12:55


— Tu as dit que tu allais m'aider à cueillir, lui rappela Intissar, mais tu ne fais que de me déconcentrer.
Lance ricana et tenta une nouvelle fois de lui chaparder le panier en osier qu'elle tenait. Malheureusement pour lui, elle sentit l'attaque venir et glissa de côté à temps.
Sous l'ombre des arbres, la chaleur de ces derniers jours devenait plus tolérable. Une petite brise venait même les caresser et les rafraîchir.
Et si Intissar appréciait ce moment avec Lance, à se promener et à cueillir des plantes pour l'infirmerie, elle fit semblant de prendre son air courroucé. 
— Tu es un partenaire de mission très nul, déclara-t-elle.
Lance arqua un sourcil.
— Ah oui ? Toi, tu es aussi sévère que la vieille chouette qui range les légumes au marché.
Intissar lui asséna un coup sur l'épaule avec le panière presque vide.
— Tu es allé trop loin, lui reprocha Intissar.
Cette fois-ci, Lance rit franchement et en profita pour la coincer plus à l'ombre, contre le tronc d'un arbre noueux. Il passa ses bras autour de sa taille et
Intissar entoura ses épaules des siens.
— On a encore beaucoup de travail, lui rappela-t-elle.
Il approcha son visage du sien mais Intissar tourna la tête, d'humeur à l'embêter. Il finit donc par embraser la base de son cou, là où la peau était la plus sensible.
Intissar frissonna malgré la chaleur.
— Une petite pause, plaida-t-il.
Et Intissar céda.





@Elmaëyn

L'EAU SEULE EST ETERNELLE

Yun Son-Do

21:18
Loksenna soupira une énième fois. Le soleil était enfin en train de se coucher et elle pouvait d’ores et déjà sentir une brise légèrement plus fraiche sur sa peau. Enfin un peu de répit après cette journée bien chaude. La nymphe se demandait si ses soeurs avaient été autant affectées par la chaleur. Peut-être aurait-elle du rester avec elles finalement. L’humidités des Terres de Jade et les nombreuses forêts l’auraient bien mieux protégée en une telle journée.

«  - T’as l’air de quelqu’un qui est clairement en train de se prendre la tête. » affirma Nevra qui était arrivé à pas de loups.
« - Décidément, t’as l’air de quelqu’un qui aime bien m’observer de loin et surgir de nulle part. Je devrais m’inquiéter ?

- Un peu tard pour ça je crois, t’as passé la nuit avec moi je te rappelle ! » ajouta-t-il avec un clin d’oeil.

La naïade ne pu empêcher ses joues de rougir d’embarras. Pendant combien de temps allait-il encore se moquer d’elle de la sorte ? Surement encore longtemps, si elle avait bien cerné le personnage.

« - Bon sinon, il parait que tu sais en jouer. » dit le vampire en désignant une harpe. « Tu me joues une sérénade ? »
⁎ ⁂ ✦ ⁂ ⁎
@Artemis

L'EAU SEULE EST ETERNELLE

Yun Son-Do

18h18
Lok regardait les membres de l’Étincelante tous réunis autour de la grande table ronde. Cela faisait déjà deux bonnes heures qu’elle se remuait sur sa chaise, sa queue fouettant l’air dans l’espoir d’obtenir un peu de fraîcheur. Elle attendait avec impatience que son calvaire se termine. La moitié des sujets abordés lui étaient inconnus, et elle ne pouvait rien apporter à l’autre moitié. Quelle idée avait-elle eu d’insister à découvrir le fonctionnement de l’intérieur. D’abord enthousiaste, elle regrettait amèrement sa décision. Après avoir retenu déjà plusieurs bâillements, un autre se présenta qu’elle ne tenta même pas de dissimuler.

« - Ouais mois aussi je préférerais être au labo, mais juste parce que je suis chef je suis obligé de venir. » railla Ezarel.
« - Vous faites ça souvent ?
- Au moins une fois par semaine. Et ça c’est quand il se passe rien. Sauf qu’il s’en passe des choses que la Garde doit gérer. Un peu trop peut-être. »


Une moue dégoutée s’installa sur le visage de la naïade. Elle ne pourrait se résoudre à passer autant de temps devant une table comme ils le faisaient, et plusieurs fois par semaine. Elle se disait que même si l’opportunité venait à se présenter, elle ne pourrait définitivement jamais faire partie de l’étincelante.

« - Bon je pense qu’on a fait le tour. Quelqu’un souhaite rajouter quelque chose ? » annonça la chef de l’étincelante.

Un grand silence s’en suivit, sonnant enfin le répit de la nymphe.
⁎ ⁂ ✦ ⁂ ⁎
@Artemis

18:27


— Allez, dehors ! le chassa Koori, les poings sur les hanches. C'est interdit aux hommes !
Lance arqua un sourcil avant de désigner Mathieu du menton.
— Pourquoi est-ce que je suis le seul qu'on met à la porte ? Mathieu reste bien ici.
Koori balaya d'une main sa protestation.
— Mathieu ne compte pas, c'est plus un familier qu'autre chose.
Mathieu s'étouffa d'indignation mais personne n'en prit compte. Koori se dépêcha plutôt d'attraper un objet au hasard et de le lancer dans la direction du chef de Garde.
Celui-ci le rattrapa au vol sans aucune difficulté. Koori soupira d'exaspération avant d'attraper le bras d'Intissar.
- Très bien, tu ne veux pas t'en aller alors c'est nous qui partons. Et tu n'as pas intérêt à nous suivre. Ce soir, c'est mon tour de profiter de ma copine sans t'avoir dans les pattes. 





