Bonjour
Merci @Waitikka pour les nouveaux ordres. Je ne pensais pas participer à cette dernière vague puisque l'envie n'est plus là,
la preuve, j'ai même plus de BBCode mais j'ai quand même réussi à écrire un petit texte qui me satisfait. Il rempli l'ordre 8. C'est ma seule certitude. Il y a une tentative également pour les deux autres ordres, le 7 et le 9, mais je ne suis pas certaine que ça passe. Quoi qu'il en soit, ceci est mon dernier texte.
Te souviens-tu ?
Nous arrivons à la période des Perséides. Ma préférée. Te souviens-tu de l’époque où nous allions contempler cette pluie d’étoiles filantes tous les deux ? Nous avions commencé ce rituel il y a dix ans. Cela m’évoque tellement de souvenirs. Tous liés à l’été. Après tout, tu n’avais de cesse de dire que c’était notre saison, celles de toutes les passions de la jeunesse. Même si pour ma part, je la considérais plutôt comme la saison du « n’importe quoi ». Parce que oui. Même avec le recul, l’époque où nous nous mettions tous les deux dans une poubelle pour dévaler les chemins escarpés des collines en roulant, ce n’était pas de la passion de jeunesse, mais bien de la bêtise. Malgré tout, je ne peux m’empêcher de sourire encore à ces souvenirs. Ils font partie de nous. Et je les chéris.
Je me souviens que toutes nos journées se terminaient par une bonne glace. Si ma mémoire est bonne, tu prenais toujours des boules de coco. Je n’aimais pas vraiment cela, parce qu’elle donnait ce goût que je n’aime pas à tes baisers. Pour ma part, je me contentais d’une crème glacée à la vanille, la saveur qui, à mes yeux, représente parfaitement l’été. T’en souviens-tu ? Mais ça fait cinq ans que je n’ai plus mangé une telle glace. Maintenant, je les assimile à une saveur amère que je n’aime pas.
Te souviens-tu de cette fois où nous étions allés au marché estival du village de mes parents ? Nous y avions rencontré une sorcière ! Enfin, une dame qui se qualifiait comme tel. Elle avait affirmé qu’elle avait un pouvoir qui permettait d’influer directement sur le climat. Si moi, j’y croyais, toi tu étais extrêmement dubitatif. Toutefois, nous avions quand même assisté à sa démonstration. Elle avait allumé une bougie et des bâtons d’encens. Elle avait tracé un cercle aux motifs qui ont fini par m’échapper avec le temps et avait psalmodié des incantations dans une langue chantante que je n’avais jamais entendue. Quoi qu’il en soit, le ciel d’été d’un bleu azur s’était rapidement couvert de nuage d’orage. J’avais attribué ce miracle, cette « magie » à ce rituel. Mais ce n’était pas ton cas. Je me souviens d’ailleurs de ce que tu avais dit à cette femme : « une horloge arrêtée donne l’heure deux fois par jour ». La sorcière t’avait regardé avec un sourire complice. C’était probablement la première fois qu’on lui faisait part d’un scepticisme de la sorte. Mais personnellement, j’avais beaucoup aimé. Parce que cette réplique transportait l’élégance qui te correspondait si bien.
Te souviens-tu de ces combats d’escrime que nous nous amusions à faire à la faveur de la nuit, quand la chaleur s’estompait un peu ? À l’époque, je rêvais de devenir une grande combattante en la matière. Je m’imaginais au temps des chevaliers, à m’illustrer, gravant quelques hauts faits de mon nom. Et par gentillesse — ou un peu de pitié — tu me laissais te battre en grand prince. Je fanfaronnais en te disant que j’étais meilleure que toi. En sachant que c’était faux. Mais tu m’approuvais d’un sourire. En le pensant sincèrement. Et ce sont ces petites choses qui m’ont permis de prendre davantage confiance en moi. Parce que je savais qu’à tes yeux, quoi que je fasse, je n’étais jamais ridicule. Et ça m’a beaucoup aidé. Ta simple présence suffisait à faire fleurir mes sourires ! Mais… ceci m’a empêché de voir que les tiens fanaient lentement.
C’est ironique n’est-ce pas ? J’étais celle qui te contemplait tous les jours. Pourtant, dans le fond, j’étais sûrement celle qui te voyait le moins. Je n’ai pas su observer les changements de ta personnalité. Pourtant, ils étaient là. Notre dernière nuit des étoiles, il y a cinq ans, en est un bel exemple…
Te souviens-tu quand nous étions allongés dans l’herbe à observer la voûte céleste ? Je commentais tous les astres filants que je voyais, les pointant du doigt. À chacune d’elle, je faisais un vœu, toujours le même. Alors que toi, tu étais silencieux. Je ne suis même pas certaine, en y repensant, que tu regardais vraiment le ciel à ce moment-là. Pourtant, étant quelqu’un de bavard, j’aurais dû me douter que quelque chose n’allait pas par ton silence. Mais tes sourires, traits de ta personnalité solaire et rayonnante, suffisaient à me dire que je me faisais des idées. Si j’avais su voir au-delà des apparences cette nuit-là, les choses auraient-elles étaient différentes ? Si j’avais pris ta main pour te rassurer, est-ce que je serais toujours en train de la tenir en ce moment même ? Hélas, j’imagine que je ne le saurais jamais. Aujourd’hui encore, je ne suis pas certaine d’avoir compris tes motivations. Ou peut-être que j’ai simplement peur de les comprendre.
