Nevra est un vampire, une créature immortelle qui joue à la vie comme d'autres jouent aux dés. La Garde d'Eel n'est qu'une distraction dans son éternelle existence.
C'est du moins ce qu'il croyait, avant que la répugnante humaine ne trébuche dans son monde.
1. Cette fiction est terminée. Les douze chapitres (en plus du prologue) sont déjà écrits. Je profite du nouveau forum pour leur apporter quelques corrections, je les publierai au fur et à mesure. Si vous voulez être prévenues, signalez-le-moi et je vous enverrai un MP à chaque nouveau chapitre.
Update, haha, vous vous souvenez quand j'ai parlé de "quelques corrections" ?
J'ai réalisé qu'il y avait plein de choses à améliorer dans le RDD, du coup je vais remanier l'ordre des parties, ajouter du contenu, dégraisser l'ensemble, bref, je suis le baron Haussman et le RDD est mon Paris.
2. L'univers du Rêve des dieux n'est pas toujours le même que l'univers du jeu. La fiction a été écrite avant la fin de The Origins et je ne respecte pas les révélations du jeu.
3. Nevra est le protagoniste du Rêve des dieux. Pas la gardienne - Nevra.
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Lectrices de l'ombre : on n'a pas toujours le temps ni l'énergie de commenter, je comprends ! Ce qui m'importe, c'est que vous aimiez cette fiction. Si vous voulez être prévenues de l'arrivée des nouveaux chapitres, envoyez-moi un MP et je vous ajouterai à la liste, même si vous n'avez jamais commenté.
>> Histoire
Prologue
Bêta-lectrice : Caprix
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Miiko se laissa tomber au sol.
Elle n’en pouvait plus. A peine trois mois que son projet fou avait vu le jour et une famille de purrekos aurait pu loger dans ses cernes.
Qu’est-ce qui l’avait prise d’accepter ? Ressusciter la mythique Garde d’Eel, quelle idée cinglée ! La Garde, c'était une légende sortie du fond des âges, un de ces contes que les mercenaires en vadrouille se racontaient au coin du feu.
Et voilà qu’elle dépoussiérait le mythe. Oh, on avait tenté de l’en dissuader. Ses compagnons d’aventure, pillards amoraux et ripailleurs, le lui avaient répété à l’envi : toi, créer une milice ? Te poser quelque part ? Gérer des gens ? Nous fais pas rire, Miiko, tu seras de retour dans six mois et t'auras un avis de recherche pour assassinat de masse au cul !
Ils n’avaient pas tort. Ces types avaient beau être les pires sacs à merde qu’Eldarya ait portés, ils avaient aussi été ses subordonnés dans plusieurs expéditions périlleuses. Ils la connaissaient bien, les enfoirés.
La vérité, c'est que Miiko n'était pas faite pour diriger une confrérie. Elle aimait les petits groupes d’élite. Qu’on lui donne onze types capables de se torcher le cul sans qu’elle leur guide le poignet et elle conquerrait un royaume ! Mais onze cents ? Non, les vastes armées encombrées de parasites lui tapaient sur les nerfs. Elle n’était connue ni pour sa patience, ni pour sa tolérance. En plus, elle avait la bougeotte : impossible de rester plus d’un mois au même endroit. Ça lui grouillait sous la peau comme une armée de vers, cette envie de partir. Elle voulait tout voir, tout savoir, tout explorer. S’attacher à un lieu, ce n’était pas son genre. Non, vraiment, elle était la pire candidate possible pour faire renaître une mythique confrérie militaire…
La femme-renarde leva la tête et darda un regard mauvais sur le Cristal qui scintillait au-dessus d’elle. Elle était la pire candidate, aucun doute là-dessus, mais allez raisonner l’Oracle d’Eldarya ! La déesse lui était apparue en rêve, toute enveloppée dans ses voiles pastel, et l’avait d’abord inondée de présents. Miiko s’était méfiée, bien sûr. Une vie de mercenariat lui avait appris que les cadeaux n’étaient jamais des cadeaux – juste un paiement pour une mission à venir. Ça puait l’arnaque à mille pieds, cette affaire. On ne peut pas faire confiance aux dieux.
Mais quand elle s’était vu offrir le légendaire Feu de Glace… Elle n’avait pu dire non.
Miiko regarda la cage posée à ses côtés. Elle aurait dû refuser ; elle en avait été incapable. Même maintenant, elle ne pouvait se résoudre à regretter son choix. Le Feu dansait comme un oiseau de lumière, laissant parfois échapper des étincelles bleutées ou des flocons de neige qui venaient s’échouer au sol pour y mourir.
Si elle avait refusé la requête de l’Oracle, elle aurait dû rendre tous les cadeaux. Ç’aurait été possible – douloureux, certes, mais possible… S’il n’y avait eu le Feu. De cela, elle ne pouvait se séparer.
