
Gardiennes, Gardiens, bienvenue sur cette fanfiction.

Cela fait quelques années maintenant qu'Erika vit à Eldarya.
Et Nevra est devenu une constante dans sa vie.
Désormais familière avec ce nouveau monde et avec la nature de son compagnon,
il lui arrive parfois encore de redécouvrir les différences culturelles qui les définissent.

A tous les enfants d'Eldarya, avant de poster un message :
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Celles-eux qui veulent se souvenir que Nevra n'est pas humain.

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--> Jeudi 08 Mai

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>> Chapitre 1 : La Science-Fiction
Le chapitre
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La chambre était faiblement éclairée, la seule source de lumière étant une douce lueur ambrée qui projetait de longues ombres paresseuses à travers la pièce, enveloppant les murs de chaleur en se reflétant doucement dans les mèches ébènes des cheveux de Nevra. Dehors, le vent murmurait contre les vitres du QG, et à l’intérieur, sous les draps soyeux, Erika était blottie contre le vampire, un livre tenu entre leurs mains. Ils étaient encore en retard dans leur lecture, le club se réunissant à la fin de la semaine. Les missions de Nevra s’étaient enchaînées sans relâche ces derniers temps, exigeant des nuits tardives et des retours imprévisibles. Il lui avait proposé, plus d’une fois, de lire seule en avance. Mais, pour être honnête, elle adorait leurs moments lecture : être lovée sous la même couverture, son épaule frôlant son torse, son bras à lui paresseusement posé autour d’elle pendant qu’ils lisaient, discuter de l’intrigue, être en désaccord sur les personnages, rire des métaphores maladroites. Cette intimité, tranquille et rassurante, était devenu l’un de ses rituels préférés.
« Donc… Ils sont dans l’espace ? » Demanda Nevra, clignant des yeux devant la page comme s’il tentait de déchiffrer ce décor d’un autre monde.
« Oui. » Répondit-elle en tournant une autre page avec précaution. « Sur une sorte de bateau spatial appelé Noé12. »
« Et le bateau parle ? »
« Oui. » Dit-elle, essayant de ne pas sourire face à sa perplexité. Elle pouvait presque voir le scepticisme sur son visage avant qu’il ne reprenne.
« Tss, les humains. Les bateaux ne parlent pas. »
« C’est l’IA. » Expliqua-t-elle en se redressant contre la tête de lit.
« C’est quoi une IA ? Ils n’arrêtent pas d’en parler, mais je ne comprends pas. »
« IA signifie Intelligence Artificielle. » Commença Erika d’un ton patient.
« Comme Chrome ? » Lança immédiatement Nevra, le coin des lèvres frémissant d’amusement. Elle lui donne un léger coup de coude, son expression légèrement réprobatrice.
« Dis pas de méchancetés sur lui. Tu l’aimes bien. »
Nevra s’éclaircit la gorge, comme pour esquiver le sujet, et la laissa reprendre son explication.
« C’est un… » Elle s’interrompit en se mordant la lèvre. Nevra ne savait pas ce qu’était un ordinateur. Même pas un téléphone. Le mot technologie était pour lui aussi lointain qu’une étoile. Il attendait patiemment. Elle sentait la pression de trouver une métaphore qui fonctionnerait. Quelque chose de tangible pour lui.
« C’est comme un bébé créé par des humains. » Dit-elle, puis elle grimaça, réalisant combien ses mots semblaient étranges.
« Oh oui, parce que les humains ne font pas de bébés. » Répliqua Nevra du tac au tac, un sourire en coin.
« Ce que je veux dire, … . C’est un autre genre de bébé. » Tenta-t-elle de se rattraper.
« Ok. De quel genre on parle ? » Demanda-t-il quelque peu sceptique.
« Du genre qui ne fait que … péter, caca, pleurer. » Enumèra-t-elle. Nevra cligna des yeux. Tant de perches se tendaient vers lui.
« Non ?! » Fit-il presque hilare à cette révélation. Presque.
Elle claqua la langue et lui lança un regard acéré.
