Ce petit ĂȘtre qui grandit
De nouveau, Moody se trouvait dans une situation dĂ©plaisante : la tĂȘte au-dessus de la cuvette des toilettes. Son petit dĂ©jeuner nâavait pas fait long feu, encore moins que celui dâhier. Un nouveau record Ă battre, pensa-t-elle avec sarcasme. Elle se sentait vidĂ©e et Ă©puisĂ©e, Ă peine sortit du lit. La journĂ©e sâannonçait longue.
Se relevant en tirant la chasse dâeau, son regard croisa son reflet dans le miroir : elle faisait peur Ă voir. Heureusement, ses maris Ă©taient absents en ce momentâŻ; on leur avait confiĂ© une mission loin de la garde. Dâhabitude, la jeune femme nâaimait pas les savoir Ă©loignĂ©s dâelle. Ils Ă©taient un couple fusionnel, malgrĂ© leur caractĂšre parfois opposĂ©. Le trouple ne passait pas inaperçu et avait rĂ©alisĂ© un mariage assez inhabituel mais finalement les autres sâĂ©taient adaptĂ©s. Bien sĂ»r, avoir deux des plus beaux hommes de la garde comme maris avait suscitĂ© beaucoup de jalousie envers la lunienne, mais cette derniĂšre se fichait bien de tout cela. CâĂ©tais sa vie et peu importe ce que les autres pensaient ou disaient. Au contraire, elle sâen dĂ©lectait. CâĂ©tait un petit plaisir personnel, pour flatter son Ă©go. Moody adorait quand les autres la jalousait.
Oui , elle nâĂ©tait assurĂ©ment pas Ă son avantage ce matin, les yeux tirĂ©s et le teint bien plus pĂąle quâĂ son habitude. Elle savait les causes de ses nausĂ©es, cependant elle refusait de lâadmettre. AprĂšs tout, satisfaire deux maris autant actifs sexuellement est certes Ă©puisant et Ă©panouissant quand on a les mĂȘmes dĂ©sirs, mais pas sans risque. NĂ©anmoins, Ă©tait-elle prĂȘte Ă celaâŻ?
Moody ne le savait pas, ou en tout cas ne sâĂ©tait pas posĂ©e la question sĂ©rieusement. Finalement, peut-ĂȘtre se faisait-elle des idĂ©esâŻ; elle avait surement juste attrapĂ© une gastro-entĂ©rite. Rien de bien grave, câĂ©tait le genre de maladies qui circulait facilement dans le quartier gĂ©nĂ©ral. Elle en avait dĂ©jĂ eu par le passĂ©. Oui, cela ne pouvait ĂȘtre que ça.
PĂ©niblement, elle se lava et sâhabilla. La solitude lui pesait, mais Ă©tait source aussi dâapaisement face Ă lâĂ©ventuelle annonce, que son esprit aimait lui rappeler. Si la gardienne avait raison, sur sa premiĂšre intuition, elle redoutait le moment de lâexpliquer Ă Lance et Nevra. Ses deux hommes pouvaient ĂȘtre les plus attentionnĂ©s du monde quand ils le voulaient, ils Ă©taient aussi deux mĂąles alpha bourrĂ©s de testostĂ©rone. Elle soupira en sortant de la douche, quâelle avait pris prestement. Une chose Ă la fois, avant dâangoisser sur les rĂ©actions de ses amours, elle devait ĂȘtre sĂ»re.
Elle sâhabilla rapidement tout en restant Ă©lĂ©gante. Moody Ă©tait le genre de femme que nâimporte quel vĂȘtement mettait en valeur et elle adorait en jouer avec des tenues parfois osĂ©es, parfois dâapparence plus sages, surtout dans les tons noirs et violets. Sa tenuie du jour ne faisait pas exception : une robe avec un beau dĂ©coltĂ©, dĂ©voilant ses jambes nues.
Elle maquilla rapidement son visage, davantage pour cacher sa fatigue que pour plaire, et sortit de la chambre. Bien que dĂ©terminĂ©e, son envie de savoir la source de ses nausĂ©es vacilla une fois dans la salle des portes et elle dĂ©cida de plutĂŽt vaquer Ă diverses occupations quotidiennes. Enfin, câĂ©tait ce quâelle voulait avant que son corps en dĂ©cide autrement. Les nausĂ©es reprirent de plus belle.