Alors Miiko avait accepté, merde : elle ferait renaître de ses cendres la Garde d’Eel. Elle réunirait les plus vaillants guerriers, les meilleurs espions, les savants de renom, et tous ensemble, ils reconstitueraient le Cristal sacré !
Une goutte d’eau sale passa à travers la fissure du plafond et lui tomba sur la joue.
Reconstituer le Cristal sacré, ça paraissait si glorieux quand on le disait ainsi. En vrai, les bâtiments étaient poussiéreux, les terres en friche, et ils n’avaient même pas la main-d’oeuvre pour réparer la foutue fissure du plafond. Avec un soupir, Miiko tira de sa besace les derniers dossiers. Et toute cette paperasse allait la rendre plus folle qu’un lamulin ! Acquérir du territoire, obtenir l’accord de la cité d’Eel, créer un blason, aménager les dortoirs… Et la hiérarchie ! Tout ce que Miiko connaissait de la hiérarchie, c’était Je suis en haut, le premier qui tente de me détrôner se prend une dague entre les côtes. Quand il faisait partie de l’expédition, Leiftan devenait son second. Les autres, eux, géraient leur affaire comme ils l’entendaient.
Sauf que voilà : ça ne suffisait plus. Encore une différence entre onze et onze cents. On attendait d’elle qu’elle désigne des chefs pour ses trois gardes. Obsidienne, Ombre et Absynthe avaient besoin de généraux qui les mèneraient à la baguette…
Un son lui fit dresser les oreilles. La nuit était tombée depuis bien longtemps ; il n’y avait qu’une seule personne qui puisse se tenir devant la salle du Cristal à une telle heure.
– Entre, Leiftan, appela-t-elle avec soulagement.
La présence de son vieux compagnon d’armes l’apaisait toujours. Elle hésita cependant à changer son opinion quand elle remarqua le tas de feuilles qu’il tenait sous le bras.
– Encore de la paperasse ? grogna-t-elle de ce ton qui voulait dire et tu n’aurais pas pu la remplir pour moi ?
– Oui, mais tu vas être contente : j’ai les meilleurs candidats pour tes chefs de garde.
– C’est vrai ? Donne ! Alors, voyons voir… Valkyon, hein ? Barbant mais c’est le seul que tous les autres respectent et qui ne perd pas sa paie en réparations de matériel cassé… L’Obsidienne, c’est fait. L’Absynthe… Une page entière de candidatures ?
– C’est le recto, signala Leiftan. Il y a aussi le verso.
– Pardon ? Mais combien de demandes as-tu reçues ?
– Tu connais les intellectuels. Ils pensent tous qu’ils sont les plus aptes à diriger la garde et que les autres ne sont que des idiots prétentieux.
– Qu’ils aillent aux corbeaux ! Je ne suis pas d’humeur à gérer leurs conneries de cerveaux enflés. On verra ça demain. Ça nous laisse… l’Ombre. Alors, laisse-moi lire… Nox, tu penses ?
– Elle est compétente et elle saura se faire obéir. Elle te ressemble beaucoup, je trouve.
– C’est bien ce qui m’inquiète, renifla l'ancienne mercenaire. Compétente, autoritaire et pas loyale pour deux sous. Si je la mets à ce poste, j’aurai une mutinerie dans deux ans. Oublie Nox. Qui d’autre ?
– Comme tu peux le voir, il y a Geoffroy…
– Nevra, lut soudain Miiko.
Leiftan s’interrompit.
– Qu’y a-t-il ? demanda-t-il poliment.
– Je ne sais pas, j’ai eu comme… un pressentiment. Que sait-on sur lui ?
– Tu l’envisages comme chef de garde ? demanda son ami en fronçant les sourcils. J’ai des doutes. Il est différent des autres. Je n’arrive pas à comprendre ses motivations.
– Je vois ce que tu veux dire, mais c’est comme si… comme si l’Oracle me parlait.
Leiftan leva les yeux au-dessus de la tête de Miiko, là où le Cristal luisait paisiblement.
– Nevra… Nevra… répéta-t-elle comme si elle goûtait ce nom inconnu. Race : vampire… Ils sont très rares.
– Et très mystérieux. Es-tu sûre de toi ?
– Il doit être le chef de l’Ombre. Je le sais – je le sens. Race : vampire. Famille : aucune. Âge…
Dans la salle vitrée, les deux lunes d’Eldarya déversaient leur lumière blafarde.
– Tiens, c’est drôle. Regarde ça : il n’a pas noté d’âge.
I. Intemporel
Bêta-lectrice : Caprix
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Qu’est-ce que le Temps ? Qu’est-ce que l’Espace ?
