du sable. Il se tordit la cheville, mais ne s’arrêta pas.

Des perles de sueurs coulaient partout le long de son corps douloureux. Il ne se rappelait plus depuis combien de temps il courrait. Mais, il ne devait pas s’arrêter ou le monstre le dévorerait, encore. La fatigue grignotait ses muscles à chaque élancée, pourtant Aylan tenait bon jusqu’à ce que la forêt se réveille. Que l’été se termine. Et que la malédiction se lève.

Les racines se déplacèrent, les branches s’étirèrent, les feuilles volèrent et les ténèbres avancèrent. La marée noire remontait à gauche et à droite. Aylan accéléra dans un ultime effort, vain. Encerclé par la noirceur, les racines bloquaient ses pas, les branches emprisonnaient ses membres et les feuilles tranchaient sa peau déjà couverte de cicatrices. La marée engloutissait tout sur son passage et bientôt la forêt disparut complètement englobée par les ténèbres.

Pris au piège par une obscurité totale, Aylan ne voyait rien. Il n’entendait rien. Il ne sentait rien. Puis le monstre aux yeux sanguinolent apparut. Aylan voyait sa forme vaporeuse. Son râle inquiétant faisait écho dans toute la forêt. Il sentait son odeur aigre.

Le monstre s’approcha et Aylan ne recula pas. Rien ne servait de reculer. Le monstre gagnait toujours. Aussi, Aylan le fixa droit dans les yeux, des lucioles dansaient, piégées à l’intérieur de son regard terrifiant, et un sourire démoniaque éclaira le visage charbonneux du monstre.

— A-y-l-a-n, grogna le monstre.

Aylan ne parvint pas à retenir ses tremblements. Il entendait la voix gutturale du monstre pour la première fois et chacune de ses cellules en frémirent.

— V-i-e-n-s, murmura le monstre.

Aylan ne voulait pas venir. Il savait ce qui l’attendait et il ne pouvait se résoudre à se jeter dans les bras des ténèbres. Pourtant, il ne pouvait échapper à leur étreinte. Et bientôt, la noirceur l’engloutit à son tour. Elle glissa le long des jambes et remonta jusqu’à sa tête. Jusqu’à ce que chaque parcelle de son corps s’assombrisse. Jusqu’à ce que la douleur lancinante le perforant encore et encore lui fit perdre connaissance.

Aylan se réveilla en sursaut et s’empressa de boire son chocolat à la vanille, maintenu chaud dans une tasse enchantée. Le souffle court, il quitta ses draps trempés et alluma la lampe de chevet. La nausée monta et Aylan se précipita vers sa fenêtre qu’il ouvrit en catastrophe.

En cette dernière nuit d’été, la canicule était toujours là. Un mage d’un autre monde l’avait lancé et selon les informations, il était toujours en cavale comme le monstre qui le dévorait dans ses cauchemars et qui subitement sortit de l’horloge. Aylan hurla, sa tasse tomba au sol sans se briser alors que ses côtes, elles, se brisaient. Son esprit s’évanouit et le monstre, qui avait patienté tout l’été, prit enfin possession de son corps, le sort complété.

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