Quoi qu’il en soit, cette nuit d’été fut notre dernière. Il y avait des nuages parmi les étoiles. Et au bout d’une heure, l’orage grondait. Avec la chaleur, nous craignions des chutes de grêle. Tu m’as ramené chez moi, en me disant de rentrer me mettre à l’abri. Je t’ai regardé partir. Sans me douter que c’était la dernière fois que je te voyais. Si je l’avais su plus tôt, je t’aurais retenue. J’aurais dû te retenir.
Les premiers jours de ton absence n’ont pas été tout de suite alarmants. Je pensais que tu avais simplement des occupations autres. Après tout, déjà à cette époque, nous n’étions plus des enfants. Puis l’inquiétude a commençait à me gagner. J’ai essayé de te contacter et de te voir par tous les moyens. Mais en vain. Je crois que mon cœur avait déjà compris à ce moment-là que tu ne reviendrais pas. Mais mon esprit, lui, se refusait encore d’y croire. Jusqu’à ce que tes amis viennent m’apprendre la nouvelle. Enrobée de tendresse, mais ne suffisamment pas à cacher le venin portant le nom cruel de « réalité ». J’ai hurlé et je me suis effondrée à cette révélation. Pourtant, la vérité était bien là. J’avais perdu les temps de notre danse, laissant une autre cavalière t’emmener valser. Plus puissante, plus grande que moi. Et je savais que jamais je ne pourrais reprendre la place qu’elle m’avait dérobée. Le plus ironique, c’est que tu es parti la nuit d’été où j’ai fait ce vœu à chaque étoile, encore et encore. Maintenant que le temps a passé, j’imagine que je peux te le révéler. Je voulais que tu restes avec moi pour toujours. Mais l’ironie a voulu que ce souhait soit justement le début de la fin.
Et nous voilà, cinq ans plus tard. Avec le temps, je crois que je commence à te pardonner. Ou tout du moins, j’essaie de me forcer à le faire. Même si cela ne soignera pas les blessures. Mon cœur s’est brisé cette nuit-là. Et mon âme souffre d’une cicatrice qui ne guérira jamais. Peut-être est-ce parce que j’ai chez moi des choses qui me font continuellement penser à toi ? Comme cette collection de sable. T’en souviens-tu ? Tu avais décidé d’en prendre un peu de chaque plage où nous nous rendions ensemble et tu les mettais dans de vieilles boites de pellicules photo. En tant que précieux souvenirs. Même si, n’ayant rien étiqueté, je serais bien incapable de dire qu’est-ce qui provient d’où. Je les garde dans l’espoir qu’un jour, tu viennes les reprendre. Même si je sais que ce dernier n’arrivera jamais. Mais je ne peux me résigner à les jeter. Parce que plus que du sable, ces boites contiennent un peu de nous, et des échos de nos rêves inachevés.
Je soupire alors que mes yeux se posent sur le gobelet de glace que j’ai entre les mains. Elle est à moitié fondue. Et l’odeur de la coco se fait forte. Je n’aime pas son goût, mais elle me rappelle celui de tes lèvres. Alors, j’en ai fait un rituel. Chaque année, j’en mange une en regardant les étoiles. Et comme à chaque fois, je ne peux m’empêcher de me demander où tu es et ce que tu fais. T’arrive-t-il encore de penser à moi de temps en temps ? Te souviens-tu de ce que nous avons vécu ? Et plus important encore, es-tu heureux désormais où tu es ?
Je lève les yeux quand j’aperçois une étoile filante. Sa queue d’un reflet violet disparait rapidement, aussi fugace que la larme coulant sur ma joue.
Te souviens-tu de nos étés heureux ?
Un grand merci à celles qui ont pris la peine de lire mes précédents textes. Ce genre de retour veut dire beaucoup quand on écrit et ils m'ont fait grandement plaisir. Merci sincèrement.
Quelques commentaires de la vague 3
@Shimy54 : premier texte : J’aime bien le fait que celui-ci se passe sur les terres fenghuang. J’avoue que durant tout le texte, je me suis demandé en quoi la pluie avait une origine magique jusqu’à la chute. Pas mal le coup que les lorialets puissent influer la météo par leur émotion. Et, intentionnel ou non, j’aime bien que le soleil revient avec San et sa compagne quand on sait que Taiyou veut justement dire soleil 
@Aimyyy : premier texte : sympa comme approche. J’aime beaucoup comment tu dépeins Nevra ainsi que son enfance avec Karenn. Ça donne de la consistance au perso. Sans compter que le Nev’ de ton univers n’a pas l’air d’être juste un vampire. Je dois avouer que la démonstration de son pouvoir était très cool et donne envie d’en savoir plus.
@Khidra : premier texte : J’ai trouvé cette histoire très intéressante, même si courte. Je trouve le personnage de Gashina très intéressant et on comprend très bien pourquoi elle avait été enfermée. Elle est intrigante et son pouvoir semble très intéressant. Ça ferait une bonne fanfic tout ça.
@Serenata : en voilà une aventure rocambolesque. Je dois avouer que j’aime beaucoup la dynamique de tes deux protagonistes. D’ailleurs, à la fin de ce texte, on peut voir que Serenata apprécie de plus en plus son chef. En tout cas, j’ai bien aimé voir leur intervention. Même en s’entendant comme chien et chat, ils forment une bonne équipe.
La suite arrive prochainement
Bon courage pour tous les écrivains durant ces dix derniers jours.