Mais surtout, ô sages entre les sages, ô philosophes aux esprits prisonniers de vos grimoires : qu’est-ce que la magie ?* * *
La Garde d’Eel n’est pas une démocratie. Il n’y a pas de votes, pas de droits citoyens, pas de bureau des réclamations avec une jolie succube à l’intérieur prête à écouter vos doléances. La Garde d’Eel est une autocratie. Au sommet, il y a Miiko et…
C’est tout, en fait. Juste Miiko.
Et puis en dessous, il y a eux : trois chefs de garde sous les ordres de la femme-renarde la plus autoritaire de la Création. Même après des années, Miiko les scrute avec une méfiance à peine voilée, et elle rêve de pouvoir s’arracher un œil et de l’envoyer flotter derrière eux afin de les observer à distance. Surtout, bien sûr, le beau, le charmant, le puissant Nevra : que ne donnerait-elle pas pour glisser un regard dans la chambre à coucher du séduisant vampire !…
— J’en doute, l’interrompt Leiftan avec un sourire figé.
Nevra, sa tirade coupée en plein vol, se reprend vite : il fait un clin d’oeil et observe avec ravissement le sourire de Leiftan se changer en rictus.
— Mon lunaire ami, toute créature dotée d’yeux voit bien que notre ravissante chef brûle du désir de me posséder ! Si tu ne le remarques pas, c’est uniquement parce que tes yeux, tu les lui as prêtés. Tu lui rapportes tout ce que tu vois et tu ne gardes rien pour toi.
— J’ignore ce que tu sous-entends, Nevra, mais…
— Je ne sous-entends rien ! Mon ouïe est parfaite, comment oses-tu prétendre le contraire !
— Non, attends, dit Leiftan en se massant le front. Je viens de réaliser que je n’ai aucun intérêt pour cette conversation. Tu m’as arrêté en prétendant que tu avais d’importantes nouvelles à me transmettre. De toute évidence c’était encore une preuve de ton humour douteux, je vais donc…
— Les nouvelles ! s’exclame Nevra.
Il ne les a pas oubliées. Sa mémoire est excellente. Il les a juste… laissé s’envoler trop loin pour qu’il leur prête attention, certain qu’elles finiraient par lui revenir.
— Sais-tu qu’il y a eu un autre vol de nourriture ? Oui, tu le sais. Darius - c'est lui qui était de garde lors du vol - a été assommé, et Eweleïn refusait de le laisser faire un compte-rendu tant qu’il n’était pas pleinement remis. Remis, il l’est désormais ! Je lui ai montré une pièce d’étoffe grise et lui ai dit que nous l’avons retrouvée dans le garde-manger, là où il a été attaqué. Il a confirmé que son assaillant était bien un inconnu vêtu de gris. A l'en croire, il a été assommé trop vite pour reconnaître la démarche ou la silhouette... Selon lui, le gris de l’étoffe ressemble suffisamment au gris des vêtements de son assaillant pour en être un morceau.
— C’est une nouvelle importante, reconnaît Leiftan, mais qui ne me concerne guère. La traque des voleurs est l’affaire de l’Ombre, pas de l’Etincelante.
— Pertinente observation ! Hélas, nous n’avons pas retrouvé d’étoffe grise sur les lieux.
— Pardon ? Mais tu viens de dire que vous avez retrouvé cette pièce sur le lieu de l’attaque…
— J’ai dit que je l’avais dit à Darius, corrige Nevra.
Les rouages tournent, lentement, dans la jolie tête pâle du lorialet. Il porte à nouveau une main à son front. Est-ce une migraine qui monte ? Nevra l’espère – Leiftan n’est jamais aussi distrayant que lorsque la douleur lui perce les tempes !
— Tu veux dire que tu as menti à Darius, comprend Leiftan. Mais si c’est un mensonge, si vous n’avez pas retrouvé cette étoffe sur les lieux de l’attaque, pourquoi Darius a-t-il affirmé que son assaillant en était vêtu ?…
Nevra sourit. Ses crocs reflètent la lueur rougie du crépuscule.
— Peut-être les souvenirs de Darius ont-ils été chamboulés, suggère-t-il en haussant les épaules. Ou peut-être, mon cher collègue étincelant, Darius mérite-t-il ton attention personnelle.
— La garde Etincelante est en charge des traîtres. Suggères-tu que c’est Darius qui a volé…
La conversation a trop duré : agacer Leiftan est amusant, le voir se débattre avec les conclusions les plus simples, pas vraiment.
— Que le Cristal t’accompagne ! salue Nevra en se détournant.
C’est d’excellente humeur qu’il pénètre dans la salle du Cristal.
— Bonsoir, collègues !
— Nevra, gronde Miiko, tu es en retard.
— Non, se désole le vampire. La réunion a commencé il y a un quart d’heure.
— Oui, c’est ainsi qu’on définit le mot retard, note Ezarel.
— Je voulais arriver une demi-heure après le début !