@Elmaëyn

17h08


Ran triture nerveusement le pendant de son collier. Les nuages sombres, présages de bien des mauvaises choses, se sont pointés rapidement. C'est un signe. Un mauvais présage, selon les Anciens. Elle descend précautionneusement de la branche qui lui servait de point d'observation, et hume l'air environnant. L'odeur du souffre et du sang prend aux tripes. En tendant l'oreille, elle arrive à percevoir comme un chuchotement. Un bruissement tout au loin. Ce n'est pas une voix. Ce n'est pas clair, ce n'est pas distinct. Cela ressemble au râle d'une bête à l'agonie. Un peu plus tard, un rire. Puis le bruit d'une masse que l'on traine derrière soi.
Ils ont encore frappé.

"Une vie pour une vie", souffle-t-elle la mâchoire serrée, en dégainant son bâton. Il lui faut s'assurer que celle-ci sera la dernière que l'intru prendra.

16h38

" Le soleil caresse la canopée de ces rayons chaleureux offrant une douceur sans pareille pour la jeune Uhane assise sous le couvert luxuriant des arbres. Les oiseaux chantent leur bonheur, les insectes virevoltent entre les trous de lumières et le bruit des vagues au loin apaise comme aucune autre mélodie ne le pourra jamais la petite fille.

Tu crois qu’elles seront là ce soir grand-mère ? , demande l’enfant.
Que te dit ton cœur ? lui répond sa kupuna wahine.

Uhane ferme les yeux, concentré sur sa voix intérieure et cherche à lire les messages secrets de la nature.

Elles seront là ! Elles seront là ! Tutu, les méduses seront là ce soir ! s’exclame-t-elle avec joie. "


Uhane sursaute au contact froid de la langue marine venue lui lécher les pieds. Reprenant ses esprits, elle dirige son regard vers l’astre couchant en se demandant si cette enfant, autrefois joyeuse, trouvera de quoi rire dans cet avenir promis à la noirceur de la trahison.

18h59

Les bras derrière la tête, Moody scrutait le ciel à travers les branches du cerisier. Les fesses calées entre les deux cuisses de ses amants, la lunienne s'était allongée sur eux sans aucune autorisation. Le ventre dénudé, elle frémissait sous les doigts qui lui caressaient la peau d'un air distrait. Les deux gardiens étaient plongés dans une discussion dénuée de sens pour la femme à la chevelure argentée. Ses paupières se fermèrent.

C'était le calme avant la tempête. Ce soir, elle jouerait probablement avec leurs nerfs.

16h57

Peut-être n'était-ce pas une bonne idée. Mais voir les enfants se battre avec de l'eau au jardin de la musique lui mettait du baume au cœur. Ses doigts passèrent instinctivement sur son ventre alors que les larmes lui montaient aux yeux. Foutus hormones. La lunienne s'assit sur le bord de la fontaine tout en surveillant la petite tribu, frémissant au baiser déposé derrière son oreille.

"Un jour." lui promit le vampire à l'oreille.

19h02

Ran n'avait jamais cherché à cacher son aversion de l'être humain. Elle les trouvait bêtes, sales, et moches en plus de ça. Ils n'avaient jamais rien créé de bien. Leurs armes étaient terrifiantes, leurs maisons étaient laides, et leurs moyens de locomotions, n'en parlons même pas. Même leur nourriture était ridicule. Mais force était de reconnaître que certains mots qu'ils avaient inventés étaient... Amusants. Presque mignons. Acroupie devant un bébé bhémoth qui avait croisé sa route quelques jours auparavant, elle se triturait alors le cerveau.

"Calculette ?.... Chausse-pied ?... Tancarville ?..." Essayait-elle. Le familier semblait faire la grimace. Il la dévisageait avec ses énormes yeux, et donnait l'impression d'être profondément outré.

"Stylo-bic ? Dentier ? Fusilli !" Tenta-t-elle alors. Au dernier, le jeune familier sembla cesser toute envie de bagarre. Il s'appellerait donc Fusilli.

18:40

Uhane était livide. Après des jours, des semaines à attendre et à croire qu’enfin le reste de son peuple pourrait trouver la sécurité d’une nouvelle terre, la voilà présentée à un refus aussi diplomatique que détestable. Elle avait eu espoir. Un espoir de fou lui aurait dit Makani. Un espoir qui n’était finalement qu’un souffle au cœur de la tempête.

Elle devrait maintenant annoncer à ce qu’il restait des siens qu’ils n’étaient plus les bienvenus ici et que la seule faveur qu’elle aurait obtenue de cette entrevue avec le sultanat était une promesse de discrétion.

De retour sur la plage où les quelques bateaux attendaient, elle n'eut pas la force de parler. Et parler n’était pas nécessaire alors qu’une larme traîtresse coulait sur sa joue. Sans un mot les enfants sont installés sur les embarcations et les voiles hissées avant la première sommation de la garde du palais.

Le regard porté vers un horizon inconnu, la dernière des chamanes ne peut que croire qu’un refuge leur sera bientôt accordé. Elle n’a pas le choix. Pour elle. Pour eux. Il le faut.