Et la voilĂ forcĂ©e Ă courir dans les couloirs pour atteindre les toilettes communes et vomir encore. Vraisemblablement, il restait encore un peu de viennoiseries dans son estomac. LâaciditĂ© remontant de son estomac lui brĂ»la tout l'Ćsophage et elle se retient de gĂ©mir de douleur. Oh comme elle aurait aimĂ© avoir un de ses hommes prĂšs dâelle en ce moment pour quâelle puisse se blottir contre lui et ĂȘtre rĂ©confortĂ©e.
âMoody ?â
La rĂ©sonance de son prĂ©nom dans cette piĂšce quâelle pensait vide la fit sortir aussitĂŽt de ses pensĂ©es. EffrayĂ©e Ă lâidĂ©e que son Ă©tat puisse ĂȘtre dĂ©couvert, elle tourna vivement la tĂȘte vers la voix. Elle dĂ©couvrit alors le visage inquiet dâEweleĂŻn. La lunienne nâavait plus de possibilitĂ© de se cacher maintenant. Elle allait devoir faire face avec son destin, son secret allait ĂȘtre dĂ©couvert.
Comme une enfant que lâon prend sur le fait, quand une bĂȘtise a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e, Moody baissa le regard et ferma les yeux en soupirant. Elle nâavait plus le choix. Se relevant et tirant la chasse dâeau, elle suivit lâinfirmiĂšre sans un mot. Elles nâen avaient pas besoin dans la situation.
Une fois rentrĂ©e dans lâinfirmerie, lâelfe prit place Ă son bureau et invita la gardienne Ă s'assoir en face dâelle. Dâabord rĂ©ticente, elle finit par obĂ©ir et donnant le change dans son attitude : elle se tenait bien droite et possĂ©dait toujours ce regard observateur et hautain. Elle croisa ses bras sur sa poitrine, renfermĂ©e dans son secret.
âBien, ne tournons pas plus longtemps autour du pot : depuis quand nâas-tu pas eu tes rĂšgles ? Demanda EweleĂŻn sans prĂ©avis.
- 2 ou 3 mois, finit par rĂ©pondre Moody, sentant bien quâelle ne pourrait y couper, mais visiblement mĂ©contente de cette question brute.â
LâinfirmiĂšre nota sa rĂ©ponse et ne fit aucun commentaire sur son attitude. Elle en avait lâhabitude. Lâelfe se leva pour aller prĂšs de la table dâauscultation. Elle invita la gardienne Ă sâinstaller dessus. Elle ne le montrait pas, mais Moody stressait. La jeune femme avait lâimpression de rĂ©ussir Ă le cacher Ă lâelfe, mais il nâen Ă©tait rien. Cependant, aucun mot ne fut prononcĂ©, le silence Ă©tait roi dans la piĂšce.
EweleĂŻn remonta le haut et descendit un peu le bas de la lunienne afin dâaccĂ©der Ă son bas ventre pour lâexamen mĂ©dical. Elle dĂ©posa une crĂšme froide, qui fit frisonner la jeune femme, et prit un appareil dâobservation assez Ă©trange. Lâinstrument aidait Ă visualiser le maana dans un ĂȘtre vivant et dĂ©tecter des sources diffĂ©rentes. Elle pressa le tube qui sortait du moniteur sur le bas ventre de Moody et observa silencieusement.
âFĂ©licitations, tu es enceinte.â
Et voilĂ , cela devenait officiel, rĂ©el dans lâesprit de la gardienne. La lunienne ne savait pas comment rĂ©agir. Ătait-elle heureuseâŻ? Oui, elle en avait lâimpression. Pourtant, une angoisse montait en elle : gĂ©rer ses deux maris face Ă la nouvelle. Elle ne connaissait que trop bien leur Ă©go. Un soupir dĂ©passa ses lĂšvres, elle nâavait aucunement envie de parler de ses Ă©tats dâĂąme avec lâelfe maintenant. Elle la remercia poliment avant de se rhabiller et de sortir.
âIl faudra que tu reviennes pour un suivi, rĂ©ussit quand mĂȘme Ă dĂ©clarer EweleĂŻn avant que la porte ne se referme.â
LâinfirmiĂšre Ă©tait en colĂšre contre la rĂ©action de la gardienne, mais en mĂȘme temps une partie dâelle Ă©tait habituĂ©e Ă la solitude de la jeune femme. Elle souffla pour se dĂ©tendre avant de reprendre ses occupations matinales.