Le Feu de Glace, étalé sur une table, se met à briller. L’objet répond aux émotions fortes de Miiko.
— Tu voulais arriver en retard ? gronde la kitsune. Nous t’attendions, Nevra, et nous avons tous autre chose à faire que de nous plier à tes caprices !
— Oh, Miiko, si tu veux me voir davantage, tes désirs sont mes ordres. Puis-je te raccompagner jusqu’à ta chambre quand nous en aurons fini ? Nous pourrons faire plus ample connaissance...
Nevra décoche un sourire charmeur, l’un de ceux qui ne manquent jamais de la mettre hors d’elle.
Il a misé juste. Le feu bleu déborde de la Lanterne et vient danser entre les mains de Miiko. Elle le regarde comme si elle avait envie de le brûler sur place.
Ah, cette chère Miiko ! Y a-t-il spectacle plus enivrant que celui de sa colère ?
Hélas, Valkyon, barbant barbare, pose une main sur l’épaule de leur dictatrice pour l’inciter au calme. Il y réussit, l’exaspérant faélien. Miiko prend une longue inspiration.
— As-tu songé qu’en dépit de tes multiples insinuations, je n’ai peut-être pas envie d’en savoir plus sur toi ? déclare finalement la femme-renarde.
Nevra hausse les sourcils. Force lui est d’admettre que non, il n’y a pas songé. Cette absence de curiosité le désole : comment pourrait-on ne pas vouloir en savoir plus sur lui ? Il a mené une vie absolument passionnante ! Il a découvert des secrets oubliés des mortels ! Il a…
Ah mais oui, ça lui revient ! Il ne leur a jamais parlé de toutes les choses fascinantes qu’il a faites. C’est l’ennui quand on mène une vie emplie de mystères : on ne peut pas s’en vanter. Tous les secrets qu’il a exhumés resteront enfermés dans le tombeau de son esprit, hors de portée des mortels.
— Tant pis pour toi ! se reprend-il avec aisance. Bon, Miiko, il faut qu’on parle des potions d’invisibilité qu’Ezarel a testées sur mes dernières recrues. S’il veut les utiliser comme rats de laboratoire, ça me va, mais trois d’entre elles n’ont pas arrêté de briller pendant des nuits. J’ai dû les enlever de toutes les missions d’infiltration et ma garde a perdu trente points au classement…* * *
Bien ignorant celui qui, d’un vaste mouvement du bras, jette le nom de vampire sur tous les immortels buveurs de sang ! Car les vampires, les véritables vampires, ces enfants des dieux aux veines brillant de magie pure, sont aussi éloignés des mordus que le soleil d’une simple flamme.
Les mordus ne sont que de pauvres hères. Créatures mortelles maudites par un vampire, leurs esprits limités ne peuvent supporter bien longtemps les changements qu’ils subissent. Invariablement, ils glissent jusqu’à la folie. C’est alors à leurs alliés, leurs amis, parfois même à leur propre famille de leur offrir l’éternel repos.
La chose, quoiqu’en disent les rumeurs, est étonnamment aisée. L’immortalité des mordus n’est, après tout, qu’un colosse aux pieds d’argile : qui veut abattre l’une de ces malheureuses créatures se voit offrir une panoplie de choix ! Magie de feu, poison, armes d’argent… Et il y en a d’autres, oh ! Beaucoup d’autres ! Tellement de trous dans la coquille d’invulnérabilité des mordus, songe Nevra, qu’il est remarquable que le bateau n’ait pas encore coulé. Lui a vu de son œil gris plus de cent mordus mourir. Il pourrait lister autant de manières de les tuer avant d’avoir à reprendre son souffle…
Oui, l’immortalité des mordus est un mythe. Celle des vrais vampires, en revanche, est une vérité inscrite dans la trame même de l’univers.
Nevra est un vrai vampire. Sa lignée remonte à la nuit des temps, quand les mondes ne faisaient qu’un et que le ciel n’était illuminé que par quelques étoiles solitaires.
C’était il y a bien, bien longtemps… Un temps si lointain que lui-même ne l’a jamais connu. C’était le début, quand le rêve d’un dieu donna naissance à l’univers…
Nevra secoue la tête. Il a le vertige, soudain, comme un enfant qui se penche au-dessus de la barrière et plonge son regard innocent dans le vide. Il inspire, puis expire, et le rythme régulier de son souffle l’aide à revenir à lui.
Tiens, se dit-il en posant une main glacée devant ses yeux, encore un problème que les mortels ne connaissent pas : le Vertige. Ils n’en expérimenteront jamais qu’un fac-similé. Le Vertige advient quand un être se laisse aller à contempler l’immensité, et cela, les mortels en sont incapables. Temporellement et spatialement, ce sont des êtres finis : leur durée de vie est limitée, les planètes où ils vivent aussi.