« Ecoute-moi au lieu de faire des blagues ! Bon, ce bébé n’est pas… il… hum… » Et là, plus rien, sa pensée dérailla complètement. Elle avait perdu le fil de sa métaphore. Elle secoua la tête pour se changer les idées. « D’accord, c’est comme… comme une page blanche. » Tenta-t-elle à nouveau, cherchant une meilleure analogie. « Tu écris des mots dessus. Et puis la page blanche apprend à écrire les mots toute seule. »
Nevra sembla réfléchir un instant.
« Ca a l’air pratique. »
« Ca l’est. »
« Ce serait bien pour les rapports. Chrome fait toujours des pâtés sur les parchemins. »
« Je… euh… »
« Et les notes de travail de Valkyon sont affreuses. » Ajouta-t-il pensivement, visiblement en train d’adapter l’idée à sa vie quotidienne.
« Hum… »
« Mais la page – ou la couche – n’est-elle pas pleine à un moment ? » Demanda-t-il, fronçant les sourcils avec un sérieux qui trahissait une réelle préoccupation pour ce concept abstrait.
« Oublie le bébé. » Lâcha Erika, se massant l’arrête du nez. Cette comparaison était vraiment mauvaise.
Le silence retomba entre eux, seulement troublé par le bruissement des pages et leur respiration. Puis, juste quand elle pensait qu’il en avait fini.
« Donc le bateau fait caca ? » Demanda Nevra, les yeux grands ouverts d’une innocence toute feinte. Ses lèvres trahissant le sourire qu’il essayait de cacher. Elle le fusilla du regard et il leva les mains en exagérant un geste de reddition plein d’amusement.
Extra chapitre 1
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« Bienvenue à notre réunion mensuelle du club de lecture ! Je vous remercie d’être aussi nombreux à assister à la réunion de ce mois-ci, votre investissement fait plaisir à voir ! » annonça joyeusement Ykhar, debout au milieu de la salle commune, une pile de notes à la main.
Le soleil de fin d’après-midi filtrait par les hautes fenêtres, projetant de longs rayons sur des coussins dépareillés et le cercle de fauteuils usés que le club avait aménagé dans un coin de la bibliothèque.
« Cette semaine, nous avons lu Noé, Arche de l’espace » dit-elle, une lueur de fierté dans la voix. « Cette œuvre appartient au genre de la science-fiction, qui imagine les possibles futurs de l’humanité. Bien que celle-ci soit devenue un léger fourre-tout entre fantastique, fantasy et science-fiction dans les sens originaux des termes, mais je digresse. Ici, nous parlons donc bien de science-fiction, un récit reposant sur la logique rationnelle où nous nous projetons dans un univers scientifique ou technologique. Ce qui est très différent du fantastique qui … » Déblatérait la brownie avec passion et énergie bien que la moitié du groupe la regardât l’air ahuri en clignant des yeux et l’autre moitié ne l’écoutait pas du tout.
Erika hochait la tête, assez impressionnée par ses connaissances en la matière. D’autant que la science-fiction était un concept extrêmement abstrait pour les Faeries. Nevra avait fini par abandonner mais Erika avait bien aimé l’œuvre. « … J’espère que vous avez tous apprécié vos sessions de lecture. Nous allons maintenant partager nos impressions sur le livre. » Termina Ykhar. A sa grande surprise, elle eut à peine le temps de balayer le groupe du regard qu’une grande main se leva. « Oui, Jamòn ? Tu veux commencer ? ».
« Jamòn pas compris le livre. » Déclara simplement l’ogre, sa voix profonde résonnant dans la pièce.
La lapine cligna des yeux, prise au dépourvu.
« Oh, je suis désolée, Jamòn. C’était à cause de l’intrigue ? » demanda-t-elle, le front plissé avec sympathie. Il regarda autour de lui, comme s’il cherchait du soutien.
« L’intrigue, les mots, les personnages… » vint Chrome à la rescousse. « Erika m’a dit que Noé12 est un bateau. Qui parle. »
« Oui ! C’est fou, non ? » s’écria Ykhar, essayant d’y mettre de l’entrain.
« Les humains ont juste abandonné dans ce livre. » marmonna Ezarel enfoncé dans son fauteuil, les bras croisés.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Erika qui voyait une insulte poindre le bout de son nez.
« Ils n’ont même pas de noms. HU5, TEC7, DEF9… Le vrai mystère, c’est : où sont passés HU1, 2, 3, 4 ? » lança-t-il d’un ton sec.