~
Moody mordillait ses doigts, visiblement agacĂ©e. Son attitude repoussait les autres gardiens si bien quâelle Ă©tait seule Ă errer dans les couloirs. Ă force de se torturer lâesprit avec le flux de questions sans rĂ©ponse, elle finit par avoir une migraine et dĂ©cidait de retourner dans sa chambre pour se reposer. Elle nâavait rien de mieux Ă faire pour le moment, et personne Ă qui en parler.
Une main douce caressait sa joue, ce qui la rĂ©veilla. Elle grogna un peu, mĂ©contente dâĂȘtre sortie de son doux rĂȘve Ă©rotique, avant dâouvrir les yeux et de dĂ©couvrir son vampire prĂšs dâelle. Elle sourit et se rapprocha de lui pour venir se blottir contre son torse. La journĂ©e nâavait pas si bien commencĂ© mais cela changeait maintenant.
Nevra passa sa main dans les cheveux de sa belle, libĂ©rant son odeur. Il ne lâavouait pas mais sa femme lui avait Ă©normĂ©ment manquĂ©. Il voulait profiter de cette intimitĂ© avant que le dragon nâarriveâŻ; pour une fois, il ne lâavait que pour lui.
Ils restĂšrent ainsi de longues minutes, harmonisant leur cĆur lentement. Ils nâĂ©taient plus quâun, un mĂȘme battement. Elle ne dĂ©sirait pas perturber ce quâelle vivait en annonçant sa grossesse. Puis Lance nâĂ©tait pas encore rentrĂ© lui, elle avait encore tout son temps.
Le chef de la garde descendit doucement sa main dans le dos de la lunienne, non sans arriĂšre-pensĂ©e. Et ce fut un plaisir de sentir sa femme rĂ©ceptive. La fin de la soirĂ©e allait ĂȘtre animĂ©e. Il Ă©tait rare que le trouple ne soit pas rĂ©uni pour le sexe, mais chacun de ces messieurs en profitait quand ils avaient Moody pour eux. Elle en profitait Ă chaque fois pour assouvir ses dĂ©sirs.
~
La gardienne sentait les gouttes de transpirations coulĂ©es le long de son corps fatiguĂ© par tant dâexercices. OĂč Ă©tait-ce parce quâelle nâavait rien avalĂ© depuis le matinâŻ? Dâailleurs, quelle heure Ă©tait-ilâŻ? Paresseusement, elle ouvrit les yeux et fut Ă©bloui par le soleil qui filtrait Ă travers les rideaux. Ă sa droite dormait toujours son vampire, sur le ventre. Elle sourit en le regardant et caressa son dos avec sa main, jusquâau creux de ses reins nus. Ses cheveux mi-long cachait une partie de son visage, le rendant encore plus craquant.
âJe vois que vous vous ĂȘtes bien amusĂ©s sans moi, gronda une voix masculine.â
Vivement, la jeune femme se retournĂąt et vit son mari, partagĂ© entre la frustration de ne pas avoir participĂ© aux Ă©bats de la veille et la joie de la retrouver. Il tenait un plateau contenant deux petits dĂ©jeunĂ©. Visiblement, il avait envie de faire payer Ă Nevra son dĂ©sir, comme un enfant mĂ©content de ne pas avoir son caprice. Moody sourit avant de sâapprocher du dragon, qui Ă©tait assis au bord du lit. Elle se mouva de maniĂšre fĂ©line avant de passer ses bras autour de sa nuque, se collant Ă son dos.
âBonjour mon cher mari, vous mâavez manquĂ©.
- JâespĂšre bien, mĂȘme si je vois que tu ne tâes pas ennuyĂ©e sans moi.â
Elle rit doucement. Moody aimait ĂȘtre lâattention de ses deux hommes et quâils se chamaillent pour elle. CâĂ©tait une forme de dominance secrĂšte quâelle exerçait sur eux et dont elle Ă©tait fiĂšre. Ils Ă©taient Ă elle, et pour la vie, jamais elle ne partagerait. Cela lâexcitait et avait eu le don de lui faire oublier lâannonce dâhier. Dâun geste lent, elle prit une viennoiserie dont elle mangea un morceau avant de donner Ă Lance. Le dragon la regarda avec amusement avant de croquer dedans, sensuellement. Lui aussi avait envie de s'amuser, mais la lunienne sentait la nausĂ©e monter, ce qui la mit en colĂšre. Elle en avait envie, elle voulait chevaucher le dragon. Son corps lui avait aussi manquĂ©.