Les vampires sont, par nature, infinis. Eux seuls peuvent pleinement expérimenter le Vertige. L’immensité des cieux est comme un précipice ouvert sous leurs pieds à chaque heure du jour ou de la nuit ; il suffit d’un regard vers le bas pour se sentir irrémédiablement attiré…
Les vampires mènent des existences variées, mais la fascination du Vertige est l’un des rares points qui les unissent tous.
Nevra sait qu’il cédera un jour. Tous les vampires finissent par chuter dans la fascination. Une nuit, on le retrouvera dans les vastes plaines, les yeux rivés sur le ciel, à contempler le ballet infini des étoiles scintillantes…
Est-ce que ce sera la fin pour lui ? Ou est-ce que le Vertige n’est, en vérité, que le début de la véritable vie d’un vampire ? Repousser sans cesse la fascination de l’infini, n’est-ce pas une erreur ? Après tout, si les plus vieux vampires partent dans le Vertige et n’en reviennent jamais, c’est peut-être parce que le Vertige a quelque chose de plus qu’une vie parmi les mortels…
En vérité, il ne sait pas. Et puis au fond, quelle importance ? Lui aussi tombera un jour. En attendant, il est bien décidé à s’amuser autant que possible avec – pardon, parmi – les mortels.
Après tout, songe-t-il en ricanant, ce n’est pas comme si sa durée de vie était limitée…* * *
Nevra déteste l’ennui. Il l’abhorre, il l’exècre, il le feuyea, il le μῑσεῖ ! Plutôt plonger dans le Vertige que de rester là à ne rien faire ! a-t-il plus d’une fois déclaré.
Beaucoup de vampires deviennent contemplatifs après leur septième ou huitième siècle. Ils se retirent du monde et commencent à se satisfaire d’une vie plus simple. Ce qu’ils piétinaient auparavant suscite désormais l’émerveillement : une fleur juste éclose, la neige sur leur peau, le corps chatoyant d’une truite sous le soleil…
Ces vampires-là, Nevra leur crache dessus. Oui Monsieur, oui Madame, il leur crache dessus ! Aller admirer les pâquerettes, très peu pour lui. Non, son ennui, il le repousse par les sensations fortes. L’infiltration et le sexe, voilà le cocktail du vampire qui prend de l’âge : quelles autres activités fournissent autant d’adrénaline ? Découvrir le corps d’une humanoïde, l’amener aux portes du plaisir et prendre le sien au passage, voilà qui est vivre ! Se glisser parmi les ombres, ne faire qu’un avec la nuit, vivre avec la certitude qu’on peut être découvert à tout instant, c’est là ce qu’il appelle exister !
Si Nevra a rejoint la Garde d’Eel, ce n’est pas par idéalisme. Lui, le Grand Cristal, ce n’est pas son affaire : les vampires ont bien assez de magie en eux pour se passer de celle d’un rocher brillant. Quant aux créatures condamnées à dépérir en l’absence du Cristal… Ce sont des mortels, ils mourront de toute façon : qu’ils vivent soixante ou six cents ans, quelle différence ? Leur durée de vie est limitée ; elle est donc, par essence, négligeable.
Non, Nevra n’est pas là afin d’œuvrer au bien commun. S’il avait eu autre chose à faire, il n’aurait pas gratifié d’une miette d’attention cette nouvelle organisation paramilitaire.
Mais la Garde, voyez-vous, foisonne d’activités et de personnalités plus intéressantes les unes que les autres. Pour Nevra, l’attrait en est aussi irrésistible que celui d’une torche pour un papillon de nuit. Une maigre année après le début de la nouvelle Garde, il faisait ses valises et débarquait à Eel en demandant à devenir Gardien. Il ne s’attendait pas à grand-chose, un palliatif pour repousser l’ennui, tout au plus.
Et c’est ce qu’il a trouvé, oh oui ! Depuis son arrivée, l’ennui s’est envolé comme un oiseau effrayé. Les gens ici sont tellement plus intrigants que ce qu’il croyait au départ ! Miiko, surtout, Miiko est un mystère. Comment une simple kitsune a-t-elle mis la main sur le Feu de Glace ? D’où provient la mystérieuse Lanterne dans laquelle elle conserve le Feu ? C’est cet artefact qui a poussé Nevra à intégrer la Garde et foi de vampire, il découvrira comment sa chef se l’est procuré.
Mais les autres ne sont pas en reste. Valkyon est un rabat-joie mais Ezarel, ce foutu elfe avec son sourire mielleux, Nevra doit admettre qu’il fait un meilleur rival que bien des mortel qu’il a connus. Et Alajéa, la jolie petite sirène à la langue acérée ; et le reste des Cinq qui gravitent autour de lui…
Et puis il y a la dernière, cette nouvelle Gardienne tout droit sortie d’un monde que Nevra n’a pas visité depuis bien longtemps : l’Originelle, la Planète de toutes les Planètes. Il paraît que ses habitants l’appellent la Terre…
Nevra sourit, un sourire qui dévoile ses crocs affilés. Tant de jouets pour repousser l’ennui !