« C’est une très bonne question, mais ce n’est pas le propos du livre », répondit Ykhar, fronçant les sourcils.
« Le bateau a un nom mais pas les humains. »
« Je n’ai pas compris comment TEC7 peut sourire avec son ventre. » coupa Alajéa, la voix intriguée. « Il attrape sa graisse pour parler genre ‘Bonjour, je m’appelle Alajéa !’ » dit-elle en attrapant son propre ventre pour mimer l’action. Ykhar ferma brièvement les yeux et inspira profondément.
« Ah oui, pendant qu’on y est : une fois n’est pas coutume, je suis d’accord avec Alajéa. On a une chance folle que les parents d’Erika l’aient formée normalement. Comment TEC7 peut avoir un visage sur le ventre ? Ils mettent les parties du corps n’importe où tant que ça marche pendant la gestation ? »
« T’es sérieux là ? » s’offusqua Erika d’un bond sur sa chaise.
« Non. Ils ne font pas ça. » insista Ykhar, la voix lasse.
« Désolé, mais c’est ce qui est écrit dans le livre. » répliqua l’elfe avec assurance.
« C’est vrai. C’est écrit. » ajouta Alajéa, voulant aider – ou pas.
« Non, ce n’est pas ce qui est écrit ! » s’énerva Erika.
Ezarel leva un sourcil, déjà en train de feuilleter rageusement. « Ah si. Attends. Je vais te retrouver ça. »
« Je crois que vous n’avez pas compris le livre. » dit Alajéa avec douceur.
« J’ai parfaitement compris le livre ! » firent simultanément Erika et Ykhar.
Leiftan, d’un calme égal à lui-même, feuilletait son exemplaire du livre, s’arrêtant de temps en temps. Finalement, le lorialet leva les yeux.
« C’est quoi un … THPI ? » demanda-t-il.
« Sûrement un autre humain. » marmonna Ezarel.
Ne connaissant pas la réponse, Ykhar se tourna vers Erika avec espoir.
« Très Haut Potentiel Intellectuel », répondit rapidement Erika.
« C’est quoi ça ? » demanda Karenn en enroulant une mèche de cheveux autour de son doigt.
« Ce sont des humains dont les capacités cognitives dépassent la norme humaine », expliqua Erika. « Ils sont plus intelligents, mais aussi plus submergés par leur environnement. »
« Très triste pour eux », dit Ezarel avec un sérieux parfait.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Erika, les yeux plissés.
« Ils ont le potentiel mais pas les capacités », dit-il avec un sourire cynique.
« C’est drôle, c’est ce que ton rencard de l’autre soir a dit de toi », répliqua Erika du tac-au-tac. Chrome et Nevra étouffèrent leurs rires.
Le souffle offensé d’Ezarel aurait pu renverser une étagère. Il se replongea furieusement dans son livre.
« Etait-ce vraiment nécessaire ? » demanda calmement Valkyon.
« Désolée », marmonna Erika, sans vraiment sembler le penser.
« Bien que j’ai apprécié ses capacités guerrières, je n’ai pas compris la partie où DEF9 se divise », avoua le chef de l’Obsidienne, pensif.
« N’est-ce pas comme ça que les humains se reproduisent ? » demanda Purral, qui était apparu de nulle part, affalé sur l’accoudoir avec une tasse de lait fumant.
« Non, les humains font des bébés. Et qu’est-ce que tu fais ici ?! » s’énerva Ezarel.
« Quoi ? Un Purreko ne peut pas apprécier la littérature ? » dit le marchand avec innocence. Tous les membres du groupe levèrent un sourcil sceptique.
Soudain, Nevra claqua des doigts bruyamment, interrompant le chaos.
« C’est ça que tu voulais dire par bébés créés par les humains ! » s’exclama-t-il, les yeux brillants en se tournant vers Erika. « Ils font de la mitose ! »
Erika resta bouche bée, elle n’avait aucune idée de ce que pouvait être la mitose.
« Euuuuh … non ? » dit-elle, visiblement perdue, en lançant un regard implorant à Ykhar.
« Si ! C’est ton explication sur les IA, non ? Avec le bébé qui fait caca et les rapports qui se remplissent tout seuls ! » poursuivit le vampire.
« Je … Non … je n’ai pas … » bredouilla-t-elle.