Moody nâavait plus le choix, elle devait partir du lit, sous le regard surpris de Lance et de Nevra qui commençait Ă se rĂ©veiller. Les deux hommes se regardĂšrent inquiet, avant de se lever et de la rejoindre dans la salle de bain. Le chef de la garde Obsidienne qui Ă©tait plus alerte que le vampire, prit les cheveux de sa douce, comprenant quâelle essayait de vomir. Son second mari sâaccroupit prĂšs dâelle en caressant son dos avec amour. Il murmurait des mots doux pour la rassurer, car les deux mĂąles nâĂ©taient pas dupes : il y avait quelque chose dâanormal. Bien sĂ»r, il avait dĂ©jĂ vu Moody vomir, aprĂšs des soirĂ©es trop arrosĂ©es, mais jamais sans raison. Et ils avaient bien compris les enjeux, nĂ©anmoins, pour le moment, personne nâosait briser le silence.
Ils restĂšrent ainsi de longues minutes, sur le sol froid de cette salle de bain. Moody nâavait plus rien Ă vomir, mais elle refusa dâaffronter le regard interrogateur de ses amants. Elle redoutait leur rĂ©action et savait quâils nâĂ©taient pas idiots. CâĂ©tait aussi bien pour cela quâelle les aimait, tous les deux dans leurs diffĂ©rences et leurs ressemblances. Ils Ă©taient son socle sur lequel elle avait toujours pu compter et la peur que ce nouvel ĂȘtre bouscule un Ă©quilibre si difficilement acquis la stressait Ă©normĂ©ment. Non, elle ne voulait pas affronter la rĂ©alitĂ© qui se profilait. Pour une fois, la gardienne prĂ©fĂ©rait garder la tĂȘte baissĂ©e.
âMoody, finit par dire tendrement Lance, serais-tu enceinte ?â
VoilĂ , il nâĂ©tait plus possible de reculer. La fatidique question avait Ă©tĂ© posĂ©e.
âBien sĂ»r que non, rĂ©pondit-elle avec son air arrogant pour donner le change. Câest juste la nourriture que jâai mangĂ©e hier qui ne passe pas.
- BĂ©bĂ©, tenta le vampire avec douceur, ne nous ment pas. Nous savons pertinemment quand tu le fais.â
Elle se mordit alors la lĂšvre, comme elle le faisait Ă chaque fois quâelle Ă©tait prise sur le fait. Ăvidemment quâils la connaissaient par cĆur, en tout cas bien plus que les autres membres de la garde. Ils avaient appris au fil des mois Ă la dĂ©crypter, et Ă lâapprivoiser. Elle allait encore essayer de leur mentir, quand Lance se mit Ă sa hauteur et la força Ă le regarder dans ses yeux bleu glace.
âNe tente pas de nous mentir de nouveau chĂ©ri. Nous mĂ©ritons la vĂ©ritĂ©.â
Alors, comprenant quâelle nâavait plus aucune Ă©chappatoire, la jeune femme fondit en larme dans les bras de son dragon. Elle nâavait pas besoin de le dire, les deux chefs avaient compris quâils avaient vu juste. Toutefois, ils ne comprenaient pas pourquoi elle se mettait dans de tel Ă©tat. Ils leur Ă©taient arrivĂ©s de parler de lâavenir et de potentiel bĂ©bĂ©. Cela nâavait jamais Ă©tĂ© un sujet de discorde et les deux hommes avaient dĂ©jĂ exprimĂ© plusieurs fois leur envie dâĂȘtre pĂšre. Peut-ĂȘtre pas aussi rapidement, mais peu leur importait. Ce bĂ©bĂ© Ă©tait voulu dans un avenir proche. Il Ă©tait juste arrivĂ© plus tĂŽt que prĂ©vu. NĂ©anmoins, il Ă©tait certain que les deux amants aimaient dĂ©jĂ ce petit pois qui grossissait dans lâutĂ©rus de leur femme.
âO-Oui, finit-elle par avouer. Je suis enceinte.â
Elle pleurait de chaudes larmes et sa voix Ă©tait saccadĂ©e. Rarement ses hommes ne lâavait vu ainsi.