II. Magie
Bêta-lectrice : Caprix
Bêta-lectrice : Caprix
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Qu’est-ce que la magie ?
L’essence de l’univers.
Qu’est-ce que la magie ?
Le fil de la vie.
Qu’est-ce que la magie ?
Le sang des dieux.
Qu’est-ce que la magie ?
Personne, pas même les vampires, ne le sait vraiment.* * *
Eldarya, songe Nevra en inscrivant le destinataire sur la lettre qu’il vient de terminer, n’est pas un monde fait pour la vie.
Il se souvient d’un bon mot qui circulait sur la lointaine planète des Neuf Royaumes à son arrivée. Une sécheresse sans précédent venait de s’abattre à l’Est ; Carmélie, grosse de joyaux et de monnaie, ses greniers aussi vides que les ventres, avait ouvert ses coffres avec plus d’empressement qu’une putain ses jambes. Comme les huit autres royaumes avaient ri ! Carmélie l’avare, giflée par la réalité ! C’était devenu un air qu’on chantonnait dans les rues : «Si avoine et blé tu vends, sur l’or tu t’casseras les dents ; écus, florins ou diamant, nul ne peut manger l’argent ! ».
Le drame de Carmélie est le quotidien d’Eldarya. Sur Eldarya, nul ne peut manger l’argent, mais il n’est pas davantage possible se nourrir de cirses, de poisson ou de blé. Oh, il est aisé d’y croire ! Le goût vous enrobe la langue, vous en sentez le poids dans l’estomac, et c’est avec un sourire repu que vous quittez la table. Terrible naïveté ! Dans l’heure qui suit, la faim gronde de nouveau dans vos entrailles ; à votre prochaine visite aux latrines, c’est une bouillie acide qui vous brûle le fondement quand elle sort.
Nevra se demande ce qu’ont ressenti les premières Fées, en arrivant sur leur terre promise, lorsqu’elles tentèrent d’en manger le fruit et comprirent qu’elles ne pourraient couper le cordon qui les reliaient à la Terre.
Il fait naître une flamme dans le creux de sa paume, laisse fondre une petite flaque de cire sur le papier et y appose son sceau personnel. La lettre, une fois cachetée, va grossir la pile au coin de son bureau.
Eldarya survit en volant sa pitance à la planète qu’elle a fuie, comme une adulte forcée de revenir téter le sein maternel. Les Fées haïssent cette vérité. Manger, sur Eldarya, est à la fois une nécessité et une soumission. Ici, les banquets sont une faute de goût.
De sa main enflammée, Nevra saisit la pomme qui se trouvait dans sa ration de la journée.
— Pour la gloire des dieux, murmure-t-il alors que, sous son regard presque tendre, la chair pâle qui aurait nourri un gardien tombe en cendres.
Nevra ne mange pas mais la frénésie des gardiens affamés l’impressionne. Y a-t-il meilleure illustration du désir qu’a la vie de se préserver, envers et contre tout ? L’énergie fiévreuse qui suinte d’Eel est comme un chant qui loue l’existence. Les gardiens, à leur façon, sacrifient eux aussi aux dieux qui créèrent l’univers, songe-t-il non sans fierté.
Quand il quitte son bureau, c’est avec une tendresse paternaliste pour les faéliens empressés qui parcourent les couloirs.
— Tu es de bonne humeur, constate Eweleïn en le voyant entrer dans l’infirmerie.
— Comment ne pas l’être quand je viens te voir ?
Eweleïn ignore sa réponse. Elle est aussi belle qu’ennuyeuse, la grande elfe aux sourires polis : portée à la tête des soigneurs par son altruisme et sa compétence, elle ne dissimule sous son teint neigeux ni grandes ambitions, ni insécurités dévorantes. Eweleïn est une perfection neutre, un tableau peint par un élève à la technique parfaite et à la créativité inexistante.
— J’apporte des nouvelles, dit Nevra en s’approchant.
A voix basse, il poursuit :
— Le jugement a été rendu.
— Darius ?…
— Il est bien coupable du vol. Nous avons épargné Mery car ce n’est qu’un enfant, mais depuis, les vols ont augmenté. Miiko a décidé de faire de Darius un exemple.
— Quand tu parles d’un exemple, qu’entends-tu ?
Elle s’est figée comme dans l’attente d’un coup. Tremblera-t-elle sous le choc ou l’absorbera-t-elle sans rien en dévoiler ? Darius est un homme auquel on ne peut que s’attacher ; c’est ce qui fait de lui une si bonne Ombre.