« Si c’est comme ça qu’ils se remplissent ; en mettant n’importe quoi, n’importe où pour peu qu’il y ait de la place, ce n’est pas très différent des torchons habituels de Chrome. » conclut-il.
Chrome ouvrit de grands yeux choqués. « Hé ! » protesta-t-il, surtout par principe.
« Ah ! Trouvé ! » s’écria triomphalement Ezarel, en pointant une page du doigt. « Tu vois, Erika ? Tu n’as pas compris le livre. C’est écrit qu’il a un visage sur le ventre. »
« TEC7 n’est pas humain, Ezarel ! » hurla Erika en brandissant son livre.
« Calme-toi. Franchement, quelle mauvaise foi », souffla l’elfe en se tournant vers Alajéa, qui hocha gravement la tête.
Ykhar s’effondra dans son fauteuil et laissa tomber ses papiers dans un bruit sourd. Elle n’en pouvait plus.
« Concluons cette réunion par la décision commune qu’on ne lira plus jamais de science-fiction dans ce club de lecture », dit-elle en se frottant la tempe.
« Ykhar pas avoir donné livre pour le mois prochain. » fit remarquer Jamòn.
« Lisez ce que vous voulez. J’ai besoin de repos » conclut la brownie.
Tous se levèrent et sortirent de la bibliothèque en poursuivant leurs conversations. Elle fut enfin tranquille. Puis elle vit Valkyon rester en arrière, l’air dubitatif. Elle l’observa du coin de l’œil.
« Tu as besoin de quelque chose ? » Offrit-elle, déjà fatiguée à l’idée d’entendre la suite.
« Je ne sais toujours pas comment DEF9 s’est divisé en deux. » Marmonna-t-il.
>> Chapitre 2 : Dans les bras de Morphée 

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Un gémissement sourd s’échappa des lèvres d’Erika alors que sa conscience s’éveillait. Son corps bougea sous les couvertures, ses membres emmêlés dans une fraîcheur envoûtante et une fatigue persistante. Elle bâilla longuement, les yeux encore fermés. Quelle heure était-il ? Il y avait un silence de mort et l’obscurité qui enveloppait la pièce lui indiquait qu’il faisait encore nuit noire.
Elle tendit la main instinctivement vers lui.
Ses doigts ne rencontrèrent que le tissu froid des draps.
Etait-il parti ? Ce ne serait pas inhabituel. Nevra, après tout, n’était pas étranger aux errances nocturnes. Pourtant, une pointe de déception lui serra le cœur. Elle roula de l’autre côté du lit, pour sentir une forme solide étendue là.
Il était toujours là.
Un faible sourire étira ses lèvres tandis qu’elle se rapprochait, se lovant contre le parfum familier de bois ambré et de pomme. Elle laissa son bras glisser sur son torse.
Mais il ne bougea pas.
Pas du tout.
Même pas un souffle léger. Juste de l’immobilité : parfaite, absolue, anormalement figée.
Son cœur s’accéléra.
Elle se redressa légèrement, scrutant son visage dans l’obscurité, les contours à peine visibles dans le mince rayon de lune filtrant par la fenêtre.
Il était allongé sur le dos, de façon rigide, les bras le long du corps, la tête légèrement tournée vers le plafond.
Qui dort comme ça ?
Un frisson lui parcourut l’échine, sa gorge se serra.
Le problème avec la peau des vampires, c’est qu’elle est toujours froide. Le froid de leur sang. Un froid sans vie, pour un humain. Et il avait l’air si parfaitement immobile ; comme une sculpture, une parodie de ce qui n’est pas tout à fait vivant.
Sa respiration se bloqua. Etait-ce simplement le sommeil ? Ou …
« Nevra ? » murmura-t-elle, la voix tremblante d’inquiétude.
Aucune réaction.
Avalant sa salive avec difficulté, Erika se pencha et posa un baiser sur sa joue, désespérée de provoquer un signe de vie.
Rien.
Sa poitrine se serra. L’angoisse se répandit en elle comme de l’eau glacée.
D’accord, d’accord. Reste calme. Ne panique pas. Il faut juste… juste vérifier.
D’une main tremblante, elle appuya sa paume contre son torse, par-dessus le tissu tendu de son maillot de corps.
Y avait-il un battement ? Quelque chose ? N’importe quoi ?