âJeâŠje ne veux pas que cela change quoi que ce soit entre nous.
- Oh chéri, cela ne changera rien entre nous. Cet enfant sera aimé et choyé par nous trois, le rassura Lance.
- Oui, nous sommes heureux de vivre cela avec toi bĂ©bĂ©, acquiesça Nevra.â
Moody ne pouvait ĂȘtre plus heureuse Ă ce moment-lĂ . Ses doutes et ses peurs avaient Ă©tĂ© balayĂ©s dâun revers de mains, tĂ©moignent de leur caractĂšre idiot. Elle Ă©tait aimĂ©, entourĂ© et choyĂ© par ses maris si comprĂ©hensif.
La journĂ©e passa dans le calme et lâamour du trouple. Le lendemain, EweleĂŻn convoqua Moody, pour un examen plus approfondi et un suivit de sa grossesse. Les garçons Ă©taient restĂ©s dans la chambre. Lance lisait tandis que Nevra finissait un rapport. Tous les deux nâavaient quâune question en tĂȘte, mais personne ne voulait la poser.
âHey, Ă ton avis qui est le pĂšre ? Finit par demander le vampire.
-Soit toi, soit moi.
-Ne joue pas les idiots avec moi Lance, tu as trĂšs bien compris la question, sâimpatienta le chef.
-Oui, jâai bien compris, soupira le dragon. Mais, on sâen fiche nonâŻ? Je veux dire, cet enfant aura trois parents pour lâaimer. Peu importe qui est le pĂšre.â
Lâautre homme ne releva pas, nâayant pas dâargument contre. Bien sĂ»r, il pensait comme lui, assurĂ©ment quâil aimerait lâenfant comme le sien sâil nâĂ©tait pas le gĂ©niteur. Mais, câĂ©tait un combat de coq et il sentait que mĂȘme si le chef des Obsidiennes Ă©tait calme, lui aussi Ă©tait tiraillĂ© par son envie dâĂȘtre le pĂšre du premier enfant. Juste par Ă©go, juste ĂȘtre le premier Ă mettre enceinte la dĂ©esse de leur passion.
Ils se regardĂšrent un moment, en chien de faĂŻence, avant de reprendre leur occupation. La tension Ă©tait palpable dans la piĂšce. Moody finit par revenir et observa ses maris avant de soupirer. Elle avait compris sans nâavoir rien Ă demander. La gardienne connaissait assez bien ses amants pour savoir Ă quel point ils pouvaient ĂȘtre idiots, et avoir un Ă©go dĂ©mesurĂ©. Elle croisa ses bras, mĂ©contente de lâambiance.
âComment sâest passĂ© la visite ? Questionna poliment Lance.
-Bien, rĂ©pondit-elle froidement.â
Elle avait les Ă©motions encore plus violentes Ă cause des hormones, surtout les nĂ©gatives. Le dragon subit ses foudres sans broncher, mais pensa que les 7 mois Ă venir allait ĂȘtre long.
Finalement, la journĂ©e se passa comme la prĂ©cĂ©dente, et la suivante aussi. Les semaines se transformĂšrent en mois. Les garçons continuĂšrent de se chamailler pour savoir qui Ă©tait le pĂšre, sous les regards agacĂ©s de Moody. CâĂ©tait essentiellement Nevra qui attaquait avec son envie grandissante dâĂȘtre le gĂ©niteur, Lance Ă©tait plus rĂ©servĂ© sur la question. CâĂ©tait sĂ»rement dĂ» Ă son passĂ©, il nâĂ©tait pas encore vraiment prĂȘt dâĂȘtre le paternel biologique, enfin, plutĂŽt pas encore prĂȘt Ă se pardonner son passĂ© et lâexpliquer Ă son enfant. Cependant, personne ne savait qui avait donnĂ© ses gĂšnes.
Les deux hommes Ă©taient silencieux quand ils Ă©taient ensemble, perdu dans leur rĂ©flexion personnelle, mais toujours au petit soin pour la future maman. Cela avait créé des tensions plus vivaces, mais cachĂ©es Ă Moody, pour ne pas lâinquiĂ©ter durant la grossesse. Puis quand le pĂšre biologique sera rĂ©vĂ©lĂ©, les piques sâarrĂȘteront naturellement.