Faisait, corrige Nevra.
— Darius aide des criminels à voler les réserves de la Garde. Son châtiment doit être à la hauteur de sa trahison... Il sera exécuté ce dissabte. Tu dois t’assurer qu’il reste endormi d’ici là. L’Obsidienne détachera deux gardiens pour assurer une surveillance continue.
Eweleïn ferme les yeux, prend une longue inspiration. Nevra boit sa souffrance du regard. Comme il est fascinant que ces mortels, qui acceptent docilement d’être emportés par le grand âge, supportent si mal l’idée de perdre une fraction de leur courte vie !
— Je vois, dit Eweleïn. Nevra, sans vouloir t’offenser, je te sais occupé… Pourquoi es-tu venu en personne ?
— Miiko préfère que la nouvelle ne s’ébruite pas avant l’annonce officielle. De toute façon, je comptais passer à l’infirmerie. On m’a dit qu’elle ne s’était toujours pas réveillée ?
Eweleïn semble sortir de son chagrin ; les deux gardiens se tournent à l’unisson vers les paravents bleus au fond de la pièce, où, Nevra le sait, repose le dernier mystère en date d’Eel.
— Non, elle est encore dans le coma. Ezarel passe ses soirées entre l’infirmerie et son laboratoire, il trouve son cas fascinant. Elle était en bonne santé à son arrivée, ses tests sanguins sont normaux, elle semble tolérer la nourriture qu’on lui donne… Et pourtant, c’est comme si elle avait été empoisonnée. On croirait qu’elle rejette…
— Qu’elle rejette... ? l’encourage Nevra.
— Eh bien, c’est absurde, j’en ai conscience, mais… on croirait presque qu’elle rejette Eldarya.* * *
— Nevra !
Le fameux demi-sourire de Nevra s’empare de ses lèvres. Il connaît cette voix, oh oui, il la connaît bien…
Quand il se retourne, Oëlia est là.
— Nevra, reprend-elle avec précipitation, je voulais vous prévenir, on vient de recevoir le rapport de…
— Du calme. Est-ce que quelqu’un est mort ?
— Non ! s’exclame la faélienne.
— Mourant ? Blessé ? Malade ? égrène-t-il.
Elle secoue la tête à chaque hypothèse.
— Y a-t-il eu un autre vol ?
— Non, ce n’est pas ça mais…
— Alors ça peut attendre, ronronne-t-il en réduisant la distance entre eux.
Il saisit le menton de sa subordonnée et lui relève la tête d’un doigt.
— Comment va mon elfe préférée ?
Oëlia rougit.
Nevra l’adore. Elle est sa dernière lubie. Avec ses cheveux bruns et ses yeux verts, Oëlia est une représentante parfaite de son peuple, les Elfes des Bois, ceux qu’on appelle parfois les Bois-Elfes. Tous ont ce coloris.
Il n’en a pas toujours été ainsi. Au fil des siècles, les arbres ont peu à peu adopté les Elfes des Bois, à moins que ce ne soit les Elfes qui se soient pressés contre leurs troncs jusqu’à ne faire plus qu’un avec eux. A présent, leurs yeux ont la couleur du feuillage et quiconque voit leurs chevelures du coin de l’œil croit distinguer l’écorce d’un jeune chêne.
Oëlia est petite et menue, comme tous les Bois-Elfes, et comme presque tous ceux qui ont intégré la Garde d’Eel, elle est sous les ordres de Nevra. Ezarel a peut-être trois Bois-Elfes dans sa division, Valkyon aucun ; Nevra en compte vingt-deux. Il les accumule comme un gosse empile ses jouets. Ils lui plaisent, les Elfes des Bois : ils sont si semblables par la taille et les couleurs qu’en les alignant, on dirait une parfaite armée de soldats mécaniques. Nevra en veut quarante-neuf, sept fois sept rangées. L’idée l’attire. Il y a une beauté dans la combinaison de nombres premiers, une harmonie mathématique qui lui rappelle les lois fondamentales de l’univers.
Cela lui plaît.
— C’est le détaché Arthur, soupire Oëlia entre deux baisers aussi légers qu’une brise. C’est son rapport, cousin Naë vient de le recevoir, ils ont… Ah… (Nevra a glissé ses lèvres sur son cou doré.) Ils ont trouvé le fragment du Saint Cristal, vous aviez raison, c’est la tribu des Kharts qui l’avait, c’est Skri qui a vaincu leur champion, elle a gagné le fragment… Arthur dit que… Ah… Qu’ils seront revenus avant la Nuit Obscure, qu’on va pouvoir rattacher le fragment à temps…
— Parfait, dit Nevra d’un voix rauque. Tu as bien fait de venir me trouver.
Il hume une dernière fois son parfum de sève et s’écarte pour la contempler.