« Nevra ? » répéta-t-elle, la voix vibrante. Sa main glissa sur son flanc, le pinçant doucement ; juste assez pour réveiller quelqu’un, espérait-elle.
« Nevra, réveille-toi », dit-elle, la voix brisée, la panique imprégnant chaque mot.
Des larmes lui montèrent aux yeux alors qu’elle se rapprochait, décidée à garder son sang-froid. Elle pouvait le faire. Elle devait juste vérifier s’il respirait. Pourquoi n’avait-elle pas commencé par-là ? Elle glissa son doigt tremblant sous le nez du vampire, tel une moustache, pour vérifier s’il y avait le moindre souffle de vie.
Une voix froide trancha soudain dans l’obscurité.
« Qu’est-ce que tu fais ? »
Erika se redressa d’un bond, le souffle coupé, manquant de hurler en croisant un œil de prédateur brillant dans l’ombre, à demi-fermé, à demi-amusé.
Sa main vola à sa poitrine, là où son cœur battait comme s’il voulait briser ses côtes. Elle expira violemment.
« Je… » souffla-t-elle, la voix encore secouée par la panique. Comment expliquer qu’elle venait juste de vérifier s’il était encore vivant ?
Nevra grogna faiblement, interprétant sa tension complètement de travers.
« A cette heure-ci ? » marmonna-t-il, la voix plus grave encore de sommeil. « J’ai besoin de dormir aussi, tu sais ? »
« Quoi ? »
« Quoi ? »
« Non. » dit-elle rapidement, réalisant soudain. « J’ai cru que tu étais mort. »
Un silence.
Puis un ricanement bas et moqueur s’éleva dans l’obscurité. Elle fusilla l’éclat de son œil du regard et lui tapa le bras, pas fort, juste assez pour montrer son indignation.
« Je suis sérieuse ! Tu ne bougeais pas, tu ne respirais pas, e-et… » Sa voix se brisa. « Oui, tu étais super rigide ! »
Il répondit d’un ton plat : « Je dormais. »
« Ce n’est pas comme ça que les gens dorment, » répliqua-t-elle.
« Et comment les gens dorment-il ? » demanda-t-il, ironique.
« Ils bougent. Et ils ronflent ! » énuméra-t-elle, excédée.
« Deux choses que tu ne manques jamais de me rappeler. »
Ses yeux se plissèrent. « Qu’est-ce que tu insinues ? »
« Que tu me rappelles chaque seconde de la nuit que tu es bien en vie. »
Elle cligna des yeux, stupéfaite.
« Je ne ronfle pas, » déclara-t-elle, catégorique.
« Oh que si. Même les mugissements des vaches ne sont pas aussi bruyants. »
Elle eut un hoquet d’indignation. « Pardon ?! »
« Oh, je t’ai déjà pardonnée depuis longtemps, » répondit-il nonchalamment.
« Je ne ronfle pas, et je ne bouge pas non plus, d’ailleurs ! » insista-t-elle, outrée.
« Oh si, tu ronfles, ma chère. Tu te bats plus fort dans ton sommeil que pendant l’entraînement. Et quand la nuit semble calme… » Il s’interrompit, un sourire audible dans sa voix. « Tu me rends fier. Tu as une telle détermination à voler les couvertures. Tu pourrais mettre ce talent à profit dans l’Ombre. »
Elle lui lança un regard d’offense théâtrale, ce qui ne fit que redoubler son amusement. Son sourire, invisible mais profondément ressenti, emplit l’espace entre eux.
Dans un soupir exagéré, elle se laissa retomber à côté de lui, tirant une bonne part de la couverture pour elle.
« Bonne nuit, » grogna-t-elle. « Et débrouille-toi tout seul la prochaine fois que tu sembles mort. »
« Tu veux dire la prochaine fois que je dors ? »
« Oh, tais-toi. »
Nevra ricana doucement, un rire sifflé qui vibra dans sa poitrine alors qu’il passait un bras autour de la taille d’Erika et la rapprochait de lui. Elle se laissa faire, tandis qu’il embrassait sa tempe. Son cœur battait encore fort, mais l’angoisse s’était dissipée, remplacée par le réconfort familier et stable de sa présence.
Peut-être qu’elle ronflait un peu, après tout.
Dernière modification par Lyscoris (Hier à 23h28)