Peu de personne Ă©tait au courant de son Ă©tat, ils nâavaient pas eu rĂ©ellement envie de lâĂ©bruiter. Toutefois, les garçons avaient expliquĂ© la situation Ă Huang Hua pour demander des amĂ©nagements, notamment le fait de ne pas ĂȘtre en mission ensemble, ou simultanĂ©ment. Ainsi, il y avait toujours un mari auprĂšs de Moody, qui nâavait plus le droit de faire des intentions dangereuses. Cela la rendait encore plus irritable, comme un aslytte en cage.
Les deux hommes lui passaient tout, et comblaient chacune de ses demandes, mĂȘme les plus Ă©tranges. CâĂ©tait dĂ©jĂ une princesse avant cela mais aujourd'hui elle Ă©tait une reine. Et la gardienne en profitait allĂšgrement. Pourquoi sâen priverâŻ? Ainsi, il lui arrivait de rĂ©veiller en pleine nuit un de ses maris, juste pour un cĂąlin ou pour un plat spĂ©cial de Karuto. Tout ses dĂ©sirs Ă©taient des ordres. Parfois, elle sâen voulait, mais son ventre qui grossissait un peu chaque jour lui rappelait quâelle en avait le droit. AprĂšs tout, elle avait un petit parasite dans son sexe, quâelle aimait de tout son cĆur.
Quand elle Ă©tait seule, la jeune femme se surprenait Ă lui parler, comme sâil Ă©tait dĂ©jĂ lĂ . Elle avait eu peur de lâannonce mais maintenant elle ne voulait plus rien dâautre que lui. EweleĂŻn lui avait demandĂ© si la lunienne souhaitait connaitre le sexe. Moody nâavait jamais Ă©tĂ© trĂšs curieuse sur ce genre de point, alors elle avait dĂ©clinĂ© lâoffre. Ce sera lâune des surprises finales.
Les papas avaient eu le droit de sentir les premiers coups dans le ventre de la lunienne, bien que la jeune femme les sentait depuis plusieurs jours. Mais ils Ă©taient trop faibles pour quâils les sentent. Moody avait Ă©tĂ© heureuse de voir la joie sur le visage de ses deux amants, de suivre avec eux cette aventure. Leur nouvelle aventure ensemble. Plusieurs fois, ils avaient caressĂ© son ventre, posĂ© leur tĂȘte dessus pour Ă©couter le bĂ©bĂ© ainsi que de lui parler.
~
Puis arriva enfin la fin de la grossesse. Cela se manifesta sans prĂ©venir, comme le dĂ©but de cette passionnante histoire. La gardienne Ă©tait en train de lire dans le parc quand elle sentit un liquide couler contre ses jambes. La poche avait Ă©tĂ© rompue et elle perdait les eaux. Les deux hommes rĂ©agirent rapidement quand Moody les appela pour leur dire, paniquĂ©e. Heureusement, ils Ă©taient juste Ă cĂŽtĂ© dâelle. Elle fut emmenĂ©e Ă lâinfirmerie rapidement, portĂ©e par Nevra.
Lâaccouchement se dĂ©roula, certes dans la douleur et les cris de la lunienne, mais surtout dans la joie de la dĂ©livrance. Le bĂ©bĂ© Ă©tait enfin lĂ . Enfin, tous les trois allaient le rencontrer. Un petit cri leur indiqua que lâenfant Ă©tait nĂ©, et bien vivant. Avant de le donner Ă sa mĂšre, EweleĂŻn pratiqua les examens de bases, dans une piĂšce Ă cĂŽtĂ©.
Moody pleurait de joie, embrasser par ses maris. Elle serait leur main, pour les sentir avec elle. Ils étaient en harmonie dans le bonheur de cette nouvelle étape dans leur vie.
âFĂ©licitations, câest un garçon.â
Lâelfe dĂ©posa alors le petit ĂȘtre contre la poitrine de sa mĂšre. Ses yeux Ă©taient fermĂ©s, mais il couinait lĂ©gĂšrement, exprimant ses premiĂšres Ă©motions. Il ressemblait Ă Moody, avec sa peau pĂąle.
Lance donna son doigt, que lâenfant prit immĂ©diatement, le serra comme un objet prĂ©cieux pour lui. Cela Ă©mut le dragon de glace. Nevra, quant Ă lui, embrassa le front de sa femme avant de caresser son bĂ©bĂ©, qui tĂ©tait le sein.
Une petite touffe noire recouvrait le crĂąne du petit ĂȘtre.