Ils sont seuls dans le couloir, seuls avec les ombres que quelques lanternes tentent de repousser de leur lueur orangée.
Oëlia l’observe avec la dévotion d’une fidèle. C’est inhabituel. Les mortels, voyez-vous, connaissent bien mal les vampires : ils ne savent pas que son espèce est immortelle, que les corps sont des déguisements qu’ils enfilent et ôtent à leur guise, ou encore qu’ils sont faits de magie. Ils les confondent même avec les mordus : c’est dire l’étendue de leur ignorance ! Et pourtant cette Bois-Elfe avec son instinct infaillible a deviné qu’il était bien plus que ce qu’il prétendait.
Oëlia a deviné l’enfant des Dieux en lui.
C’est pour ça qu’il l’a prise pour amante. Peu de femmes, dans la Garde d’Eel, peuvent se vanter d’avoir réchauffé le lit de Nevra plus d’une fois : Oëlia a rejoint cette catégorie enviée, aux côtés d’autres telles qu’Alajéa, Skri ou — fait moins connu — la froide Hélène. Oëlia n’est pourtant ni superbe, ni brillante, ni même spécialement farouche, mais quelque chose au fond d’elle sait.
Miiko a été claire en l’accueillant dans la Garde : il ne devra jamais, sous aucun prétexte, transformer un Gardien en mordu. En vampire, a-t-elle dit, mais Miiko ignore la différence entre un vampire et un mordu.
Leur dictatrice a été formelle. Il sera chassé s’il ose.
Le cou d’Oëlia l’attire comme la flamme attire le papillon. Nevra a toujours aimé le danger.
Quand il l’embrasse à nouveau, elle se presse contre lui en gémissant et pendant une seconde, il pense toucher du doigt ce que c’est que d’être un dieu.* * *
Darius est mort ce soir.
Il s’est tortillé sous la lumière chaude du plus beau crépuscule qu’ils ont eu cette saison, comme une grosse carpe dorée surprise de se trouver soudain à court de souffle. Quelques gamins bravaches sont allés piquer son cadavre de leurs bâtons, d’abord prudemment, puis avec plus de hardiesse en constatant que les gardiens ne les réprimandaient pas. Darius s’est balancé à gauche, à droite, en un pendule macabre qui a fait la joie des garçonnets.
Mery et sa mère n’ont pas assisté à l’exécution. Eweleïn non plus.
Nevra a abandonné ses airs fantasques et murmuré une prière. Le spectacle de la mort le met mal à l’aise. Seule la magie est pérenne ; seul l’univers auquel elle a donné naissance est capable de traverser les âges. Les vampires sont une incarnation de la magie, témoins du début des temps et uniques créatures appelées à observer le passage des millénaires.
En dehors de la magie, tout est passager. Les saisons, les océans, les étoiles elles-mêmes… et les Fées.
Que les choses passent, Nevra le comprend tout à fait. Sans ce renouveau perpétuel, son peuple immortel dépérirait d’ennui. L’univers stagnerait, flétrirait comme une fleur sous un soleil trop ardent ; bien vite, il n’en resterait que des cendres.
Mais les êtres… Cela, il le comprend moins. Que des créatures conscientes soient soumises au même sort le perturbe plus qu’il n’ose l’admettre.
— Puisse ta magie nourrir ce monde comme tes chairs nourriront tes compagnons. Je dédie ta mort aux dieux qui te donnèrent la vie, a-t-il répété pendant que Darius s’éteignait.
C’est parce qu’elle le met mal à l’aise que la mort le fascine. Il y a là quelque chose que Nevra ne comprend pas. Indubitablement, les dieux ont voulu que les mortels soient mortels : pourquoi, sinon, n’auraient-ils laissé l’immortalité qu’aux vampires, leurs enfants ? Cela doit être bon ; cela doit être juste. Si Nevra sent cette vague nausée lui fouailler les entrailles, la faute ne peut être que sienne…
Et pourtant il doute. Fils ingrat ! Ne peut-il accepter la loi des dieux ? Il est vampire, roi parmi les rois ; la magie pèse sur son front comme une couronne. Eel est un plateau sur lequel il joue à la vie comme d’autres jouent aux dés. Il pourrait savourer le privilège de son existence et se contenter de louer les dieux… Mais quoiqu’il essaie, il n’y parvient pas.
Nevra masse ses tempes douloureuses. Il essaie. Est-ce sa faute si la Question lui martèle parfois le crâne si fort qu’il craint de se briser ?
>> Merci d'avoir lu !
Dernière modification par Lillion (Le 19-05-2021 à 10h22)
[Nevra] - Chapitre 2 en ligne
« C’est absurde, j’en ai conscience, mais… on croirait presque qu’elle rejette Eldarya. »

« C’est absurde, j’en ai conscience, mais… on croirait presque qu’elle rejette Eldarya. »
